Auteur de polar et gendarmerie, une étroite collaboration pour rendre le récit le plus réel possible (reportage posté le 30 mars 2022, France 3 Hauts-de-France)
Sans se préoccuper des conséquences, avec une application froide et méticuleuse, l’homme plongea sa seringue dans un flacon en verre et la remplit une nouvelle fois du vitriol. Il lui injecta la solution dans l’œil droit à travers sa paupière. Elle se débattit de toutes ses forces, mais n’obtint d’autre résultat que de se vriller le crâne dans son casque de torture. Elle ne sentit même pas cette douleur complémentaire, bien légère en comparaison des effets dévastateurs de l’acide dans ses globes oculaires.
Mais ce matin-là n’était pas comme tous les autres. Il ne réussit pas à isoler le vacarme dans sa tête. Il se redressa vivement, lança son oreiller de rage et cogna son poing sans retenue contre le mur. Les douleurs dans sa main supplantèrent un instant celles émanant de son cerveau. Le soulagement ne dura qu’un dérisoire instant. Il hurla et cogna une deuxième fois son poing de désespoir. Il s’effondra sur son matelas.
Aux abords de Guerbigny, alors que l’encre épaisse de la nuit les noyait dans le noir depuis leur départ, une lueur transperça le ciel et l’horizon. Ce halo au-dessus de leur village ne pouvait venir des quelques décorations lumineuses ornant les poteaux électriques. Ils dépassèrent le panneau d’entrée de la commune puis virent des reflets de gyrophares bleus clignoter sur les façades des riverains. Malgré l’heure, certains habitants s’inquiétaient de toute cette agitation nocturne. Lucas freina progressivement, comme pour retarder l’instant, pour mieux se préparer au pire.
Quand l'espoir s'enfuit, les forces se consument à grand feu.
Sous la hauteur impressionnante des plafonds et devant ce spectacle infini de livres renfermant tous les savoirs de l'homme moderne, il se sentit tout petit. Mais surtout bête.
L'adage qu'il se récitait alors était que la raison se compose de vérités qu'il faut dire et de vérités qu'il faut taire.
Pourquoi médiatise-t-on et se souvient-on plus des êtres ignobles qui peuples nos contrées que des personnes extraordinaires, bienfaitrices, pleine d'amour et d'humanité ? Pourquoi les livres d'histoire regorgent-ils principalement d'individus qui ont déclenchés des guerres ou instauré des dictatures ? Pourquoi parle-t-on si peu des prix Nobel de la paix en contrepartie ?
Lisa disait toujours ce qu’elle pensait, que cela plaise ou non à ses interlocuteurs. Le jour où les futurs mariés avaient acheté leur bicoque à Guerbigny à quarante minutes de route du centre animé de Compiègne, ses propos avaient été cash… « Qu’est-ce que vous allez vous encroûter là-bas ? C’est le trou du cul du monde… Et c’est à mourir d’ennui ! »
Les faits divers réveillaient toujours les foules, bien plus que les œuvres de charité ou les campagnes de dons du sang
Il y a une part d'ombre en chacun de nous qui restera inconnue de tous et parfois même de nous-mêmes.