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Critique de Cricri08


Angela Davis rédige cette autobiographie alors qu'elle n'a que vingt-huit ans et celle-ci est publiée en 1974. Elle cumule alors trois handicaps majeurs aux Etats-Unis à cette époque : elle est une femme, elle est noire, elle est communiste !
Née en 1944 et élevée à Birmingham, en Alabama (où elle connaissait les quatre filles tuées dans l'attentat à la bombe de 1963), elle a obtenu un diplôme à Brandeis et un doctorat en philosophie de l'Université Humboldt de Berlin. Elle s'est fait connaître en 1969 lorsque, sur l'instigation du gouverneur de Californie de l'époque, Ronald Reagan, l'université UCLA l'a renvoyée pour son appartenance au Parti communiste. Elle était alors chargée de cours au département de philosophie.
C'est son parcours qui est relaté dans ce texte, révélant comment progressivement cette femme a développé une conscience politique et une envie de faire changer les choses.
Tout « éclate » en 1970 : Jonathan Jackson prit cinq otages dans le tribunal du comté de Marin dans une tentative de libérer son frère, l'un des trois détenus connus sous le nom de Soledad Brothers, accusés de la mort d'un gardien de prison en Californie. Au cours de l'émeute qui s'ensuivit, quatre personnes furent tuées, dont Jackson et un juge. Angela Davis, qui dirigeait le comité de défense des Soledad Brothers, avait acheté les armes utilisées dans la tentative d'évasion. Les autorités l'ont accusée de meurtre, d'enlèvement et de complot. Elle s'est alors cachée mais a été capturée quelques mois plus tard. En attendant son procès, elle a été détenue pendant 14 mois sans caution.
Cette affaire l'a rendue célèbre. "Libérez Angela Davis" est devenu un cri de ralliement pour les jeunes de gauche. Des manifestations de soutien ont eu lieu et elle est devenue un sujet de chansons pour les Rolling Stones ou encore John Lennon et Yoko Ono.
En 1972, elle a été acquittée de toutes les charges, le jury concluant qu'elle n'avait aucune implication dans l'embuscade du tribunal. Ceci marque le début d'une tournée internationale de conférences et son implication dans de nombreuses causes politiques.
Elle critique fortement le système carcéral, détaille les problèmes psychologiques non traités ou surmédicamentés des détenus. Elle souligne les conditions inhumaines et la culture carcérale de se regrouper en "familles" pour un soutien mutuel. Quant à ses descriptions des relations homosexuelles derrière les murs de la prison, elle reconnaît aujourd'hui qu'elle "a adhéré de manière inconditionnelle à des préjugés homophobes", les replace dans leur contexte et explique son aveuglement à l'époque.
Soutenue par son éditrice Toni Morrison, Angela Davis nous livre un témoignage poignant certes sur une époque mais je trouve hélas que ce texte reste très actuel, notamment sur les préjugés et discriminations qui persistent presque 50 ans plus tard.
Une excellente lecture !
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