Avec ce prix Renaudot, je découvre une auteure que je n'avais encore jamais lue.
L'histoire, assez courte et sans grandes péripéties, c'est celle d'Alex, une musicienne qui, un matin, décide de quitter Paris et son tumulte pour aller s'exiler dans un coin perdu du Finistère. La maison qu'elle loue, elle l'a dénichée sur le net, c'est une maison sans charme et glaciale l'hiver, loin des zones habitées. Mais la mer est là, tout près.
« Et brusquement, elle le voit. L'océan est là, au bout de la petite route à une centaine de mètres. Elle voit le blanc du sable, et la ligne qui sépare le bleu du ciel de l'eau. Elle commence à sentir l'air marin au fur et à mesure qu'elle se rapproche »
Cet isolement que la musicienne quadragénaire a voulu, loin de ses amis, doit lui permettre, enfin elle l'espère, de se recentrer sur sa musique et de composer un nouvel album solo. Dans sa solitude, elle se recentre sur elle et revient sur sa vie qu'elle fait dérouler comme les séquences d'un film. Elle explore ses relations amoureuses, Lou, Margot ou encore Jean qu'elle vient de quitter et à qui elle ne parle plus. Dans cette maison inconfortable et isolée, elle organise une nouvelle existence.
« Elle ne se sent pas seule, ici, et elle ne l'est pas. Elle est entourée de tous les génies imaginables à chaque seconde. Il lui suffit de mettre n'importe quel disque, de plonger dans n'importe quel film, d'ouvrir n'importe quel livre. Elle parle à ses fantômes en permanence. »
Puis c'est le confinement dû au Covid. Ses amis parisiens le vivent avec difficulté tandis qu'elle, sur son bord de mer, poursuit ses promenades sans rien changer à ses habitudes.
Le long de ce récit intimiste, passent les vies de ses amis. Il y a Margot dont le petit frère s'est suicidé, et Jacques qui ne sait comment quitter son jeune amant. Et surtout Jean, l'ami devenu son amant et qu'elle a quitté. Il lui renvoie son amertume et son mépris en disant d'elle qu'elle n'est qu'une « petite conne habituée à être courtisée et à qui tout est dû. Une égoïste qui s'est servie de lui à un moment où elle se sentait trop seule. »
On croise aussi Léo, jeune homme fracassé, qui ne fera que couper la trajectoire d'Alex.
Ces personnages qui gravitent autour d'Alex comme des papillons attirés par la lumière, nous en disent davantage sur la personnalité complexe de l'
héroïne.
Tous ont perdu leurs illusions, et l'épidémie de Covid ne fait qu'accélérer les choses. Peut-être qu'Alex est précurseur en voulant d'une autre vie déconnectée des réseaux sociaux et loin de Paris afin de se retrouver.
Ce sont tous ces personnages qui sont
les insolents du titre, mais j'avoue ne pas avoir très bien compris ce choix des insolents pour des personnages dont l'auteure nous montre les fêlures.
Avec une écriture sans fioriture et tout en nuance,
Ann Scott nous offre un récit intimiste et mélancolique et un portrait de femme tout en finesse.
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