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sur 505 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Alex est musicienne, parisienne, bisexuelle. Elle compose des musiques de films, gagne bien sa vie, a deux meilleurs amis, Margot et Jacques. Inséparables, ils se perdent pourtant un peu dans les nuits parisiennes, la drogue, l'alcool, la fête. Alex se met en danger, Margot s'abîme et Jacques est l'équilibre entre les deux.

Alex va quitter brusquement Paris et ses amis, louer une maison jamais visitée au bord de la mer, loin de tout, au bout de tout. Elle a besoin d'autre chose, d'exil, de silence, surtout de silence. Mais pour vivre comme ça, sans véhicule, les difficultés sont nombreuses et Alex va devoir apprendre. On va la suivre sur quatre saisons, ainsi que Margot et Jacques restés à Paris et Léo qui n'habite pas très loin de chez Alex et qui a eu un coup de foudre pour elle.

Le point commun entre ces personnages sont les traumatismes et la solitude, la solitude parmi les autres. Si certains s'enlisent et n'arrivent pas à se construire, d'autres se servent de leurs failles pour se retrouver et en faire une force.

Quelques soient les raisons pour lesquelles Alex a quitté Paris, elle va trouver son équilibre, seule, au bord de cet océan, malgré les contraintes logistiques de sa vie, et va se rendre compte qu'elle n'a plus besoin de travailler, elle n'en a pas envie. Regarder un lever de soleil, écouter le bruit du ressac, hypnotique, le silence de la maison, vont lui permettre de trouver la paix, une certaine sérénité.

Le covid va faire son apparition, ne changeant en rien les habitudes d'Alex et Léo. Margot et Jacques, en revanche, vont souffrir du premier confinement. Léo va décrire son ancien emploi chez un géant des réseaux sociaux, avec le constat de la violence angoissante et habituelle.

C'est un roman actuel, d'une écriture simple mais combien percutante, avec de multiples sujets. J'aime partir loin de tout et me retrouver loin de toute cette violence sociétale, je me suis retrouvée dans la nouvelle vie d'Alex avec toutes les difficultés rencontrées, dans le constat de Léo, dans cet équilibre précaire qui peut nous faire vaciller à tout moment. Une belle découverte, une pépite.


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«Dans cet autre Finistère»

Ann Scott a amplement mérité son Prix Renaudot avec ce roman d'une rare élégance qui suit l'installation d'une compositrice de musique en Bretagne. À l'approche de la cinquantaine, elle laisse ses proches et sa vie bien rangée pour une vie solitaire, recentrée sur l'essentiel.

Trente ans séparent les deux premiers chapitres de cette histoire. Dans le premier, une jeune fille part à New York s'acheter une guitare qu'elle va se faire voler avec sa valise. Son billet d'avion, resté dans la poche de son jean, va lui permettre de se faire faire des papiers provisoires et de rentrer chez elle.
Dans le second, à l'approche de la cinquantaine, elle repart en voyage. Elle quitte Paris pour aller s'installer dans une maison au bord de l'océan, dans un village du Finistère. Une maison où elle imagine dès son arrivée, qu'elle va se sentir bien. En entendant ses meubles et la visite du propriétaire, elle commence à apprivoiser son nouvel espace, essaie de faire du feu, se promène pieds-nus sur la plage. Mais elle ne peut se départir d'un sentiment de culpabilité à chaque fois que son portable sonne et qu'elle se rend compte qu'elle ne reverra sans doute plus nombre de ses amis et connaissances, à commencer par Jean. "Elle sait que ce qu'elle a fait est impardonnable. Ça n'existe pas de passer de meilleure amie à petite amie au bout de quinze ans. Quand quelqu'un confesse brusquement qu'il est amoureux depuis le début et qu'il a besoin de couper les ponts parce qu'il n'arrive plus à gérer, faut le laisser partir, pas envisager la chose pour le retenir. Même si le mail qu'on reçoit est sublime. Même si personne ne nous avait encore jamais rien dit d'aussi beau, d'aussi habité, d'aussi définitif."
Puis, pendant trois ans environ, il y a eu Lou. Des mois à se chercher et à se rapprocher et des mois à hésiter, Lou ne voulant pas tromper son amie. Puis la force du désir, l'envie de se toucher, se sentir et se prendre, malgré la peur, malgré ce malaise qui signait pourtant la fin d'une relation avant qu'elle ne commence.
Alex essaie de l'oublier dans ce coin perdu de Bretagne où elle s'installe maintenant que les déménageurs sont passés et qu'elle va pouvoir installer son studio. Mais avant, il y a des dizaines de cartons à vider. "Mais comment les déballer sans qu'une chose ou une autre lui fasse penser à Jean. Ou à Lou."
Avec le temps, elle va pourtant finir par prendre ses marques, même si, "à ce stade elle ne sait toujours pas si elle est venue ici pour se sentir en sécurité ou se mettre en danger, mais si elle veut danser toute seule au milieu du salon à trois heures du matin sur Losing My Religion à fond, elle peut.
À propos de danger, un homme croisé près de chez elle accapare ses pensées. Et réciproquement. Cabossé par la vie, il se dit que cette femme pourrait bien être celle avec laquelle il pourrait remonter la pente.
Découpé en trois parties, le roman va alors verser dans l'introspection, un peu comme le monde qui découvre avec la covid et le confinement de nouvelles raisons de s'interroger.
Ann Scott réussit à merveille à rendre cette atmosphère particulière, un peu suspendue, qui régnait alors. Et qui bousculera bien des certitudes, remettant en cause des vies trop formatées, trop artificielles. le choix d'Alex d'aller se ressourcer en Bretagne n'était-il pas prémonitoire? Si elle est loin d'avoir trouvé les réponses qu'elle cherchait, elle a déjà trouvé un chemin pendant que d'autres errent toujours. Un roman à lire avec L'autre Finistère en bande-sonore:
Il est un estuaire
Un long fleuve de soupirs
Où l'eau mêle nos mystères
Et nos belles différences
J'y apprendrai à me taire
Et tes larmes, retenir
Dans cet autre Finistère
Aux longues plages de silence


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Je suis encore très marquée, trois ans après, par la lecture de la grâce et les ténèbres le précédent roman de l'autrice. Celui-ci est très différent, et pourtant, il a eu sur moi un véritable impact.
Peu avant, j'avais lu le roman d'une autrice qui espérait que le lecteur/la lectrice se retrouverait dans un des personnages du récit, ce ne fut pas le cas. Dans Les insolents, je me suis sentie proche des personnages, non parce que l'héroïne a mon âge, non parce qu'elle est proche de ses amis (qui ne sont pas si nombreux que cela), mais parce qu'elle ne fait pas partie de ses personnages qui ont construits une vie dans la norme avec mari/enfants/maison/travail stable. Alex est seule, elle déménage, seule, et se sent parfaitement bien ainsi. Musicienne et compositrice, elle peut vivre partout, elle a simplement besoin de son matériel et de calme – et de faire des courses, pour ne pas manquer de provision. Elle et ses amis baigne dans la culture, dans un milieu où l'homosexualité est parfaitement acceptée. A mon grand étonnement, la bisexualité l'est moins, il suffit de lire les commentaires de Jean, ex-amant/ami d'Alex.
Alex, Margot, Jacques sont véritablement amis parce qu'ils s'acceptent tels qu'ils sont, sans chercher à changer l'autre. Bien sûr, cela ne l'empêche pas, parfois, de ne pas comprendre pourquoi l'autre agit ainsi, de s'agacer de certains travers, mais jamais les habitudes, les caractères, les phobies des uns et des autres n'ont distendu les fils de leur amitié – ce qui ne les a pas empêchés non plus de craindre, parfois, que leur amitié se distende.

J'ai aimé lire ce récit, j'ai aimé croiser ces personnages, parfois bien plus cabossés par la vie qu'on ne peut le croire en s'en tentant seulement aux apparences – je pense à Léo, qui croise Alex de temps en temps, et dont nous découvrons le passé par petites touches, je pense aussi à Margot, qui ne peut surmonter un fait qui a construit sa personnalité. Un des thèmes sous-jacents est le lien parents/enfants, ou plutôt la manière dont les parents et les enfants voient ce qui les unit – quand ils ont réellement quelque chose qui les unit, quand les parents sont même capables de voir réellement leur enfant, de prendre en compte son ressenti. S'en détacher n'est pas forcément évident.
La narration nous mène dans le passé, et nous projette aussi dans l'avenir, élargissant ainsi ce récit, qui semblait pourtant contenu en un laps de temps très précis. Encore une fois, il ne faut pas se fier aux apparences.
Merci aux éditions Calmann-Lévy et à Netgalley pour ce partenariat.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Je viens juste de terminer "Les Insolents". Je découvre cette talentueuse auteure avec ce roman qui m'a captivée dès la première page. 

L'histoire tourne autour d'Alex, Margot et Jacques, une amitié indéfectible. Pourtant, Alex, compositrice de musique de films, brave les sentiers battus et quitte Paris à 45 ans pour réaliser son rêve d'une vie solitaire dans un endroit isolé dans le Finistère.

Ce roman est d'une grande beauté, d'une grande acuité et d'une grande tristesse aussi. Il plonge dans les méandres de la solitude, des remises en question et des réflexions existentielles. À travers ce roman, l'auteure soulève des interrogations profondes sur le sens de la vie, les aspirations non concrétisées, et même les côtés absurdes de notre société actuelle et les pièges des réseaux sociaux.

L'écriture de l'auteure est superbe, fluide, incisive et tellement addictive ! J'ai été transportée par cette histoire et le désir brûlant d'isolement et d'océan qui en découle.
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Roman court plus qu'exquis.

Les digressions des 4 personnages présentés au passés tous plus tragiques les uns que les autres remet en question des sujets comme les réseaux sociaux , la solitude et de manière générale les relations entre les hommes.

Une lecture courte mais d'une intensité profonde.
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Une pépite littéraire, mordante, crue, honnête et sans démagogie.
Par le projet fou d'Alex, impulsé par une pulsion de mouvement, et sa mise en oeuvre, nous sommes transportés dans cette dimension que nous avons tous refusé dans notre vie : celle qui jugée déraisonnable par notre esprit formaté ; indispensable et essentielle par notre coeur. Bien souvent, les conventions prennent le pas sur la folie. Alex décida d'en être, de ces fous qui n'ont écouté personne.
Toutes les personnes qui gravitent autour d'Alex apporte une vision propre de la société actuelle, et l'autrice, avec une franchise rare, percute l'esprit du lecteur jusqu'à le rassurer quant à sa vision pessimiste du monde.
toutes ces pensées que l'on ne s'autorise pas, tout ces détails et situations qui nous semblent tordues et illégitimes, sont exposées au fil des pages.
On lit ce livre, non pas pour frissonner d'effroi, ni penser à autre chose, mais pour se rassurer et apprendre. Absorber.
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Les insolents” d'Ann Scott est le roman qui a reçu le prix Renaudot 2023. Je ne suis pas une amatrice des prix littéraires en général mais là j'ai eu un vrai coup de coeur pour ce roman mélancolique et profond. On suit l'histoire de trois amis quinquagénaires, Alex, Margot et Jacque qui arrivent à un point leurs vies où ils remettent tout en question. Alex, notre héroïne plaque sa vie de bobo parisienne pour une petite maison en Bretagne. Ses deux meilleurs amis ne comprennent pas son choix mais comme un écho, son départ va remettre en cause beaucoup de choses dans leurs existences.

Le récit est simple et les personnages ressemblent à tout le monde. Cependant, je m'y suis reconnue dans tous ces questionnements sur la vie, sur notre vie. C'est une réflexion sur la société, sur notre mode vie qui peut paraître absurde et dénoué de sens. C'est beau, poétique et extrêmement bien écrit, j'ai passé un très bon moment. le seul défaut de ce livre, c'est son côté un peu trop mélancolique à mon goût. Il faut dire que les trois personnages sont assez bien abîmés par la vie et ont eu leurs lots d'épreuves comme tout un chacun. Je finis cette chronique sur cette citation qui m'a bien plu :

“Même si personne ne nous avait encore jamais rien dit d'aussi beau, d'aussi habité, d'aussi définitif. Même si on est fatigué d'alterner passions ineptes et période de célibat. Même si la complicité donne le sentiment que jamais on ne s'ennuiera ensemble. Même si on pense que l'affection qu'on a pour la personne et telle que ça compenserait le fait de n'être pas amoureux. S'il n'y a pas de désir, c'est même pas la peine.”

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Compositrice de musique de films, Alex décide de quitter Paris et ses précieux amis, Jacques et Margot, pour s'installer dans le Finistère. À 45 ans, la ville ne l'enchante plus et les bruits constants de ses voisins d'appartement l'épuisent. Alex pose son sac à dos dans une maison choisie sur photo, et se crée un nouveau quotidien plus reposant, prenant alors le temps de penser à tout ce qu'elle a vécu jusque-là et à ce qu'elle souhaite faire désormais de sa vie.
Si Les Insolents tourne autour de la figure d'Alex, singulière et décidée, une constellation d'autres personnages gravite autour d'elle. Alors qu'Alex part au bord de la mer, nous découvrons les parts d'ombre de Margot et Jacques, restés à Paris, ainsi que la trajectoire de Léo, un jeune homme qu'elle croise sur la plage lors d'une balade solitaire. Malgré leurs blessures, leurs espoirs déçus et leurs angoisses, tous ces êtres forment ensemble une galerie attachante qui attire la sympathie du lecteur.
Par une écriture apaisée et enveloppante, Ann Scott s'éloigne de la fureur du monde, comme un pied de nez à notre époque où tout va trop vite. Son roman, prix Renaudot 2023, se lit comme une invitation à prendre le large.
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Je ne connaissais pas Ann Scott, je n'avais rien lu d'elle et j'ai beaucoup aimé. C'est honnète, cohérent, profond. Cela fait du bien de plonger dans l'intimité d'un auteur qui nous ouvre sur ses doutes, ses déceptions, ses envies. Comme un envers du décor trop souvent montré, soit trop noir, soit trop brillant, loin du flou dans lequel nous esssayons chacune et chacun de donner un sens à nos vies. Regarder les choses en face sans pathos, cela fait du bien parfois.
Lien : https://www.lesmotsjustes.org
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Si "Les insolents", le dernier roman d'Ann Scott n'avait pas remporté le prix Renaudot 2023, j'aurais ignoré son existence, alors que "La grâce et les ténèbres" fait partie des livres qui m'ont le plus touchée ces dernières années

.On pourrait mal résumer l'intrigue en écrivant juste "Quitter Paris". Ce serait oublier les questions de physique omniprésentes, sur les trajectoires, les vitesses à laquelle on répond à un SMS dans la capitale ou en Province. Une parisienne qui se promène en bord de scène est-elle la même personne que celle qui ère sur une plage déserte ?

La lecture est très agréable, un peu comme si on écoutait une mélodie, des notes jouées à la perfection au piano. C'est une ballade, le long d'une route départementale, avec ses dangers et ses mystères, comme ce voisin possédant une arme, ou ceux dont on devine à peine la présence.

Le deuil est un personnage secondaire du roman "Les insolents". Il prend souvent la forme de fantômes. Plus on avance dans la lecture, plus les personnages sont en quelque sorte mis à nus. Les cicatrices, les blessures découvertes quand ils rebroussent chemin, quand il leur est impossible d'aller dans certains lieux, sont de plus en plus nettes. On comprend le traumatisme, mais on ne juge pas.
La pandémie, les morts et les mesures idiotes comme les attestations de sortie servent de décor à la fin de l'intrigue. Quand l'activité s'arrête à Paris, rien ne change, ou presque à la campagne, lors des promenades à pied, ou des courses en taxi. Ann Scott retranscrit cette atmosphère avec beaucoup de poésie, comme si elle composait une symphonie avec des moments forts où le tonnerre gronde et d'autres plus calmes, quelque fois au sein d'une même phrase.
Tout au long des lignes, il y a une réflexion sur la solitude. La fermeture des salles de cinéma, l'arrêt des concerts est le point de départ d'une réflexion artistique.





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