Le bleu de Madeleine et les autres.THEATRE D'ALENCON
Se tuer d'amour est un prétexte, une fumisterie, l'amour il faut faire avec tous les jours ou renoncer.
Devoir se venger est pour lui une occupation comme n’importe quelle autre , une occupation nécessaire et vitale. Il lui faut pour cela ruminer, ratiociner, calculer. La vengeance comme mode de vie.
Quand tu manges des épinards tu te souviens des épinards de la cantine, en paquets serrés verts, un peu d'eau façon jus autour, une viande racornie à côté. Tu te souviens d'une matière filandreuse qui colle au palais, se coince entre les dents, que tu avales vite avec un grand verre d'eau. Et pas de saveur. Une couleur, ça oui, une couleur que tu ne peux pas rater, verte de verte, pourrait rendre vert de rage si la consistance n'était pas si molle. Alors vite tu oublies.
Quand c'est drôle, ça va plus vite, ça s'agite. Quand c'est triste, ça va lentement, c'est ennuyant.
Si tu ne connais pas cette pieuvre qui t’occupe la tête et le corps, te mange et te ronge, si tu ne sais pas l’énergie qu’il faut pour la chasser, tu ne peux pas comprendre. C’est comme avoir à tuer l’hydre de Lerne pour Hercule , les têtes repoussent sans cesse.
Personne ne comprend ce que font ces hommes plantés droits dans les rues, à des carrefours souvent, accrochés à des trépieds derrière lesquels ils se penchent et semblent viser on ne sait quoi, et se déplacent pas à pas.