Le silence laisse la place au bruit du billet. Ben est songeur, puis soudainement, sur un ton assuré et direct, reprend du poil de la bête.
- Je peux te proposer 2000 euros dès ce soir.
- Quoi? Tu te fous de ma gueule? lâche le jeune intéressé.
Les yeux du jeune homme s'écarquillent. Surprise, Rachel se retourne, étonnée, vers son frangin à terre.
- Oui, mais c'est pour un contrat à exécuter ce soir.
En guise de conclusion une goutte d'eau vient de tomber du plafond dans le seau jaune.
Jimmy, a contrario, se dit aussi que le blanc s'oppose au noir, qu'en synthèse additive il est le mélange équilibré des trois couleurs primaires. Une couleur se doit d'apporter de la vie, de l'humain, le blanc lui est vide, creux sans fondement.
La musique s’arrête. La consigne des fachos est claire. Ne plus bouger, Théo, concentré, s’immobilise, mais Sara, elle, avec sa chemise ample blanche continue à tourner, elle s’en fout, elle ne supporte pas les ordres, les limites Puis, en l’espace d’un millième de seconde, elle se lance sur Franck et, avec sa bouche, agrippe son bras et tel un pitbull, mord de toutes les forces qui lui restent. L’homme hurle. Elle y met toute sa haine, toute sa rage intérieure. Du sang commence à gicler. Hans a du mal à réaliser ce que la fille est en train d’oser faire à son frère jumeau.
En ce moment, côté boulot, c’est tendu pour Alban. Depuis quelques mois, il n’a aucune place pour sa vie privée. Il travaille dans la police, et dirige la brigade spécialisée sur les trafics et recels dans le monde de l’Art. Ce département toulousain, qui dépend de l’Office central parisien de lutte contre le trafic de biens culturels, exerce dans la répression, la prévention, la formation, la coopération internationale. En cette fin d’année, les affaires d’enchaînent, la pression est forte.
C’est un sentiment de colère qui domine chez le commissaire. Ça bouillonne ! l’erreur de l’administration pénitentiaire est prouvée. Sans discussion. La valeur d’exemplarité de la fonction publique, qui leur est di chère, a disparu ici en quelques heures. Une honte ! Ça a touché ses valeurs. Le manque de professionnalisme, l’incompétence ! un mélange de haine et de tristesse le prend aux tripes.
Le clapotis du Cérou émerge du silence ambiant, au-dessus, un vol de corneilles ombre silencieusement le ciel...Jimmy se redresse péniblement. Du blanc est posé sur ses cheveux bouclés, ses sourcils ont blanchi, comme s'il venait de prendre dix ans de plus en l'espace de dix secondes. Sur la neige, à l'emplacement où il s'était effondré, l'empreinte de son corps écartelé apparaît, comme une croix.
Dans la vie, on avance. Avec des paquets de mouchoirs, mais on avance. Comment continuer quand le traumatisme barre le chemin de votre vie ?
Jimmy réfléchit. Et si Balthazar était le diable… De San Francisco à Toulouse, de Luminy à l’Ariège, il est partout, tellement impalpable. Balthazar a pris le dessus sur Jimmy, il donne ses directives, ordonne, contrôle, manipule, apparaît, disparaît. Il se montre, se cache, se recroqueville. Il est le maître. A croire que lui seul décidera de la destinée du peintre.
La violence, c'est la réponse extrême de l'incompris. Le recours à la violence vient toujours signer une souffrance.
Dans la vie, vous savez, on ne maîtrise rien. On croit contrôler nos heures, nos minutes, nos secondes, mais il n'en est rien. Pour se rassurer, on se dit que l'on a la clef de notre chemin, qu'on peut pouvoir planifier notre destin. Mais ce n'est que du vent!