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EAN : 9798879860993
117 pages
ELP éditions (23/02/2024)
4.92/5   6 notes
Résumé :
Il y a dans la poésie de Thierry Noiret une recherche de dépouillement, une aspiration à la liberté, une fraîcheur textuelle. Dépouillée, son écriture reste articulée et construite, sans pour autant négliger la dimension automatiste susceptible de se manifester ici et là. Si les majuscules sont abandonnées, en un geste rituel assumé, c'est notamment pour éviter d'établir des distinctions normatives qui découleraient de conventions orthographiques héritées plutôt que... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Quand j'ai traduit le poème « reste » en roumain, j'avais eu une difficulté insurmontable pour le vers « des poèmes émerveillés », mais j'ai aussi eu un avant-goût de ce souffle unique d'une poésie qui s'affranchit élégamment de la ponctuation et réclame à être déclamée.
C'est donc bien à voix haute que j'ai lu le recueil de Thierry (prêté ensuite à Francharb3, sic !) en suivant le fil du « poème qui défriche la canopée » avec grâce et foi en la littérature. le lecteur n'a pas besoin d'être simplement « studieux », il sera « curieux » de progresser dans la lecture aisée de ces 36 poèmes et il touchera même son nez à la page 65, car il est 11 h 11 et… après avoir dansé avec « don jorg » (p. 21).
Plus qu'un « reste d'humanité », nous avons ici des aménités diverses et foisonnantes.
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L'auteur nous apprend dans sa préface qu'après l'avoir délaissée, il renoue avec la poésie.
Un échange avec un tiers lui en a insufflé le désir, que semble confirmer la naissance du premier poème — de l'aveu même de l'auteur, ce retour est vécu comme un rapprochement avec soi et comme un « ravissement ».

C'est donc avec ce premier texte fondateur que s'ouvre le recueil de trente-quatre poésies, « sans majuscule ». C'est très probablement aussi ce texte qui a façonné les autres poèmes, leur contenu, la couleur lyrique, la visée et le principe poétique formel, dont il est annoncé qu'il sera résolument tourné vers la musique.
Quant à la forme, pour en dire plus, elle est celle du vers libre, sans ponctuation, sans majuscule. Sans titre, les poèmes sont numérotés.

« reste
il y a le brouillard tous ces nuages
reste te dis-je même si le ciel était d'azur
les feuilles mortes pourrissent sous la neige
je n'ai plus de fleurs à t'offrir

Dès l'incipit, le lecteur partage la délectation de l'écrivain devant la prosodie qui, de texte en texte, va fleurir sous ses yeux.
« reste… » nous commande le poème. « Nous », dis-je, car on se sent appelé par cet impératif et prêt à recueillir cette prière murmurée comme une supplique adressée au lecteur.
Ce dernier ne demandera pas mieux que d'entrer plus avant dans ce jardin de fleurs, tant celui-ci est frais, tant il s'ouvre sans manières, sans poses, mais selon un projet authentiquement révélé.

Dès le deuxième poème, le lecteur comprend en effet que les trente-quatre poèmes sont l'émanation d'un vécu. Poème de l'existence, monde de l'observation, de l'apprentissage, et, somme toute, de l'expérience humaine, de l'épreuve de la vie…
« reste »… entend-il d'abord.

Puis :

« le poème n'est pas fiction […] »

« […] tout ce qui suit a été vécu et éprouvé (confie l'auteur dans sa préface) : le fleuve près duquel je vis, le quartier d'Uccle (très en pente) de mon enfance, mes voyages (Rome, Épi¬daure, Paris, Compostelle, Dublin, Samarkand...), mes lectures (Jorge Luis Borges, Ulysse, Voltaire, Érasme, Rabelais et ses géants...), mes premières amours (près du moulin à aubes ou dans une église) etc… »

Poésie de l'intime, aux inflexions amères (« le poème est un drame »), ou ensoleillées et lyriques (« le pain nourrit et renaît / chaque matin chez le boulanger »), non exempte ni des vicissitudes ni des inquiétudes sur le futur de l'Homme, voilà où se tient ce recueil qui exalte la beauté et le concret de la vie.

Il est fort juste et inspiré, cher Thierry Noiret, ce retour en poésie !

« déchiffrer l'alphabet cyrillique
déterrer la poussière
fouiller la décharge
de notre destinée
comme de vulgaires archéologues
creuser le passé jusqu'à
sa première partition

que retenir des enfers
sous la grammaire trouverons-nous
l'entropie
ou une autre plage

il y a de l'ancien dans notre existence
les civilisations jettent des ordures
nous nous baignons dedans
rien ne peut nous en laver
encore moins la dernière pluie

chaque matin nous cuisons
de nouveaux oeufs nés de vieilles poules
chaque matin nous croyons
au matin
mais hier nous avale dès le premier
café
[…] »

*

Quelques mots pour finir sur la maison d'édition québécoise où est paru ce beau recueil.
ELP Éditeurs, que je salue ici, est une petite maison d'édition accueillante mais exigeante. Animée par deux écrivains de grand talent, Daniel Ducharme et Paul Laurendeau, c'est une maison qui défend la littérature, selon des critères très sélectifs, et dans laquelle l'auteur est assuré d'avoir été choisi. le soin apporté à la fabrication des livres est par ailleurs en tout point remarquable.
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Ce recueil n'existerait probablement pas sans Babelio, sans les fils de conversation poétique (Merci @Morphil) auxquels j'ai participé et pour lesquels j'ai osé recommencer à écrire de la poésie.
Trente-quatre textes pour donner corps au temps qui passe et à l'absurde de la vie... Je laisse mes amis commenter et critiquer à leur envi.
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Après l'une des plus belles dédicaces qui soit : « à ma compagne Lucie qui chaque jour illumine le chemin qui me mène à l'écriture » (j'ai toujours adoré qu'on désigne son amoureux par « compagnon » et surtout c'est très beau quand l'amour conduit à l'écriture lumineuse, superbement accomplie comme ici), j'apprends, grâce à l'humour de Thierry que nous avons en commun deux passions : la fréquentation de babelio et les pâtes au pesto. Non, plus sérieusement, merci, Tandarica pour le prêt de ce recueil en effet SUBLIME !

Même l'auto-ironie est subtile :

« aujourd'hui le bibliothécaire claque
la porte échappe ses clés
oublie la consigne de silence
que va-t-il rester de mon livre
sur ce pupitre
ouvert à la page de demain ».

Quelle que soit la page, ouvrez, sans plus attendre, « sans majuscule » !

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sans majuscule est un carnet de voyage
un long poème divisé en plusieurs voix d'un chant unique
une marche qui ne minimise aucune étape
puisqu'aucune n'est en majuscule

j'ai beaucoup aimé ce recueil
me laissant porter par mon intuition
des fragments qui m'ont happé
d'autres sur lesquels je suis passé

le poète est un voyageur immobile depuis sa feuille
abreuvé de visions qui ne trompent pas
(ou alors il est très fort)

j'ai aimé le savant mélange des images entendues
d'autres plus insolites
des points de repères dans l'horizon de l'errance
qui ne rend jamais rance
mais toujours un peu plus humain

il est bon de lire une telle poésie
elle est douce forte sensible
et puissamment utile

merci
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
j'ai regret à vous parler
de ce pays inondé
qui a pour les parapluies
trop grande dévotion
les cathédrales s'agrippent
aux nuages
sinon
au rare azur
pour ne point sombrer

ainsi sont les hommes
ils surnagent
tandis que mes pieds
touchent le fond
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notre passé s'acharne
il ne mérite pas sa conjugaison
à nous voiler l'horizon

rien ne sert de se retourner
notre mémoire le saviez-vous
toujours nous précède
nous ouvre la porte qui nous
mène à sans lendemain
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fontaines
que me parlez-vous de mon avenir
le futur se devine mais
le passé le vécu
imprudemment on le néglige

on l'évacue dans la froideur
majestueux tout-à-l'égout
de tes eaux

le passé nous intranquilise
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la lune ce matin
usurpe dans le ciel
un trône
qui ne lui revient pas
tandis qu'un nuage lui fait son lit
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il me faut rester stoïque
les années passent
ça je le sais
le vent a beau souffler
je tiens la place
reste de glace
pas question de vieillir
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