Citations de Alain Finkielkraut (445)
La liberté d'expression est douloureuse. On croit toujours que la liberté d'expression, c'est la possibilité donnée à chacun de dire ce qu'il veut, de faire ce qu'il veut, donc que cette liberté est douce. Non, car c'est l'obligation aussi faite à chacun d'entendre ce qu'il n'a pas envie d'entendre. Il s'agit dans une démocratie pour les uns et les autres d'accepter la souffrance de l'opinion d'autrui.
"L'esprit d'escalier" du dimanche 11 janvier 2015
Face à la catastrophe, nous avons pris conscience que le patrimoine n'était pas seulement un gisement culturel, une richesse économique, un atout touristique. Le patrimoine, c'est la part de nous qui n'est pas nous, c'est la présences des morts et en l'occurence du divin, c'est le vestige palpable du passé, parce que nous ne sommes pas exclusivement des travailleurs et des consommateurs : nous sommes des habitants.
La Grande Librairie spécial Notre-Dame, 17 avril 2019
Il y a un avantage à vieillir, c'est l'indifférence au qu'en dira t'on.
La liberté est le cadeau de l'âge. Quand on se sent mortel, l'essentiel prend le pas sur l'opinion.
"La grande librairie" du mercredi 25 septembre 2019
Si on passe pour un réactionnaire quand on a cet amour de la langue française et qu'on veut le transmettre, ça veut dire que les mots n'ont plus aucun sens.
(La Grande Librairie, 26 octobre 2017)
Dès 1948, Claudel écrivait : "Maintenant, une vache est un laboratoire vivant, qu'on nourrit par un bout et qu'on trait, à l'électricité, par l'autre […]. Sont-ce encore des animaux, des créatures de Dieu, des frères et sœurs de l'homme, des significations de la Sagesse divine que l’on doit traiter avec respect ? Qu’a-t-on fait de ces pauvres serviteurs ? L’Homme les a cruellement licenciés. Il n’y a plus de lien entre eux et nous. Et ceux qu’il a gardés, il leur a enlevé l’âme. Ce sont des machines, il a abaissé la brute au-dessous d’elle-même. Et voilà la Cinquième Plaie : tous les animaux sont morts, il n’y en a plus avec l’Homme. »
(p.175)
L'extension démente du domaine du racisme tue la vie intellectuelle.
Quand bien même nous n'allons pas à Notre-Dame, elle rehausse notre vie sur terre par sa beauté et sa spiritualité.
La Grande Librairie spécial Notre-Dame, 17 avril 2019
la principale occupation des gens de gauche aujourd’hui est de traiter les autres de racistes
TACTIC : ensemble des moyens et des ruses mis en œuvre pour remonter le temps.
Spécouler : faire en Bourse quelques opérations désastreuses.
Ce que proclame l'égoïsme sacré, c'est l'aspiration de l'être à s'émanciper de l'amour. Ce qui s'affirme dans la sacralisation de la classe ouvrière, c'est l'aspiration de l'amour à se libérer de la sagesse. Et c'est parce que la sagesse et l'amour ne sont pas des divertissements, mais des vocations indésirables, des charges lourdes à porter, que l'humanité oscille entre les deux pôles d'une morale sans délibération et d'un impérialisme sans morale.
Une chose est sûre: la culture au singulier n’est plus en odeur de sainteté nulle part.
Jusque dans les universités on dénonce son élitisme. Descendue de son piédestal, elle n’est aujourd’hui admise que comme pratique sociale, sans plus ni moins de légitimité ou d’intérêt que n’importe quel loisir….
Violez, violez, violez ! Voilà, je dis aux hommes : violez les femmes ! D'ailleurs, je viole la mienne tous les soirs, mais alors tous les soirs. Et elle en a marre !
Bob Dylan n'a rien à voir avec la littérature.
- interview par L'union/l'Ardennais (15/10/2016)
http://www.dailymotion.com/video/x4xe1yh
Hourrationnel
Se dit d’un enthousiasme collectif qui échappe au contrôle de la raison.
Si l’homme, avec le confinement, prend conscience qu’il n’est pas seul, peut-être, une fois la machine remise en marche, gardera-t-il dans les oreilles la beauté du silence. Peut-être aussi retrouvera-t-il le goût de partager la Terre, le respect des distances et le sens de l’indisponible. Je n’ose y croire.
Source: "Le Figaro" 27/03/2020
Le néoféminisme est au féminisme ce que la Terreur fut à la Déclaration des Droits de l’homme.
[Émission "Places aux idées" sur CNews du 25/12/2021]
Soyons clair: cette dissolution de la culture dans le tout culturel ne met fin ni à la pensée ni à l'art. Il ne faut pas céder au lamento nostalgique sur l'âge d'or où les chefs d'oeuvre se ramassaient à la pelle. Vieux comme le ressentiment, ce poncif accompagne, depuis ses origines, la vie spirituelle de l'humanité.
Le problème auquel nous sommes, depuis peu, confrontés est différent, et plus grave: les oeuvres existent, mais la frontière entre la culture et le divertissement s'étant estompée, il n'y a plus de lieu pour les accueillir et leur donner un sens. Elles flottent donc absurdement dans un espace sans coordonnées ni repères. Quand la haine de la culture devient elle-même culturelle, la vie avec la pensée perd toute signification.
Parce que, malgré mes efforts pour ralentir le galop du temps, j'avance irrémédiablement en âge et aussi, je l'avoue, parce que je souffre des épithètes inamicales parfois accolées à mon nom, le moment m'a semblé venu de faire le point et de retracer mon parcours sans faux-fuyants ni complaisance.
« Beaucoup de grands auteurs juifs d’après 45 ont écrit de façon saisissante sur la condition animale. Ils la mettent en rapport avec la condition des juifs pendant la seconde guerre mondiale.
Cette sensibilité est liée au rapport qu’ils établissent entre ce qui a été infligé aux leurs et ce que l’on fait subir aux animaux. «
Elisabeth de Fontenay
( Elle cite Romain Gary, Adorno, Vassili Grossman, Isaac Bashevis Singer, Horkheimer,
Jonathan Safran Foer )