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Pierre-François Veil (Autre)Jean Veil (Autre)
EAN : 9782290390689
224 pages
J'ai lu (03/01/2024)
4.41/5   178 notes
Résumé :
Mai 2006. Pour l’INA et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, face caméra, Simone Veil déroule le film de sa vie. Le soleil de Nice, une famille unie, républicaine et laïque, l’insouciance, la guerre, l’Occupation… Et, le 13 avril 1944, le convoi 71 à destination d’Auschwitz avec sa mère et sa sœur.
C’est la première fois qu’avec une grande liberté Simone Veil raconte le froid, la faim, les humiliations, les camarades, le rapport entre les hommes et les f... >Voir plus
Que lire après Seul l'espoir apaise la douleurVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (32) Voir plus Ajouter une critique
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A travers cet ouvrage, nous entendons Simone Veil se raconter, se souvenir de sa jeunesse, de sa déportation et de son retour. Il s'agit ici de la retranscription de son témoignage enregistré en mai 2006 lors de 2 rendez-vous pour l'INA.
Cette grand dame témoigne ici de ce qu'elle a vécu, de cette période durant laquelle elle a survécu et de ce devoir envers ceux qui ne sont pas revenu de témoigner.
Enregistré quelques temps avant la sortie de son autobiographie, je le découvre, quant à moi, quelques mois après avoir lu ses mémoires.
Elle m'apparait une nouvelle fois comme une personne de grande valeur, qui arrive, malgré les faits, à prendre du recul et à faire la part des choses.
En refermant ce livre, je me demande quel aurait été sa vision de notre société aujourd'hui...
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Le titre à lui seul résume la pensée qui a soutenu Simone Veil au cours des épreuves qu'elle a traversées. Trouver la force de survivre, de résister, d'étudier, de fonder une famille, d'affronter les critiques et les propos blessants en politique, pour ne pas s'effondrer, il fallait tenir la promesse faite à ceux qui ne sont pas revenus.

Et cette promesse, c'était de raconter la monstrueuse absurdité de la Solution finale, imaginée minutieusement pour éliminer des millions d'individus, par tous les moyens. Cette idée revient souvent dans le récit : longtemps après les événements, impossible de comprendre les mobiles des assassins, les raisons de cet acharnement à massacrer des bébés, des vieillards, des infirmes, des femmes enceintes, des adolescents.

Les traitements sadiques, les humiliations, la mort comme finalité à une échelle industrielle, toute cette organisation macabre ne s'explique que par une sorte sorte de démence collective à laquelle participent de simples citoyens comme de hauts gradés. Chacun d'eux peut devenir bourreau, reniant toute trace d'humanité, de compassion, de pitié.

Cela s'est passé non au temps de Gengis Khan ou ou d'Ivan le Terrible, réputés pour leur iniquité. C'est arrivé au XXème siècle, celui du progrès technologique et des conquêtes sociales.
Et il faut remercier tous ceux qui oeuvrent pour que ce qu'on a appelé la barbarie nazie ne s'efface pas des mémoires et des manuels d'histoire.
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Quelle lecture. J'admire le parcours de Simone Veil depuis très longtemps, et ça faisait longtemps que je n'avais pas eu l'occasion de me replonger dans un livre qui lui est consacré.

Il s'agit ici de la retranscription d'une interview donnée pour l'INA et la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, de 2006, où elle retrace pas à pas son parcours, d'avant la Seconde Guerre Mondiale jusqu'à la libération des camps, puis retrace les conséquences que la déportation a eu sur sa vie et ses combats par la suite.

On a beau déjà connaître son histoire, c'est toujours autre chose de le lire par ses propres mots. Présentés sous forme de fragments de quelques pages, on suit pas à pas son parcours complexe, sa déportation de camp en camp, son courage pour se relever malgré les pertes et la tentative des médias d'invisibiliser ce qu'il s'est passé. C'est une lecture intense, très difficile parfois, mais terriblement honnête. Simone Veil ne cache rien et va directement au fond des choses, peu importe si cela dérange. Ce qui importe, comme elle le dit elle-même, c'est le devoir de transmission, plus que nécessaire quand on voit que malgré tout, l'histoire continue de se répéter dans certaines parties du monde aujourd'hui.

Certains passages sont criants d'horreur, notamment lorsqu'elle aborde le sort qui est arrivé aux enfants déportés et qui l'a traumatisée, étant donné que c'est une thématique très abordée dans le témoignage, d'autres sont plus doux, comme lorsqu'elle évoque ses souvenirs de famille ou sa rencontre avec Antoine Veil.

C'est une femme qui a vécu mille vies, et chacune d'entre elles laisse ressortir sa combativité, sa persévérance et son refus de laisser oublier.

Mon unique reproche serait que j'ai parfois trouvé le découpage des chapitres un peu étrange et pas forcément très logique, mais dans l'ensemble, c'est une excellente lecture qu'il est très difficile de lâcher.

Je recommande vivement ce livre à tout le monde. Plus qu'une leçon sur le devoir de mémoire, c'est une leçon de vie et d'espoir, et l'espoir, on en a bien besoin en ce moment. C'est une grande dame que tous les enfants aujourd'hui devraient connaître, ne serait-ce que de nom.
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En 2006, la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et l'INA ont recueilli plus de 100 témoignages sous forme d'entretiens filmés. Chaque témoin a raconté son histoire. le témoignage de Simone Veil sera le 101ème. Avec bienveillance et beaucoup d'émotions, Simone Veil s'est confiée intimement sur son passé et ses engagements pour l'Europe.
Pendant de nombreuses heures, elle déroule sa vie : de son enfance heureuse à Nice, de son éducation dont elle a puisé sa force et ses combats, sa déportation avec sa soeur et sa mère, les dix-huit mois passés dans les camps, la marche de la mort, le décès de sa mère et son difficile retour avec cette impossibilité de parler, d'exprimer l'impossible dans une France qui se reconstruit et préfère mettre en avant les héros que les victimes.
Dans ce très beau récit, ce sont aussi ses nombreux combats qui sont mis en avant et notamment son engagement pour l'Europe qu'elle tient de sa mère et qui selon elle, est l'avenir.
Témoigner face caméra, c'est pour cette femme courageuse et modèle, nous dire qu'il ne faut pas oublier, qu'il faut parler, commémorer et passer le message aux générations futures.
Un livre nécessaire et bouleversant.
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Un témoignage bouleversant et passionnant de Simone Veil qui fut déportée à Auschwitz notamment et fut ministre de la Santé. Elle y raconte son enfance heureuse, la guerre, son arrestation, la déportation, son retour difficile, ses études, la rencontre avec son mari, ses enfants, l'incompréhension de certains et son engagement pour la fondation de la Shoah. Un ouvrage très émouvant.
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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
Il y a quand même des histoires merveilleuses comme ça, de temps en temps, des histoires de gens qui, après tant de malheurs, tant de difficultés, s'en tirent. Et pour nous, elles ont été formidables...P124
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Au Cambodge, c'est une classe sociale qu'on élimine, avant tout pour que les Khmers rouges n'aient plus qu'à faire leur révolution, tranquilles...Au Rwanda, c'est la suite d'un long conflit, d'une rivalité entre Hutus et Tutsis...Là, je pense que le contexte n'est pas du tout religieux, ce n'est pas l'antisémitisme classique, traditionnel, chrétien, contre ceux qui ont tué le Christ. Ce sont...des êtres néfastes, qui n'ont pas le droit de vivre, même pas de naître, enfin, même pas de grandir. P136
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Tout en faisant la distinction entre les raisons qui ont conduit à ces génocides, il était important de se dire que c'était aussi notre responsabilité de mettre en garde pour que ça ne se reproduise pas. Je dois dire qu'on n'a pas beaucoup de succès. Il y a le Cambodge dont je parlais , et le Rwanda, même si le contexte est très différent, est aussi un génocide épouvantable. Donc les hommes entre eux restent vraiment capables de haine profonde pour des raisons diverses. Je crois que c'est ça qu'il faut essayer de bannir : faire en sorte qu'il y ait un respect de la vie humaine et une tolérance vis-à-vis des autres, aussi bien en ce qui concerne leur religion, leurs idées politiques, leurs différences de nationalités. Il nous reste beaucoup de chemin à faire.
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Je dis "que ça serve de leçon", alors que je n'aime pas les comparaisons, les amalgames. J'ai toujours été assez hostile à ça. Mais quand on disait "plus jamais çà", c'était bien sûr "plus jamais les Juifs exterminés", mais c'était aussi dire "des massacres, des génocides qui sont liés à l'identité de quelqu'un". Une guerre, c'est une chose, mais un génocide implique d'exterminer toute une population parce qu'ils sont les Juifs, ou parce qu'ils sont catholiques ou protestants, comme ça a été le cas pendant les guerres de Religion dans certains pays ou certaines régions. Ou ça peut-être ce qui s'est passé au Cambodge, parce que les gens appartenaient à une classe sociale qu'on voulait exterminer avec, aussi une quantité de victimes considérables.
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Je faisais un travail qui avait l’air très reposant et sans inconvénients, mais qui a été terrible, d’abord parce que j’ai failli me faire renvoyer à plusieurs reprises. Même les Allemands n’avaient plus rien, plus de farine, rien. Mais ils avaient des pommes de terre. Alors on avait des tonneaux de pommes de terre qu’on devait râper avec de grosses râpes. J’avais l’impression que je mettais plus de sang dans le tonneau que de pomme de terre râpées. Toute ma peau partait en râpant, parce que je n’arrivais pas à aller assez vite. On devait remplir un tonneau dans la journée, ce qui était impossible. Alors, en douce, je rajoutais de l’eau – comme les pommes de terre rendent beaucoup d’eau de toute façon… -, mais malgré cela, je n’arrivais pas à faire mon plein. Et on ne dormait presque pas la nuit parce qu’il y avait des alertes, très souvent on rentrait très tard dans le camp.
Dans la cuisine des SS, ils faisaient cuire du lait. Alors je volais – moi qui n’aimais pas le lait et qui n’aime toujours pas ça -, je volais deux ou trois verres. S’il y avait un peu moins de lait, personne n’y voyait rien, il n’y avait aucun risque : les grandes cuves de lait étaient juste à côté de l’endroit où il y avait mes râpes à pommes de terre. Alors je me levais, et j’allais boire un verre de lait. J’étais incapable de manger, je devais peser, au moment de la Libération, 30-35 kilos.
Une fois, je me suis fait prendre avec du sucre que j’avais volé pour Maman. J’ai dû – je ne sais pas combien de temps – ramper par terre, mais ils m’ont laissé le sucre. Je ne sais pas s’ils ont oublié de le reprendre ou s’ils se sont dit que j’avais suffisamment payé et qu’ils me l’ont laissé.
J’ai dû avoir le typhus sans même m’en rendre compte. Je crois que toutes maladies que j’ai eues dans ma vie, ça a toujours été des maladies qui ne m’ont pas trop affectée comme la scarlatine dont je parlais plus tôt. Je ne suis jamais malade, jamais la grippe, jamais rien. Et là, j’ai eu le typhus, c’est ce que m’a dit un médecin bien plus tard d’après des tests en rentrant. Ma sœur l’a eu très gravement et Maman est morte du typhus. Le typhus se répand par les poux. Il y avait tellement de poux dans les vêtements qu’on n’arrivait plus à s’en débarrasser.
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