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EAN : 9782825142943
540 pages
L'Age d'Homme (02/05/2013)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Abdijamil Nourpeissov est né le 22 octobre 1924 à Aral, au Kazakhstan. Cet écrivain kazakh, membre de l’Union des écrivains d’URSS et de l’Union des écrivains du Kazakhstan, a été Lauréat du Prix d’État d’URSS (1974). Il jouit du prestigieux titre d’Ecrivain du Peuple du Kazakhstan (1985).

Vétéran de la Seconde Guerre mondiale, il s’enrôle à 18 ans dans l’armée. Il devient membre du PCUS en 1943. À la fin de la guerre, il est officier politique et of... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Qu'elle est belle, dans sa pudeur, la littérature de ces lieux où règnent le froid, le givre et les blizzards... Leurs écrivains excellent souvent à retranscrire le tragique de l'existence humaine et à imprimer sur les âmes déchirées une consolation feutrée, tels nos pas sur la neige.

Nourpéissov, avec une écriture envoûtante de poésie (il a plusieurs fois été pressenti pour le prix Nobel) évoque le destin apocalyptique de l'Asie centrale sous l'ère soviétique. La nature et les hommes sont sacrifiés à l'injonction productiviste.
Outre les essais nucléaires et les expériences bactériologiques avec leurs cortèges d'enfants handicapés physiques et mentaux, l'auteur pousse un cri d'alarme sur la catastrophe de l'assèchement de la mer d'Aral, accélérée par le pouvoir dans les années 80 en vue d'y cultiver du coton.
"La pauvre mer condamnée ressentait une soif terrible, ressemblait à un malade vivant ses derniers jours."
S'entremêle à ce plaidoyer écologique une histoire d'amour poignante et douloureuse, au sein d'un trio d'amis d'enfance dont le héros, dans son inaptitude à être au monde, rappelle avec virtuosité l'Idiot de Dostoïevski.
Complots, aberrations, lâcheté, trahisons, violence et extinction semblent être la malédiction qui échoit dès la naissance aux enfants de ces villages de pêcheurs miséreux et affamés et dont l'auteur brosse la vie intime avec une rare profondeur psychologique. Car, au-delà des circonstances de temps et de lieux propres à cette fresque sociologique où les mers elles-mêmes sont mortelles, l'impermanence, l'incomplétude et la solitude ne condamnent-elles pas souvent nos idéaux figés à de glaciales et macabres convulsions...
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Pour développer la culture du coton dans les terres arides et peu peuplées du Kazakhstan, il faut irriguer. Pour irriguer, le pouvoir soviétique a construit d'énormes barrages sur les deux fleuves, Syr-Daria et Amou-Daria, qui se jetaient dans la mer d'Aral. Privée d'eau la mer disparait, ne laissant que de mornes plaines salées et stériles : "la pauvre mer condamnée ressentait une soif terrible, ressemblant à un malade vivant ses derniers jours."
De cette catastrophe écologique, Nourpeissov fait une tragédie antique où ne manquent ni Cassandre, ni malédiction, ni destinée fatale.
Il y avait là des éleveurs de chameaux, de brebis, une communauté de pêcheurs. le directeur du kolkhoze, Jadiguer, partage leur détresse et vit lui aussi le drame. Il est le lanceur d'alerte (expression plus moderne que "Cassandre") auprès des autorités. Mais les autorités sont représentées par Azim. Et là, ça se complique, car Jadiguer et Azim, des amis d'enfance, aiment la même femme. le récit de leur jeunesse et de leur rivalité entrecoupe le roman.
L'ensemble est remarquablement écrit, dans une belle langue poétique (quelques menues imperfections dans la traduction d'Athanase Vantchev de Thracy).
Mais.
Comme.
La.
Narration.
Est.
Leeeente.
Moi qui adore les pavés, j'ai subi les interminables états d'âme de Jadiguer sans parvenir à m'attacher au personnage, et du coup il m'a été difficile de réellement apprécier ce roman, malgré ses incontestables qualités d'écriture - et son message écologiste.
Challenge Globe-Trotter (Kazakhstan)
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Oui, telle avait été la volonté de la Mère Nature. Elle avait créé au milieu des steppes désertiques une mer d'un bleu splendide, semblable à une coupe d'eau claire. Deux fleuves puissants, comme les deux seins d'une mère, l'avaient généreusement nourrie depuis la nuit des temps. Mais à ce moment-là, il était si triste, si pitoyable de la voir se rétrécir, s'endormir, se dessécher, être moins profonde de quatre hauteurs d'hommes, s'ensabler. Parfois, tout le long d'un été torride, elle ne recevait même pas une outre d'eau de ces deux grands fleuves jadis si abondants - le Syr-Daria et l'Amou-Daria. Alors la pauvre mer condamnée ressentait une soif terrible, ressemblait à un malade vivant ses derniers jours. Et, comme au chevet d'un malade condamné, on avait vu venir toutes sortes de guérisseurs et de vieilles devineresses. Ainsi, autour de la mer en péril s'agitaient depuis plusieurs années une foule d'augures et de prophètes. Tout à l'heure, l'un d'eux avait prédit, l'écume à la bouche, que dans cinq ans, la mer d'Aral se diviserait en deux, laissant au fond une épaisse saumure.
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De mon temps, les mains de l'homme dominaient tout, alors qu'à présent, c'est le règne du fer. Vous vous déplacez dans des machines en fer. Vous volez dans des oiseaux de fer. Dans la maison aussi tout est en fer. Même votre espèce de boîte, là, qui ne cesse de jacasser et vous raconter, jour et nuit, des commérages du monde entier, est en fer. Comme vous adorez le fer et dépendez partout de lui, comment pouvez-vous vraiment trouver une place pour la miséricorde ? Quand toute votre âme et tout votre corps seront enserrés dans le fer, malheur à qui n'aura pas un caractère de fer.
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Tu comprenais de plus en plus clairement que tu n'avais pas ta place ici et tu ressentais avec une profonde douleur que tu n'étais pas solitaire seulement dans ta vie, mais aussi dans ta propre maison. Et dans le vide de cette immense demeure, ton âme s'enfonçait dans un abîme de douleur... Quoi que tu dises, repue ou affamée, l'âme humaine reste toujours une orpheline.
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Nous sèmerons du coton (...) Nous cultiverons du riz... Nous érigerons des agrovilles. Nous construirons des maisons élégantes. Des palais de pierre blanche...
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