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Citations de Alain Finkielkraut (451)


N'est-ce pas précisément cela, l'infantilisme du XXIe siècle ? On est à la fois con et snob, binaire et goguenard. On régresse avec un sourire en coin. On simplifie tout, en clignant de l’œil pour bien montrer qu'on n'est pas dupe. Et au bout du compte, rien ne subsiste, ni du passé ne du présent. Ne reste, en guise de réalité, qu'une dévastation narquoise.
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Haine de l'autre homme: cela se traduit aujourd'hui par l'ethnocentrisme. Un groupe se considérant comme humain par excellence dénie cette qualité aux autres membres de l'espèce (...) L'homme, dit la critique de l'ethnocentrisme, est un loup pour l'autre homme.
p.149
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On en concluera que l’humanité cesse d’être humaine, dès lors qu’il n’y a plus de place pour l’ennemi dans l’idée qu’elle se fait d’elle-même et de son destin. Ce qui signifie, a contrario, que l’angélisme n’est pas un humanisme, que la discorde, loin d’être un raté ou un archaïsme de la socialité, est notre bien politique le plus précieux, et que l’excellence de la démocratie, sa supériorité sur toutes les autres formes de coexistence humaine, réside justement dans le fait d’avoir institutionnalisé le conflit en l’inscrivant au principe de son fonctionnement.
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Instruits par la mémoire du crime et du délaissement, on attendait les méchants de pied ferme : c’est l’antiracisme qui lâche ses coups, ce sont les meilleures intentions qui révèlent leur malfaisance. C’est même l’injonction à se souvenir qui pave vertueusement l’enfer de l’idéologie.
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FAMILLIARITE: aisance avec laquelle les gens célèbres ou fortunés franchissent l'abîme social et savent tutoyer les plus pauvres.
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Alain Finkielkraut
Je ne veux pas vivre dans un pays où la justice serait rendue par Elise Lucet et Jean-Michel Aphatie.
[Émission "Place aux idées" du 25/12/2021]
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Penser est une chose, exister dans ce qu’on pense est autre chose.
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La morale, ce n'est pas le souci de la morale, c'est le souci d'Autrui.
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Retour sur la renonciation de Benoît XVI:

(...) ce qui frappe dans la décision pontificale, ce n'est pas sa modernité, c'est majesté. S'exprimant en latin, cette langue transmise à nous par de très vieux morts et que presque plus personne n'apprend, le pape a dit:" Je suis parvenu à la certitude que mes forces, en raison de l'avancement de mon âge, ne me permettent plus d'exercer adéquatement le ministère pétrinien. Cependant, dans le monde d'aujourd'hui, sujet à de rapides changements et agité par des questions de grande importance pour la vie de la foi, pour gouverner la barque la barque de saint Pierre et annoncer l’Évangile, la vigueur de l'esprit et du corps est aussi nécessaire, vigueur qui, ces derniers mois, s'est amoindrie en moi d'une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m'a été confié."Ces paroles admirables ne sont pas celle d'un cadre dirigeant ou d'un haut fonctionnaire atteint par la limite d'âge. Elles évoquent plutôt le discours qu'a tenu l'empereur Charles Quint le 25 octobre 1555 dans son palais à Bruxelles:"Je me sens maintenant si fatigué que je ne saurais vous être d'aucun secours, comme vous le voyez de vous même. Épuisé et brisé comme je le suis, j'aurais des comptes à rendre à Dieu et aux hommes si je renonçais à gouverner."
Benoît XVI n'était pas un monarque temporel, mais nulle contrainte institutionnelle ne pesait sur lui. Seule la mort, selon la coutume, pouvait interrompre son règne. En se retirant dans un monastère, à la surprise générale, il a renoué avec ce pouvoir souverain: le pouvoir d'abdiquer.p.29/30
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Sacrifier la vérité afin de ne pas nourrir la bête , cela revient à nourrir la bête en lui faisant cadeau de la vérité.
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QUOTIRIEN : néant qui revient tous les jours. "Pas un soir à vingt ans où on ne s'endorme avec, au plus profond de soi, la haine du quotirien et le dégoût de n'avoir pas su lui échapper." Nizan
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La littérature nous apprend à nous défier des théorèmes de l'entendement et à substituer au règne des antinomies celui de la nuance.
"Aucune réussite de l'esprit de géométrie ne saurait absoudre l'homme de ses responsabilités envers l'esprit de finesse" (Constantin Noïca) (p.255-256).
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Notre époque post-romantique semble avoir intégré et programmé l’obsolescence. On n’aime plus pour toujours. Et on prend d’entrée de jeu, son parti. On est revenu de tout avant d’être allé nulle part. On fait ses premiers pas dans l’existence avec le sourire en coin de celui à qui on ne la fait pas. Le scepticisme n’est plus terminal mais inaugural.

Dans le sillage du refus amoureux d’entendre raison, la longévité a remplacer l’éternité et lia santé du corps s’est imposée au détriment du salut de l’âme.

Le souhait de vivre vieux et même très vieux s’accompagne de la crainte de mourir trop tard. Cette angoisse est si présente qu’elle en vient à concurrencer et même à supplanter l’angoisse de la mort.

Lorsqu’un pays, une civilisation, une société, en vient à légaliser l’euthanasie, il perd à mes yeux tout droit au respect. Il devient, dès lors, non seulement légitime mais souhaitable de le détruire ; afin qu’autre chose, un autre pays, une autre société, une autre civilisation, ait une chance d’advenir.
Michel Houellebecq

Ce qui compte, affirmait Jürgen Habermas, ce n’est pas qu’un sujet collectif puisse s’affirmer vis à vis de l’extérieur, mais qu’un ordre libéral soit garanti à l’intérieur.

Au Moyen-Age, l’unité de l’Europe reposa sur le religion commune. Dans les temps modernes , quand le Dieu médiéval se transforma en Deus absconditus, la religion céda la place à la culture qui devint la réalisation des valeurs suprêmes par lesquelles l’humanité européenne se comprenait, se définissait, s’identifiait. La connaissance et la défense de la religion cessèrent alors d’être le but suprême des études.

Une chose est sûre : la culture au singulier n’est plus en odeur de sainteté nulle part. Jusque dans les université, on dénonce son élitisme. Descendue de son piédestal, elle n’est plus aujourd’hui admise à l’existence que comme pratique sociale, térêt que n’importe lequel loisir.. Ce tournant sociologique est entériné par l’esprit d’égalité. La démocratie, parvenue à son stade ultime, ne supporte aucune forme de transcendance. Après la sortie de la religion, voici venu le temps de la sortie de la culture. Le “chacun ses goûts“ a eu raison des valeurs suprêmes. Plus question d’estimer davantage les oeuvres artistiques que les produits du divertissement. Plus question même de les séparer : l’heure est à la “dé-hiérarchisation“.
Les anciens soixante-huitards rendaient grâce aux penseurs d’Europe Centrale de les avoir réconciliés avec la démocratie libérale.. Ils ne s’attendaient pas à ce que l’un d’entre eux, le plus prestigieux peut-être, portât le deuil d’une Europe mise à mort non par le mal totalitaire mais par l’hubris démocratique. ( Kundera )


« Quand le citoyen écologiste prétend poser la question la plus dérangeante en demandant : “Quel monde allons-nous laisser à nos enfants ?“, il évite de poser la question réellement dérangeante : “à quels enfants allons-nous laisser notre monde ?“ «  (Jorge Semprun)

En se posant comme sujet, l’être humain avait certes conquis et consolidé son autonomie depuis l’aube de temps modernes. Il ne recevait plus d’ordres d’en haut. Ramenant l’autorité du ciel sur la terre, il obéissait aux lois qu’il avait lui-même édictées. Il était son propre prescripteur mais il n’était pas son propre créateur. Il ne choisissait pas le masculin et le féminin.IL avait beau accumuler tous les droits, il héritait encore de son être, sa liberté restait hypothéquée par sa naissance. La scandale s’achève. Sortant définitivement de l’aliénation, l’humanité rejette cette mainmise immémoriale. Sur le modèle des trans, chacun est invité à se réapproprier son origine et à s’affranchir, ce faisant, de la condition humaine.
“Rien en moi ne me précède“, telle est l’ultime maxime de la liberté.
“L’homme moderne a fini par en vouloir à tout ce qui est donné, même sa propre existence, à en vouloir au fait même qu’il n’est pas son propre créateur ni celui de l’univers“ (Hannah Arendt)
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"On aime jamais les personnes, mais les qualités affirme Pascal. Celui qui aime quelqu'un à cause de sa beauté, l'aime-t-il? Non car la petite vérole qui tuera la beauté sans tuer la personne fera qu'il ne l'aimera plus." Selon Hegel, au contraire aimer c'est attribuer une valeur positive à l'être même de celui qu'on aime indépendamment de ses actes ou de ses propriétés singulières et périssables. Proust apporte une contribution inédite à ce vénérable débat, en donnant tort à tout le monde. L'amour ne s'adresse ni à la personne ni à ses particularités, il vise l'énigme de l'Autre, sa distance, son incognito, cette façon qu'il a de ne jamais être de plain-pied avec moi, même dans nos moments les plus intimes. Le toi du je t'aime n'est pas exactement mon égal ou mon contemporain, et l'amour est l'investigation éperdue de cet anachronisme.
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Vient alors à l'esprit la redoutable objection de Nietzsche: "La conclusion tirée par tous les imbéciles qu'il doit bien y avoir quelque chose de vrai dans une cause pour laquelle quelqu'un accepte de mourir (ou bien même qui, comme le christianisme primitif, provoque des épidémies de suicides), cette conclusion a constitué un obstacle considérable à l'examen, à l'esprit d'examen et de prudence (...) Les martyrs ont fait tort à la vérité. Maintenant encore il suffit d'une persécution un peu rude pour donner un renom de respectabilité au plus banal des sectarismes".
pp.33,34
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A se souvenir d'abord, à se souvenir toujours, on oublie que le présent est, comme nous en avertit Valéry, "l'état même des choses en tant qu'il ne s'est jamais présenté jusque-là."
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« Ma culture : l’esprit du peuple auquel j’appartiens et qui imprègne à la fois ma pensée la plus haute et les gestes les plus simples de mon existence quotidienne. »
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Agréable, gentil, charmant, prévenant, avenant, attirant, distrayant, ravissant, émouvant, troublant, déroutant, bouleversant, renversant, saisissant, trépidant, palpitant, captivant, réjouissant, rafraîchissant, réconfortant, stimulant, fascinant, profond, admirable, splendide, sublime, subtil, somptueux, mystérieux, chaleureux, attentionné, adorable, c’était mieux que « sympa ». Sous ses dehors bonhommes, sympa, c’est Attila : après son passage, les différences ne repoussent plus.
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Imbécillité des pessimistes. Ils prévoient la catastrophe alors que, ni vu ni connu, elle a déjà eu lieu. Ils noircissent l'avenir quand c'est le présent qui est sinistré.
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Alain Finkielkraut
On tient pour rien que ces serviteurs du capitalisme international, comme les appelle Michel Onfray, aient choisi de figer l'économie pour sauver les vies les plus vulnérables et qu'ils n'aient aujourd'hui qu'une obsession, ne pas se trouver, à cause de l'engorgement des hôpitaux, dans la situation de faire le tri entre les malades. Le monde étant peuplé de volontés, nos gouvernants sont les coupables du malheur qui nous échoit. Qu'on m'entende bien : il est tout à fait légitime de pointer les défaillances de l'exécutif et de critiquer sa communication ou ses tergiversations. Mais la haine qui tient lieu aujourd'hui de critique repose sur l'oubli que l'incertitude est le lot de la condition humaine. Et cet oubli est impardonnable.

En tous cas, ceux qui s'inquiétaient de la restriction de nos libertés devraient être rassurés : jamais tant de féroces inepties n'ont été proférées sous le drapeau de la liberté d'expression que pendant cette crise. Quant à la discipline imposée par le confinement, elle ne nous infantilise pas, elle fait appel à notre sens des responsabilités. Ce sont les libertaires en colère qui ressemblent à des enfants soudain privés de leur bac à sable ou de leurs auto-tamponneuses.

Causeur, numéro d'avril 2020, p. 39.
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