Le couple, ce n'est pas renoncer à soi-même.
Pas étonnant que le pub tienne lieu de religion , ici : devant tant de désolation grise et humide, mieux valait être ivre pour affronter la réalité.
La vie, c'est le mouvement. L'équilibre dans le déséquilibre. Un battement d'aile à droite, un battement d'aile à gauche, et hop ! Tu t'envoles. Tu viens de casser ta bouteille de formol, joli papillon.
Décidemment, ce mec tenait du vieux chewing-gum : impossible de s'en défaire ! Mais il fallait avouer qu'il faisait un chewing-gum sacrément sexy.
Si je n'avais pas pris ce risque, j'aurais continué à glisser de jour en jour, une vie sans saveur, sans étincelle. Alors qu'Isla éclabousse mon horizon de couleurs chatoyantes et folles. Vous comprenez mademoiselle Stham? insista le vieil homme en lui saisissant le poignet. Il faut accepter de se mettre en danger pour vivre réellement!
Chaque jour qui débute est une nouvelle occasion de s'accomplir, d'avancer vers ses rêves.
- Je pourrais mourir, c'est vrai. Tout comme ta soeur, Calek, Leith, et tous les gens auxquels tu tiens. Tout peut mal tourner, en un instant. Mais c'est l'essence même de la vie, sa fragilité. Les loups ont tendances à l'oublier, parfois. Tu as l'habitude de voir tes proches prendre des risques, donc tu l'acceptes. Ne me traite pas différemment, je t'en supplie !
Asher m’attire à lui. Il referme ses bras autour de moi, son menton dans mes cheveux.
— Tu es stupéfiante, déclare-t-il. Mais si tu ignores une fois de plus un de mes ordres, je te ligote et je te traite en prisonnière. Compris ?
Un long frisson remonte le long de mon dos quand ses mains s’enroulent autour de mes poignets, qu’il bloque dans mon dos. Son souffle effleure ma joue alors qu’il se penche. Un incendie se déclenche au creux de mes reins, quand une image précise s’impose : moi, les mains prisonnières des siennes au-dessus de la tête, son corps lourd sur le mien et nos yeux aimantés l’un à l’autre, nos respirations mêlées, haletantes, et ses coups de reins profonds qui m’obligent à me mordre les lèvres pour ne pas crier de plaisir. Je secoue la tête pour dissiper cette illusion gênante.
— Ne me donne plus d’ordre, si tu veux être certain que je n’y désobéisse pas, me forcé-je à répondre. Je n’ai pas quitté Terdzik pour me soumettre à un autre alpha.
— Tu pourrais aimer te soumettre à moi, petite louve, susurre-t-il, le regard brûlant.
— Je ne crois pas, non. Tous les alphas sont tellement arrogants…
Mais au fond de moi, une petite voix murmure : en es-tu sûre ?
Leurs racines leur permettait de s'envoler sans peur, car ils savaient toujours où revenir se poser. C'était déconcertant. Al avait toujours cru que couper les ponts avec sa vie d'avant lui offrait la liberté. Elle commençait à se demander si en réalité, elle ne s'était pas perdue dans l'immensité, sans attache, si loin de tout port où s'amarrer.
— Sois une gentille fille, je ne veux qu’un baiser…, susurre-t-il en se penchant plus près. Son haleine alcoolisée envahit mes narines et ses lèvres viennent s’écraser contre les miennes. Mon sang ne fait qu’un tour. Plus jamais ! La colère balaie ma peur et la gifle part toute seule, claquant contre sa joue avec force. J’arrache mon poignet à sa prise d’un coup sec, et je me relève, déterminée à courir. Sauf que j’ai manifestement mal calculé l’effet de l’alcool sur son orgueil blessé. Il m’agrippe par le sac à dos et me déséquilibre, les yeux brillants de rage, avant de me jeter au sol.
— T’es tarée ?! éructe-t-il. J’ai vraiment la trouille. C’est alors qu’une poigne solide me relève. Des iris verts interrogent les miens. Je hoche la tête. Matt me pousse derrière lui, en sécurité, cachée par ses larges épaules, et se dresse devant le crétin.
— Dégage ! gronde-t-il d’une voix glacée. Tout de suite. Le mec en face semble décontenancé, ses yeux glissent de Matt à moi et il finit par comprendre qu’il est dans son intérêt de ficher le camp immédiatement. Il ne fait absolument pas le poids face au mètre quatre-vingt-cinq de Matt. Il abandonne, après un dernier regard haineux à mon intention, et ses potes et lui disparaissent de la plage. Matt se retourne vers moi, ses deux mains posées sur mes épaules.
— Ça va, Minus ? me demande-t-il d’une voix tendue. Je me sens un peu perdue. Le contrecoup me coupe les jambes. Matt relève mon menton d’un doigt et insiste :
— Dani ?
— Oui, ça va. Promis. C’était seulement un emmerdeur. Un emmerdeur comme il y en a tant. J’en ai tellement assez d’avoir peur ! J’ai l’impression de n’avoir connu que ça, toute mon existence. Matt repousse une de mes mèches derrière mon oreille tout en m’observant avec une attention grave. Mon angoisse s’estompe peu à peu, remplacée par une sensation très différente. Un long frisson me traverse, mais mon agresseur n’y est pour rien. C’est de la faute de Matt, comme toujours. Teint hâlé, cheveux blonds ramenés en chignon mal fichu, pommettes hautes de viking, air soucieux et barbe courte, le tout glissé dans un jean brut et une chemise aux manches retroussées n’importe comment sur un tee-shirt noir : Matt est juste canon. Mon stupide coeur s’affole dans ma poitrine et accélère comme un fou. Ma joue s’appuie contre sa paume, presque contre ma volonté. Sa chaleur me fait du bien et bouleverse toutes mes pensées. J’ai la bouche sèche.