Le fil rouge de ce nouvel épisode ? L'amour.
Sept conseils de lectures, proposés par sept libraires de Dialogues, des livres pour tous les âges, pour tous les goûts, pour toutes les sensibilités, et qui, chacun, nous parle d'amour à sa façon.
Voici les livres cités dans cet épisode :
Normal People, de Sally Rooney (éd. de l'Olivier) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/18431293-normal-people-sally-rooney-editions-de-l-olivier ;
Ada et Graff, de Dany Héricourt (éd. Liana Levi) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23009211-ada-et-graff-dany-hericourt-liana-levi ;
J'ai péché, péché dans le plaisir, d'Abnousse Shalmani (éd. Grasset) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23136090-j-ai-peche-peche-dans-le-plaisir-abnousse-shalmani-grasset ;
Forough Farrokhzad, oeuvre poétique complète (éd. Lettres persanes) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/13210169-forough-farrokhzad-oeuvre-poetique-complete-forug-farroh-zad-persanes ;
Je serai le feu, de Diglee (éd. La ville brûle) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/19776423-je-serai-le-feu-diglee-la-ville-brule ;
Les Choses de l'amour, de Dorothée de Monfreid (éd. Misma) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/16724027-les-choses-de-l-amour-dorothee-de-monfreid-misma ;
Le Chevalier aux épines, tomes 1, 2 et 3, de Jean-Philippe Jaworski (éd. Les Moutons électriques) : https://www.librairiedialogues.fr/recherche/?q=le+chevalier+aux+%C3%A9pines ;
Sans crier gare, de Gary D. Schmidt (éd. École des Loisirs) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23027151-sans-crier-gare-gary-d-schmidt-ecole-des-loisirs ;
Plein ciel, de Siècle Vaëlban (éd. Castelmore) : https://www.librairiedialogues.fr/livre/23128671-plein-ciel-edition-reliee--siecle-vaelban-bragelonne.
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La beauté est à vivre avant tout. C’est si banal et en même temps si terrible, un soleil qui se couche. C’est un adieu aux yeux de tous, une théâtrale disparition.
Sa prose sent l’encens et les roses gorgées de soleil, elle fait le bruit de l’Espagne brûlée et des émois amoureux, elle a le goût d’une peau ambrée qui vient de jouir et l’odeur du papier bible, ce même mélange de sacrilège et de sublime. En cet instant, rien ne compte d’autre que ça : la littérature.
Écrire ne serait-ce donc que ça, une manière désespérée de conserver ce qui meurt ?
Évidemment les vivants, tant qu’ils sont vivants, ne semblent rien avoir de précieux. Une voix que l’on entend chaque jour n’a que peu de valeur sur le marché du souvenir. Mais on oublie bien vite qu’ils peuvent disparaître à tout instant. Qu’il faut prévoir, se tenir prêt à affronter la mort et ses ravissements. C’est un leurre, on n’y parvient jamais, ce n’est jamais assez.
ADIEU
N'oublie pas, mon trésor, qu'on s'est aimées un jour.
Libérée aujourd'hui, cependant, souviens toi
Qu'il était nu, poisseux, humide, notre amour,
Et que toute ta peau frémissait sous mes doigts.
Le monde avance, et toi avec, tu te convaincs
Que rien de tout cela n'a existé vraiment.
Crois moi : ton coeur se moquera de ton chagrin.
C'est un étrange traître, aux costumes changeants.
Remords, remémorer - ces syllabes sont soeurs,
Si elles sonnent pareil, qu'il en soit donc ainsi !
Va, passe de mon coeur à un tout autre coeur,
Mais remémore-toi notre amour à demi.
(Vita Sackville-West)
Debout face au large, je pense aux plages comme à des morceaux de moi éternellement léchés et nettoyés par la houle. A cet instant j’ai la certitude que cette plage-ci, la plage de Port Maria, gardera pour toujours en son sable une part de celle que je suis aujourd’hui. Je me suis fondue dans ce décor, offerte à lui, j’aurais aimé me baigner nue dans cette mer pour faire peau neuve, pour qu’elle m’accouche. Au lieu de ça je lui ai laissé mes doutes, quelques larmes, et un dessin de mon amoureux. Elle a tout avalé.
Le soleil irradie, bas et rouge, il enflamme toute la partie basse du ciel. Le bleu presque électrique de la mer vibre à l'unisson avec le camaïeu orange du ciel. Tout ça finit dans un dégradé pastel presqu'obscène. Je tente quelques photos, mais toutes sont plates, tellement en dessous de la réalité. Et puis pour quoi faire ? La beauté est à vivre avant tout.
J'emmagasine des nuits contre toi
Peuplées de lourds cauchemars de fleurs closes
Des piles de midis
Enroulées au noyau
Solitaire du
Soleil
(Mina LOY)
[....]
Nous sommes à nous deux toute l'immensité
Rien n'est si beau que toi quand je vois que tu m'aimes,
Nous sommes un amour au-dessus de nous-mêmes,
Indicible, immuable, extrême, innocenté.
Qui connaîtra jamais la muette musique
Emanant de nous deux quand nous nous regardons,
Et même détournés, figés, sans abandons,
Ah ! notre grand plaisir idéal et physique.
(Jane Gatulle-Mendès - Jeanne Mette)
AMOUR
Lors
Tes lèvres d'amour entrouvriront ma vulve
Et boiront mon désir
Comme on boit un vin fou
Ce désir
Qui courait au long de mon échine
Et faisait se cambrer mes reins
A ton toucher si doux
Lors
Je ne saurai plus si c'est moi que tu aimes
Ou seulement
Ta joie
De me donner l'amour
(Simonne Michel Azais)