Adrienne Weick, lauréate du Grand Prix des enquêteurs 2022 présente "La Septième diabolique"
les bombardments de 1944, les pillages de la Libération (...) ont fait disparaître tant de documents. Il faut se résigner à l'idée que bien des mystères resteront inexpliqués à jamais.
Il s’ingéniait à demeurer le marginal minoritaire face à tous les courants, politiques, artistiques, quitte à changer souvent d’avis car le siècle n’a pas manqué de revirements. En matière littéraire, là aussi, il partit en guerre contre le courant dominant, le roman naturaliste que représentait Zola.
Il a failli faire de la prison, notamment pour Les Diaboliques, un recueil de nouvelles sulfureux, qui mettait en scène une bonne société corrompue dont les crimes se dissimulaient derrière la bienséance. Sa théorie était que les plus grands crimes n’étaient pas ceux qui emplissaient les tribunaux mais ceux qui se déroulaient en silence, derrière les rideaux tirés des hôtels aristocratiques.
Mon rôle consiste surtout à mettre en relation des propriétaires de domaine et des clients à la recherche d’un lieu de charme ou de prestige. Nous sommes nombreux en Normandie à tenir à bout de bras des maisons historiques aussi vastes que délabrées. Leur entretien tourne au casse-tête. Une location pour une soirée apporte un complément de revenu appréciable et permet de faire des travaux.
Timide, Étienne fuyait les conflits ; l’agressivité d’Anne l’avait tétanisé, au point que, à sa grande honte, il avait eu un instant les larmes aux yeux. Alors qu’Anatole avait dominé la situation, désarmé la maîtresse de maison, et même arraché, par son numéro d’acteur, un prolongement de leur séjour. Aurait-il été capable d’en faire autant ? Il connaissait la réponse, sans se l’avouer.
Que cherchait le quinquagénaire en revenant sur les traces de ses méfaits ? Retrouver la maison où il avait pénétré autrefois, mais dans quel but : se venger des propriétaires, vingt-cinq ans plus tard ? Tenter à nouveau de dérober des manuscrits ? Malgré leur rapprochement de la veille, Étienne ne parvenait pas à se faire une opinion sur son imprévisible colocataire.
L’impuissance soulevait en lui une sourde colère, mais il se sentait accablé, incapable d’influer sur le cours des événements, et convaincu que sa fin était proche. Avant de sombrer à nouveau dans l’inconscience, persuadé de quitter ce monde, il éprouva le regret de devoir se contenter de cet étudiant désinvolte comme ultime témoin de ses derniers instants.
Des anecdotes ? Facile à dire. Parfois ce sont des événements franchement désagréables, dit Méhidier en remontant ses petites lunettes sur son front. On a affaire, le plus souvent, à des donateurs généreux et des chercheurs scrupuleux. Il arrive pourtant qu’on tombe sur des individus à la déontologie douteuse.
Une histoire vraie, ou inspirée par un événement autour duquel il a bâti une intrigue effroyable. Les récits des Diaboliques sont épicés, vous devriez les lire. Tout y passe, inceste, viol, meurtre. S’il a jugé prudent de garder cette ultime histoire dans ses tiroirs, cela en dit long sur son contenu.
Des images fugitives de la scène surgissaient dans son esprit ; un obstacle, le basculement, le vide, le vertige, la pluie. Quelque chose ne collait pas, une image le dérangeait, liée à sa chute, mais il ne parvenait pas à fixer son attention.