Mais bizarrement, quand je replonge dans ses yeux en amandes, je ne remarque que quelqu’un qui pleure dans la discrétion de son cœur. C’est Léo. Un cri noyé dans le silence. Un hurlement d’agonie étouffé dans le sable. Si personne ne regarde, personne ne le voit.
Je t’aime. Je t’aime comme je n’ai jamais aimé, mais je suis forcé de constater que t’aimer veut dire souffrir comme je n’ai jamais souffert.
Rien ne pourra jamais égaler Aurélian. Il est mon binôme, mon rival. La preuve qu’aucun équilibre ne peut définir le bonheur. Que chaque instant mérite d’être vécue pour peu que l’on soit capable d’en prendre conscience. Il est la détermination et la puissance brute. La lumière du soleil qui fait rayonner la lune.
Je l’aime, je l’aime tellement.
Sans lui, je n’ai plus rien. Même plus la force de me battre pour la personne que je suis. Plus l’envie de faire mieux. Juste le besoin primaire de l’avoir contre moi et de me fondre dans ses bras… une dernière fois.
Ses iris plongent soudain dans les miens et tout s’éclaire. La douleur, la tristesse … sa légendaire et intolérable culpabilité, je m’aperçois dans ses prunelles brunes. La honte de ne pouvoir être, aux yeux du monde, le vrai Léonard. Le Léonard qui brille de mille feux secrètement, tout au fond de son cœur, tel un astre ardent et majestueux, révélant la vérité de son âme, bien cachée et bien gardée par cette monstrueuse et ténébreuse affliction.
Je t'aime. Je t'aime comme je n'ai jamais aimé, mais je suis forcé de constater que t'aimer veut dire souffrir comme je n'ai jamais souffert.
- Je ne te demande pas de m’aimer… juste de sauter. Lâcher prise. Oublier toute cette merde. Simplement ressentir.
Personne n’attend Leo quelque part… car tout ce temps c’est moi qui l’attendait.
Je sais autant te détester que t’aimer.
Je me suis promis de faire face seul. C’est ma peine silencieuse. Mon hurlement paralysé.