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Critiques de Angela Davis (39)
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Femmes, race et classe

[Chronique complète sur le blog].



L’autrice aborde des faits historiques allant du dix-neuvième au vingtième siècle. Elle retrace le mouvement antiesclavagiste. Même parmi les personnes blanches qui soutenaient l’abolition de l’esclavage, les idées racistes foisonnaient. Par exemple, de nombreuses femmes blanches, qui avaient soutenu le mouvement antiesclavagiste, étaient contre le droit de vote des (hommes) noirs, puisqu’elles n’y avaient pas accès.



Après l’abolition de l’esclavage, les conditions de vie des personnes noires – et notamment des femmes noires, qui étaient évidemment pauvres – ne s’étaient pas améliorées autant qu’on pourrait le penser, étant donné que de nombreux droits leur étaient encore refusés et l’éducation leur était souvent interdite.



Le mythe du violeur noir (qui dessert à la fois ces derniers mais également les femmes noires), le mouvement des ouvriers·ères, l’éducation pour les filles noires et le travail domestique sont des sujets également abordé dans cet ouvrage (qui fait près de 300 pages, en comptant les notes). Tous ces sujets sont traités parce qu’ils sont à la croisée de plusieurs oppressions : le racisme, le sexisme et le classisme.



Un ouvrage indispensable et tout à fait accessible pour mieux comprendre et lutter efficacement contre toutes les oppressions et pour les personnes qui souhaitent soutenir l’intersectionnalité des luttes. Angela Davis est une femme intéressante, et je vous invite à l’écouter en interview (vous pouvez en trouver qui ont été traduites) ou à lire ces essais.
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Autobiographie

Autobiographie est un livre émouvant et truffé d'événements, à nous faire courir sur les pages de l'histoire d'une Amérique des années 60-70 en proie au maccarthysme! On voudrait s'arrêter un moment, et souffler un peu! Quelle femme! Quelle poigne! Quelle audace, quelle ténacité! En Angela Davis, s'incarne trois défauts qui s'apparentent presque à un délit que la société américaine de l'époque ne pouvait tolérer. Premièrement le fait qu'elle appartienne à la race opprimée étant noire, en plus, elle est femme, celle qui n'a pas froid aux yeux de lever effrontément sa tête et de dire tout haut ce que même les hommes n'osaient pas dire, enfin son dernier crime est de s'être engagée comme communiste, ça a en fait trop pour celle qui va devenir la femme la plus dangereuse et la plus recherchée, à son époque, par la FBI.

Un livre très touchant qui nous révèle la nature d'icone scrupuleusement méritée d'Angela Davis! ! Bien que les faits soient relatés avec un rythme alerte, elle nous livre son combat contre l'injustice, et ses combats contre le racisme, le mauvais traitement des ouvriers, la limitation du rôle de la femme dans les prises de décision, la liberté de penser, avec une intimité saisissante!
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Femmes, race et classe

Pendant plusieurs années, ce titre, Femmes, race et classe, m’a interpellée sur le chemin des toilettes. Angela Davis trônait dans la bibliothèque de ma sœur (en l’occurrence celle en face des WC, ceci explique cela) et, quand elle a déménagé, je me suis dit que ça ne pouvait plus rester uniquement un fantasme intellectuel. Avec Une lutte sans trêve, j’ai découvert qu’Angela Davis était finalement assez facile à lire, et surtout bougrement intéressante. Alors c’est un peu satisfaite (de moi-même et de ma lecture à venir) que j’ai abordé ce triptyque de l’intersectionnalité.



Je m’attendais à une analyse contemporaine (oui, parce que j’ai beau être passée devant le livre plusieurs fois par jour pendant un an et demi, j’avais jamais lu la quatrième de couverture). Que nenni. L’autrice s’intéresse aux femmes noires (faut-il préciser pauvres ?) et décortique les liens entre la lutte abolitionniste et les revendications féministes américaines du XIXe siècle et du début du XXe. Celles-ci, vous l’aurez peut-être présumé, étaient blanches – autant les féministes que leurs revendications. À force d’exemples et de références, on comprend que les dynamiques qui animaient l’une et l’autre luttes, articulées autour de principes moraux – si tant est qu’il existe une morale raciste – et économiques, avaient des logiques somme toute assez divergentes. Ainsi, la lutte anti-esclavagiste était rarement humaniste ; les femmes blanches pouvaient s’insurger que les hommes noirs obtiennent le droit de vote avant elles ; de pseudo-arguments de protection des femmes permettaient de justifier le lynchage des noirs, etc. Bref, la réelle convergence des luttes n’était même pas à l’état d’ébauche.



Ma culture historique et politique américaine est très (très très) limitée, j’ai donc parfois eu le sentiment d’errer entre les personnalités et les dates. Mais, même avec ce léger flottement, ce fut une lecture riche et, à mon sens, elle est essentielle pour comprendre l’articulation de luttes fondamentales et éviter les écueils d’une réécriture lustrée de l’Histoire.
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Les goulags de la démocratie

Angela Davis , cette féministe connue pour ses combats contre toute forme d'oppression nous dit que la prison a à voir avec le racisme et la répression politique . Or elle sait de quoi elle parle , elle qui fut emprisonnée et condamnée à la peine capitale après un an et demi de prison , fut enfin acquittée en 1972 .

Devenue l'une des intellectuelle majeure des USA , elle nous parle ici de quelques cas à l'appui de son texte : les prisons de Guantanamo , d'Abou Ghraïb et la torture qu'on y pratique à l'encontre des détenus . Sont aussi évoqués les violences sexuelles et le racisme dont on les accable .

Elle stigmatise la boulimie d'emprisonnements aux états-unis favorisée par la privatisation des lieux d'incarcération .

Elle cite aussi : " Au lieu de construire des maisons , jetons les sans-abri en prison . Au lieu de développer le système éducatif , jetons les analphabètes en prison . Si la désindustrialisation due à la mondialisation crée des sans-emploi , mettons ces derniers en prison , ne permettons pas qu'ils vivent au crochet de l'état ."
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Justice pour la Palestine !

Opération masse critique juin 2013



Le tribunal Russel sur la Palestine (TRP) est un tribunal de la conscience visant à faire entendre les droits bafoués des Palestiniens.



Le livre est une tribune préfacée par Stéphane Hessel (qui fut président d'honneur du TRP) et regroupe les contributions de membres de ce tribunal, comme la Palestinienne engagée Leila Chahid, l'Israélienne Nurit Peled, le sociologue Jean Ziegler, Noam Chomsky, qui en linguistique comme en politique jette sans cesse des pavés dans la mare tranquille de notre conscience, mais aussi Angela Davis, Roger Waters ou des prix Nobel de la paix, Desmond Tutu et Maired Corrigan Maguire, entre autres.



Ils témoignent sur la situation inacceptable de la Palestine, sur les nombreuses résolutions de l'ONU non tenues par l'état d'Israël, sur l'impunité quasi totale de cet état mais aussi sur l'appui des Etats-Unis, la collusion de l'Union Européenne et le rôle prépondérant que peut et doit avoir la société civile pour arriver à "l'acheminement aussi nécessaire au peuple israélien qu'au peuple palestinien vers une coexistence harmonieuse entre deux peuples dont l'avenir ne peut être que commun" (Stéphane Hessel).



Si vous n'avez pas l'occasion de lire le livre, ça vaut la peine d'aller se documenter : http://fr.wikipedia.org/wiki/Tribunal_Russell_sur_la_Palestine





Merci à L'Herne et à Babelio





is@ juin 2013
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Blues et féminisme noir

Je ne veux pas qu’un homme mette du sucre dans mon thé. Certains sont si méchants que j’ai peur qu’ils m’empoisonnent. » Ainsi parle « Ma » Rainey dans Boweavil Blues…Gertrude « Ma » Rainey, dite la mère du blues, et Bessie Smith, dite l’impératrice du blues ; deux musiciennes populaires noires dans les États-Unis de la fin de l’esclavagisme, deux auteures-interprètes portant la soif d’égalité et d’indépendance dans l’apartheid américain du début du vingtième siècle.(...)

Si nous n’avons su que récemment que le premier guitar hero était une guitar héroïne (voir l’article consacré à Sister Rosetta Tharpe dans Double Marge) nous apprenons ici que les premiers blues enregistrés le furent par des femmes. Cela transforme radicalement notre manière d’appréhender les textes. (...)

Bessie Smith et Gertrude « Ma » Rainey, toutes deux ouvertement bisexuelles, ont passé beaucoup de temps sur les routes, sillonnant le pays alors que la génération précédant celle de Rainey avait vécu l’esclavage. Le thème du déplacement, sous toutes ses formes, revient constamment dans leurs textes. Si Bessie Smith détruit avec humour le mythe de Spider Man et proclame son refus d’être privée de liberté, elle n’en chante pas moins, tout comme Gertrude « Ma » Rainey, le désir et la sexualité. En pleurant leurs amants infidèles et souvent violents, toutes deux proclament l’existence de ces derniers, bien loin des images d’épouses et de mères qui étaient alors le dogme, aussi bien chez les Blancs que dans la petite bourgeoisie noire.

« Le blues des femmes suggère une rébellion féministe émergente dans la mesure où il nomme sans ambiguïté le problème de la violence masculine. Il sort cette dernière de l’ombre de la vie conjugale, où la société la gardait cachée. » Dans Cell Bound Blues, dont elle a écrit les paroles, « Ma » Rainey va encore plus loin dans la transgression avec des sujets que la société ne souhaitait guère voir portés par une femme.

« Hey, hey, gardien, dis-moi ce que j’ai fait (…)

Je suis entrée dans ma chambre l’autre nuit

Mon homme m’a suivie et a commencé à me taper

J’ai pris mon arme dans la main droite

« Arrête, je veux pas tuer mon mec. »

Quand j’ai fait ça, il m’a frappée à la tête

Au premier coup de feu, il est tombé mort par terre. »

L’auteure nous emmène des tout premiers enregistrements de blues à Billie Holliday, dont elle nous rappelle qu’elle n’était pas que l’extraordinaire chanteuse à la voix déchirante et au destin tragique que l’on sait, mais qu’elle avait aussi une conscience de classe et pouvait porter une parole engagée – on se souvient des corps de Noirs lynchés qui pendent des arbres du Sud dans Strange Fruits, son « “cri de révolte” contre le racisme », selon ses propres termes. Sa participation, en 1944, à un concert de soutien aux Associated Communist Clubs of Harlem n’était pas anodine. (...)

Ainsi que le dit fort bien Angela Davis dans ce livre hautement recommandable : « Dans la musique, dans son phrasé, dans son tempo, dans le timbre de sa voix, les racines sociales de la douleur et du désespoir que vivent les femmes éclatent au grand jour ».

Kits Hilaire pour Double Marge (extrait)
Lien : https://revuelitteraire.fr/b..
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Autobiographie

Angela Davis rédige cette autobiographie alors qu’elle n’a que vingt-huit ans et celle-ci est publiée en 1974. Elle cumule alors trois handicaps majeurs aux Etats-Unis à cette époque : elle est une femme, elle est noire, elle est communiste !

Née en 1944 et élevée à Birmingham, en Alabama (où elle connaissait les quatre filles tuées dans l'attentat à la bombe de 1963), elle a obtenu un diplôme à Brandeis et un doctorat en philosophie de l'Université Humboldt de Berlin. Elle s'est fait connaître en 1969 lorsque, sur l'instigation du gouverneur de Californie de l'époque, Ronald Reagan, l’université UCLA l'a renvoyée pour son appartenance au Parti communiste. Elle était alors chargée de cours au département de philosophie.

C’est son parcours qui est relaté dans ce texte, révélant comment progressivement cette femme a développé une conscience politique et une envie de faire changer les choses.

Tout « éclate » en 1970 : Jonathan Jackson prit cinq otages dans le tribunal du comté de Marin dans une tentative de libérer son frère, l'un des trois détenus connus sous le nom de Soledad Brothers, accusés de la mort d'un gardien de prison en Californie. Au cours de l'émeute qui s'ensuivit, quatre personnes furent tuées, dont Jackson et un juge. Angela Davis, qui dirigeait le comité de défense des Soledad Brothers, avait acheté les armes utilisées dans la tentative d'évasion. Les autorités l'ont accusée de meurtre, d'enlèvement et de complot. Elle s’est alors cachée mais a été capturée quelques mois plus tard. En attendant son procès, elle a été détenue pendant 14 mois sans caution.

Cette affaire l'a rendue célèbre. "Libérez Angela Davis" est devenu un cri de ralliement pour les jeunes de gauche. Des manifestations de soutien ont eu lieu et elle est devenue un sujet de chansons pour les Rolling Stones ou encore John Lennon et Yoko Ono.

En 1972, elle a été acquittée de toutes les charges, le jury concluant qu'elle n'avait aucune implication dans l'embuscade du tribunal. Ceci marque le début d’une tournée internationale de conférences et son implication dans de nombreuses causes politiques.

Elle critique fortement le système carcéral, détaille les problèmes psychologiques non traités ou surmédicamentés des détenus. Elle souligne les conditions inhumaines et la culture carcérale de se regrouper en "familles" pour un soutien mutuel. Quant à ses descriptions des relations homosexuelles derrière les murs de la prison, elle reconnaît aujourd’hui qu'elle "a adhéré de manière inconditionnelle à des préjugés homophobes", les replace dans leur contexte et explique son aveuglement à l’époque.

Soutenue par son éditrice Toni Morrison, Angela Davis nous livre un témoignage poignant certes sur une époque mais je trouve hélas que ce texte reste très actuel, notamment sur les préjugés et discriminations qui persistent presque 50 ans plus tard.

Une excellente lecture !
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Autobiographie

Angela Davis fut une des militantes les plus connues des années 1970 : ses positions, jugées très radicales aux USA, concernant la paix au Vietnam, l'antiracisme, ou le féminisme ont fait d’elle une icône de la contestation dans le monde entier.

Dans cette autobiographie, elle raconte sa vie de militante de la communauté noire américaine, dans les années 1960. Elle est révoltée par le racisme qui sévit aux Etats-Unis à cette époque. Menant des études de philosophie, notamment en Allemagne et en France, elle s’engage rapidement dans l’action dès son retour aux USA. Elle participe, avec de plus en plus d’engagement, aux campagnes visant à la défense et à la libération des prisonniers noirs injustement accusés de meurtres (souvent des coups montés par la police et le FBI). Elle côtoie donc rapidement le milieu militant noir, mais elle refuse le racisme anti-blanc et la misogynie de certains groupes nationalistes. Elle se rapproche plutôt des Blacks Panthers, et des militants noirs du Parti Communiste des USA, qui comptent dans leurs rangs des hommes qui combattent eux aussi le machisme de nombre de leurs frères.

Du coup, parce que son discours et ses actions militantes dérangent, les milieux réactionnaires vont s’en prendre à elle (en voulant la renvoyer de son poste de professeur de philosophie à l’université de Californie). Elle va également subir la répression policière et les provocations du FBI. Après une fusillade dans un tribunal, auquel elle n’a pris aucune part, elle est accusée par la police et devient un ennemi public. Emprisonnée pendant près de 20 mois, elle sera finalement déclarée « non coupable ». Ses actions militantes, son emprisonnement (qui va soulever une campagne mondiale pour sa libération), et son procès, vont faire d’Angela Davis la militante la plus connue du PC Américain. Jusqu’à aujourd’hui, elle va utiliser sa notoriété pour se battre sans relâche contre la peine de mort dans les Etats d’Amérique, et pour la libération des prisonniers noirs victimes d’une machination de la police ou du FBI.

A noter que cette autobiographie va prochainement être ré-éditée. (Maison d'édition belge)
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La prison est-elle obsolète ?

Je découvre Angela Davis par le biais de ce court essai exceptionnel, La prison est-elle obsolète? Six chapitres, extrêmement bien documentés et illustrés d’exemples tirés du modèle américain, s’emploient à analyser ce qu’on appellera désormais un système carcéro-industriel. Le propos de Davis est extrêmement clair, qu’il s’agisse de démontrer le lien entre esclavagisme et justice criminelle ou d’analyser la prison sous le prisme des violences sexuelles. C’est tout un système de société qui est en réalité passé au crible, qui a marié de manière inextricable crime et châtiment, au détriment des notions de réparation et de réinsertion. La question de la privatisation du système carcéral, devenu une manne de profits pour les capitalistes, est également évoquée. C’est profondément actuel, puissant, inspirant, révoltant.
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Autobiographie

Publiée dans la première moitié des années 1970, lorsque Angela Davis avait à peine 30 ans, cette Autobiographie est en réalité axée autour de sa cavale, de son incarcération préventive et de son procès – accusée de meurtre, de kidnapping et de conspiration – suite à une révolte carcérale survenue le 7 août 1970, alors que, encore libre, elle était activement impliquée dans un mouvement politique visant à obtenir la libération d'autres prisonniers politiques noirs que les révoltés, détenus dans une autre prison nommée Soledad. Il en découle, par-delà les péripéties judiciaires de l'auteure, un cadre assez précis du racisme systémique états-unien des années 60, caractérisé par l'usage absolument arbitraire de la violence par les forces répressives d'État (police, justice, prison) contre ce qui est appelé le « peuple » noir, y compris l'abus éhonté du recours à l'incarcération et la discrimination raciste dans le judiciaire à tous les niveaux, sur fond de la persistance du sexisme et d'un anticommunisme maccarthyste primaire, ainsi que de la possession généralisée des armes à feu et explosifs. Mais on bénéficie aussi d'une description approfondie des méthodes de conscientisation, de mobilisation et de lutte collective, à partir des campus et des réseaux antiracistes et/ou communistes, grâce à tous les instruments de pression imaginables, que l'auteure ainsi que ses comités de soutien ont pu mettre en œuvre à l'époque, au niveau national et même international. En somme, la lecture de cet ouvrage m'a fait penser par moments à la célèbre autobiographie de Nelson Mandela, par moments à celle non moins connue de Trotski...



L'ouvrage, qui ne s'illustre pas par sa concision, s'articule en six parties auxquelles s'ajoute, dans la présente édition, une très précieuse Postface qui consiste en un « Entretien avec Angela Davis » par Gilles Martin et Daniel Zamora daté de 2013, dans lequel, avec une lucidité et une capacité d'analyse de l'actualité tout à fait remarquables, l'auteure âgée alors de presque 70 ans traite de l'ensemble de l'engagement politique depuis 1974, aux États-Unis et ailleurs, et de l'évolution des mouvements de lutte progressistes (antiracistes, antisexistes, anticapitalistes, environnementaux, par ex. :« Occupy », etc.) à l'époque de la disparition du bloc communiste et de l'hégémonie de l'idéologie néolibérale.

La première partie, « Les Filets », d'août à décembre 1970, narre de façon haletante sa cavale et son arrestation. La deuxième partie, « Les Rochers », retrace l'influence du racisme dans l'Alabama de son enfance. La troisième partie, « Les Eaux » entre septembre 1961 et septembre 1963, se concentre sur les études et le cursus universitaire de l'auteure, que l'éveil de sa conscience émancipée conduit en Europe – France, Finlande, Allemagne –, études d'abord en littérature française (influences de Sartre, de Jean Genet et des poètes du XIXe siècle), puis dans un doctorat en philosophie sous la direction de Herbert Marcuse (en contact avec les professeurs de l’École de Francfort). La quatrième partie, « Les Flammes », entre avril 1968 et le 7 août 1970, montre la genèse de l'engagement militant d'Angela Davis, notamment dans la cause du soutien aux détenus politiques noirs, tout en commençant à exercer une activité professionnelle d'enseignement universitaire constamment menacée par son identité de femme noire se déclarant ouvertement communiste. La cinquième partie, « Les Murs », du 22 décembre 1970 (le lendemain de son arrestation) au 25 février 1971, décrit avec minutie les détails de son expérience carcérale. Enfin la sixième partie, « Les Ponts », du 28 février au 4 juin, relate tout aussi minutieusement le déroulement de son procès, dont l'issue est incertaine – entre peine de mort et acquittement – jusqu'au dernier instant.
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Femmes, race et classe

Cet ouvrage fondamental lie avec brio et clarté les systèmes patriarcal, raciste et classiste, en traçant l'histoire des femmes, des noir-e-s et de leurs luttes aux Etats-Unis du XIXème siècle aux années 1970. Si c'est dans l'alliance entre femmes noires et blanches qu'ont été remportées les premières victoires contre le système esclavagiste et le patriarcat, à l'inverse quand le racisme s'installa dans le mouvement pour le vote des femmes, instaurant l'idée que les femmes (blanches) devaient passer avant les noirs (hommes... les femmes noires étant alors "oubliées"), la puissance de ces premières luttes se perdit. L'auteure pose le problème de l'instrumentalisation persistante du viol à des fins racistes : les violeurs vilipendés sont toujours noirs, les victimes blanches... et les femmes noires violées ignorées. Elle montre enfin que les femmes blanches et noires n'étaient pas du tout dans les mêmes situations par rapport à la maternité (cas de stérilisations forcées, etc.), ce qui explique le "peu" de femmes noires impliquées dans la lutte pour l'avortement.
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Autobiographie

Cette dame est une icone . Son parcours si rude qu'elle dévoile ici , en opposition au racisme et à la violence , s'avére incroyable . L'on a du mal à croire parfois que tout cela soit vrai tellement cela parait incroyable . Un ouvrage important pour ceux qui veulent mieux connaitre les usa .
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Autobiographie

Angela Davis reste le modèle féminin : cultivée, révoltée, passionnée... elle nous livre son parcours de militante et la persécution dont elle a été victime en tant que communiste. Dur dur d'être de gauche aux USA, de plus femme et noire.
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Femmes, race et classe

J'ai découvert "Femmes, race et classe" lorsque j'étais à l'université, et ce livre est longtemps resté sur mon chevet dans mon premier studio d'étudiante. Et puis je l'ai prêté à quelqu'un (Anthony si tu me lis 🤡) et puis... je ne l'ai jamais revu - ni relu.



La réédition de cet ouvrage fondateur, en format poche, par les fabuleuses éditions Zulma était donc une opportunité à ne pas rater!

J'ai retrouvé dans cette nouvelle lecture, toute la saveur du style d'Angela Davis, l'ampleur de son engagement et l'espoir que celui-ci doit susciter en chacun.e de nous.



Grâce à ce travail historique sur l'histoire du mouvement féministe noir aux États-Unis, on révise ses classiques (❤ sur Sojourner Truth et son "Ne suis-je pas une femme?") et on s'en prend plein la tronche. Cette analyse dense, mais tout à fait accessible, établit les contradictions racistes et classistes qui ont survenu au sein des mouvements abolitionnistes et féministes blancs. C'est édifiant.



Cet essai démontre aussi comment ces luttes ont porté leurs fruits à chaque fois qu'elles ont été solidaires, non sans écueils. Angela Davis met ainsi en lumière que la prise en compte de toutes les oppressions de façon égale et sous tous ces aspects, est un préalable à l'émancipation de toutes et tous.



Cet ouvrage est tristement toujours d'actualité et n'est pas sans faire penser à ce qui se passe aussi en France, et représente une question centrale. La réponse se trouve dans l'articulation des luttes antiracistes, féministes et anticapitalistes, sans hiérarchisation.



En voilà des pages à faire étudier au lycée par exemple, et à mettre entre les mains du plus grand nombre ❤

Encore un grand merci aux éditions Zulma pour leur confiance.



          《La phrase à retenir》

"Le couple racisme-sexisme se consolidait".
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Femmes, race et classe

Une excellente analyse historique, politique et sociologique des mouvements abolitionnistes et féministes américains du dernier siècle. de quoi se rendre compte que ces causes ont été proches et lointaines par moments, handicapées dans l'obtention de leurs droits par des luttes et incompréhensions de classe.




Davis est une personnalité marquée par une pensée politique et marxiste. Si cela colore l'ensemble de l'analyse, c'est pour mieux permettre de mettre en lumière des choses qui sont longtemps restées cachées. L'avantage, c'est qu'elle ne fait pas de prosélytisme.



Même en France, on devrait tous avoir lu quelques chapitres au minimum. S'il existe une analyse similaire des cas européens, je suis intéressée !
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Femmes, race et classe

Militante féministe, membre des Black Panthers, théoricienne marxiste, Angela Davis est une figure incontournable de toutes les luttes pour les droits humains aux Etats-Unis. Il est donc naturel que son essai le plus connu, Femmes, race et classe, retrace l’histoire des liens entre féminisme, anti-racisme et lutte des classes, trois combats qui furent régulièrement concurrents au cours du vingtième siècle mais ont tout à gagner à devenir complémentaires.



Angela Davis y montre comment des premiers liens s’établissent entre le féminisme naissant et la lutte pour l’abolition de l’esclavage, avant de se distendre face à la pression d’adversaires politiques qui cherchent à diviser les luttes, ce dont témoignent les prises de positions racistes de certaines suffragettes ou la silenciation des ouvriers noirs et des femmes dans les cercles syndicaux.



Redonnant vie à des figures politiques majeures mais méconnues en France, comme Sojourner Truth et son célèbre “Ne suis-je pas une femme ?” qui interroge la place des femmes noires dans la société, Femmes, race et classe est un essai dense et fondateur, qui ouvre la voie à un féminisme plus divers et plus inclusif.
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Justice pour la Palestine !

Justice pour la Palestine! - Tribunal Russell sur la Palestine (*) est un recueil de textes de personnalités célèbres, «venues de tous bords et de tous pays» pour oeuvre dans le cadre du Tribunal Russell, mondialement connu mais diversement apprécié. Leur engagement est entier «pour venir à bout d'une injustice pour dénoncer l'impunité d'Israël qui constitue le réel obstacle à une solution pacifique, équitable et durable au conflit israélo-palestinien et demander la création sans délai d'un État Palestinien».

On compte dix-huit contributeurs à cet ouvrage coordonné par Virginie Vanhaeverbeke et Frank Barat. L'éditrice est Laurence Tacon qui note: «´´Indignez-vous!´´, s'écriait Stéphane Hessel, il y a quelques années, suscitant alors d'immenses mouvements de protestation civile, à travers un monde dominé par les intérêts mercantiles. Dissiper l'hypocrisie, dire la vérité, lutter contre l'injustice ont été les mots d'ordre d'une existence sans cesse placée sous le signe de l'insoumission. Ce livre est issu d'une conversation avec Christine et Stéphane Hessel en décembre dernier. Il exprimait alors, peu de temps avant d'entreprendre son dernier voyage, son plus cher désir: voir avant de mourir une solution pacifique au conflit israélo-palestinien.»

Nous avons été habitués à la sereine et sympathique figure de Stéphane Hessel, président d'honneur du Tribunal Russel.

L'homme affable, né le 20 octobre 1917 à Berlin, décédé le 27 février 2013 à Paris, a été diplomate auprès des Nations unies «où il a assisté comme témoin privilégié à la constitution des droits de l'homme et du citoyen, ainsi qu'à la création de l'État d'Israël. Il est l'auteur de Indignez-vous! paru en 2010 [...]. Il a participé à la création du Tribunal Russell sur la Palestine dont il est le président d'honneur». Préfaçant Justice pour la Palestine!, il écrit: «Depuis la création de l'État d'Israël à laquelle j'ai assisté aux Nations unies [...] la nécessité de trouver une solution au problème palestinien m'a semblé impérative, et même la condition sine qua non de la survie et de la prospérité de ce même État d'Israël. Nous devons au peuple palestinien la réalisation d'un État comme à tous les peuples de la Terre. [...] Malheureusement, après les victoires israéliennes de la guerre des Six-Jours et de celle du Kippour, les gouvernements israéliens successifs n'ont pas compris cette nécessité et ont poursuivi une politique en contradiction avec le droit international, politique d'occupation de territoires qui ne leur étaient pas reconnus et de colonisation dans ces territoires. [...] Ma composition très variée du Tribunal Russell se situe à un haut niveau de responsabilité ethnique et juridique (des Prix Nobel, des diplomates, des juristes, etc.), et son effort consiste à établir un recensement aussi complet que possible des violations qui ont été subies.» Il s'agit là de former «une protestation puissante» que lui donnerait le Tribunal Russell, mais de fait, «C'est un tribunal civil sans compétence juridictionnelle, c'est une de ses limites. Il est tribunal parce qu'il veut juger mais il n'a pas de pouvoir juridictionnel.»

Au reste, Pierre Galand, figure du mouvement associatif belge, président de la Fédération humaniste européenne et l'un des fondateurs du «Tribunal Russell sur la Palestine»; il en présente la genèse dans son Introduction: son organisation, ses travaux, ses sessions (Londres, Le Cap, New York), son financement et termine par «Le Statut de la Palestine à l'ONU», concluant: «C'est ainsi que se perpétue sur notre planète la notion même d'humanité et de ses progrès.» Les textes et les témoignages des autres participants nous éclairent sur bien des points importants et sur les tenants et les aboutissants des objectifs primordiaux du TRP, par exemple: La dernière lutte de décolonisation dans le monde du XXIe siècle (Leïla Shahid), Plaider leur cause (Nurit Peled), La liberté est indivisible (Michael Mansfield), La communauté internationale complice de l'oppression du peuple palestinien (Alice Walker), La paix est possible (Mairead Corrigan Maguire), Je deviens palestinienne (Angela Davis), Sauver l'honneur de l'humanité (Breyten Breytenbach),...

En somme, ce livre de 200 pages, Justice pour la Palestine! est un panorama riche en informations précises sur les objectifs du Tribunal Russell sur la Palestine et très éclairant sur ses animateurs à la fois compétents, actifs et particulièrement motivés.

Il est vrai, ainsi que l'un d'eux (Noam Chomsky, théoricien du langage, fin linguiste au Massachusetts) l'affirme vivement, leur engagement n'est pas seulement dans la lutte du peuple palestinien pour la liberté et l'égalité, [c'est aussi] «la lutte pour les droits humains fondamentaux et le droit à vivre une vie digne et décente. Parce que tous ces droits et bien d'autres, comme le droit national à l'autodétermination, sont niés et piétinés par l'occupation israélienne qui implique l'annexion des territoires et ressources palestiniennes, le terrorisme étatique exercé par Israël avec la complicité des pays occidentaux, la répression sanglante de gens ordinaires et leurs arrestations arbitraires».

Des Annexes utiles sont dans les dernières pages de Justice pour la Palestine et renforcent la pensée libre et volontaire des contributeurs. Observons de nouveau l'émouvante illustration de la couverture ainsi légendée: «Enfant jouant au cerf-volant près du Mur de la Séparation dans le camp de réfugiés de Aida, à Bethléem.»

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Autobiographie

D’après le titre, il s’agit bien d’une autobiographie ; cependant, à 30 ans, le chemin à parcourir, sauf cas extrême, peut représenter le double de celui déjà effectué (ce qui est le cas !). A l’instar de nombreuses personnes ayant subi un épisode de vie dramatique, elle a éprouvé le besoin de décharger son mental en s’adressant au grand nombre, partisans et opposants. Son récit s’articule en six parties (parfois surchargées de détails sans trop d’importance pour le lecteur), chacune représentant un épisode précis de son parcours d’alors. Son enfance ; ses études ; son engagement social et politique contre la ségrégation, puis au parti communiste ; son adhésion au mouvement des « Panthères Noires » ; son arrestation et son emprisonnement puis son procès ; et enfin, après sa libération en 1972, la reprise de la lutte.

Elle nait dans une famille aimante, de parents cultivés, favorables à l’émancipation de leurs filles, dont l’accès à l’enseignement supérieur. Née en 1944, elle grandit pendant le Maccarthisme et la chasse aux communistes. A Birmingham en Alabama, la communauté Noire subit radicalement la division ethnique. Les tentatives d’affranchissement sont réprimées par des incendies ou des assassinats. Dotée de bourses universitaires, elle se forgera de vastes connaissances culturelles philosophiques et politiques, en France et en Allemagne. Influencée par de grands maîtres, tels James Baldwin et Herbert Marcuse qui sera son directeur de thèse, elle étudiera le marxisme à Francfort, adhérera au PC et politisera son combat pour les droits civiques. Quand la lutte antiapartheid s’intensifie contre les positions conservatrices et racistes de Reagan et de Hoover, elle rejoint le groupe extrémiste des Panthères Noires. Accusée (à tort), de meurtre, de kidnapping et de conspiration après la prise d’otages en aout 1970 dans un tribunal (conté de Marin en Californie), emprisonnée, elle aura le soutient de nombreux intellectuels et politiques de nombreux pays. Son combat filtrera hors les murs. Femme d’une grande intelligence mise au service des causes à défendre (racisme, féminisme, peine de mort, paix au Vietnam, en Irak…), à l’énergie inépuisable, elle a acquis à travers le monde, une notoriété non usurpée.

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Sur la liberté

Engagée dans la lutte contre l’oppression, Angela Davis est une grande figure militante féministe qui défend la liberté des plus humbles.

Ce recueil contient des textes sur le thème du racisme, de l’émancipation des femmes. Elle dénonce les violences qui ont encore cours de nos jours, même si l’esclavage parait une histoire ancienne. Lire ces textes est important pour comprendre son combat politique.

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Les goulags de la démocratie

Après le scandale des prisons américaines en Afghanistan, à Guantanamo et Abou Ghraïb, Angela Davis revient sur le système carcéral de son pays, reflet d’un modèle démocratique basé sur les inégalités sociales et raciales. (...)

Ce recueil d’entretiens n’échappe pas aux inévitables redondances mais profondes et troublantes sont les réflexions d’Angela Davis sur les origines de la crise éthique et politique que traverse les États-Unis.



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