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EAN : 9782021538618
60 pages
Seuil (25/08/2023)
3.8/5   20 notes
Résumé :
Nous manquons de professeurs. Il faut dire que de réformes bâclées en promesses non tenues, le métier n’a cessé d’être discrédité depuis des décennies. Face à des décisions politiques et des discours publics qui ont contribué à produire une pénurie aujourd’hui devenue structurelle, il est urgent de redonner sa pleine valeur à cette profession. Il convient également d'en rappeler le sens et la portée. Car, là, se joue rien de moins que la découverte par nos enfants d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Il n'aura échappé à personne, tant les médias relaient l'évènement, que c'est la période de la rentrée scolaire. de même, personne n'a pu entendre parler de la pénurie de professeurs qui sévit depuis plusieurs années dans notre beau pays, comme on dit. Philippe Meirieu est un spécialiste de l'éducation. Adoré par certains, haï par d'autres, il vient d'écrire un court texte dans la collection « Libelle » des éditions du Seuil destiné à donner son point de vue sur cette question. Et, comme d'habitude, il le fait avec un certain talent et des arguments à l'appui.

Il tente d'expliquer les raisons de cette débâcle et d'analyser rapidement l'évolution du métier de professeur (et non enseignant, car cela, selon lui, limite son rôle). Evolution que lui imposent le pouvoir et la société et que Philippe Meirieu n'apprécie pas. Les professeurs ne seraient plus que des passe-plat : des scientifiques créent des méthodes grâce aux neurosciences, entre autres et il suffirait de les appliquer à la lettre, sans varier d'un iota, pour que cela fonctionne. Plus d'humain, plus de personnalisation, puisque tout est prévu sur les fiches. Dit comme cela, on peut effectivement douter de l'efficacité de la méthode. Pour un grand nombre, sans doute. Mais de nombreux cas particuliers doivent se présenter et ne pas rentrer dans les cases. C'est ce que disaient les médecins quand on a tenté de leur imposer une seule solution pour soigner telle ou telle maladie. Aucune liberté, suivre les ordres, même s'ils ne sont pas aussi merveilleux qu'annoncé.

Philippe Meirieu appelle donc (encore un fois) à tout remettre à plat. Arrêter de mettre ici ou là un pansement en espérant que cela permette à la machine de continuer encore quelques années. Jusqu'à la rustine suivante. Mais ce qu'il propose semble totalement irréalisable. Même si cela devait fonctionner, qui prendrait le risque d'une telle décision ? Et comment ne pas se dire que les professeurs, les parents, les autres acteurs de la vie sociale seraient incapables de se mettre d'accord et passeraient leur temps à s'invectiver. Sans réellement penser aux élèves, qui devraient être au centre de tout ce dispositif.
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Voici un cri du coeur de Philippe Meirieux, qui dénonce la dégradation du statut de professeur, désormais profession déconsidérée et sommée d'être aussi efficace (n'osons pas dire rentable) que d'autres dans un monde où des enquêtes mettent en compétition des systèmes éducatifs sur des critères bien sûr questionnables.

Fustigeant à la fois les politiques, s'efforçant de contrôler une profession et d'en "neutraliser" ses représentants, quitte à priver leur métier de leur dimension humaine à grand renfort de nouvelles technologies, mais aussi les parents, toujours plus demandeurs de régimes d'exceptionnalité pour leurs rejetons, l'auteur renvoie aussi le lecteur à Guizot, Ferry, Ricoeur et j'en passe.

Que faire donc pour rétablir l'attractivité (!) d'un métier si essentiel? Revaloriser les salaires certes, mais aussi créer de micro-structures où le professeur serait remis au centre de tout...

Pas franchement convaincue par ce pamphlet qui, s'il soulève des problèmes réels, laisse une impression d'un auteur un peu énervé et de propositions un peu légères et pas franchement réalisables (mis à part la revalorisation salariale bien sûr). Et je rejoins la critique de Lenocherdeslivres : on parle finalement bien peu des élèves, les principaux intéressés, dans ce court essai...
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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Nos élèves sont considérés comme des exécutants plus ou moins dociles de consignes normalisées, appelés à ne maîtriser que des connaissances techniques facilement identifiables et reproductibles.
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La songerie techniciste a une caractéristique extraordinaire : au nom même de sa foi dans les progrès de la science censés résoudre tous les problèmes, elle attribue toujours ses ratés à son développement insuffisant. C'est pourquoi, comme la plupart des dogmes, le scientisme, en une fausse modestie qui cache une immense prétention, tire toujours de ses échecs la même conclusion : c'est parce qu'on ne l'a pas suffisamment écouté que l'on n'a pas encore complètement réussi ! Toutes les objections qu'on lui fait renforcent et nourrissent ainsi sa détermination et rien ne peut arrêter sa fuite en avant technologique. Au point qu'on se demande si le remplacement des professeurs par des processeurs ne représenterait pas pour lui, finalement, l'avenir de nos systèmes scolaires.
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Quand les populismes de toutes sortes ne cessent de désigner des boucs émissaires à la vindicte publique, quand les théories du complot véhiculent des visions fallacieuses du monde qui ne laissent d’autre issue que l’affrontement, quand la machinerie commerciale organise, à coups de slogans publicitaires relayés massivement par les industries du numérique, le caprice mondialisé, il apparaît plus fondamental que jamais de donner aux professeurs la mission d’instruire sans enfermer, de transmettre sans clôturer, d’engager chacun et chacune dans une démarche de recherche à laquelle aucun credo obscurantiste ne pourra jamais mettre fin. Il y va de la réussite de notre École. Et de la possibilité, pour nos enfants, de donner un avenir à leur futur.
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"Il est important, comme le disait en effet Fernand Oury, que les enfants "modernes" retrouvent ce qu'ils ont "perdu" : le manque. Point d'éloge de la pauvreté ici : trop d'enfants ne disposent pas, comme le rappelle Jean Paul Delahaye, des conditions matérielles indispensables pour aborder sereinement leur scolarité. Car Oury évoque un autre manque : un manque fondateur, une anfractuosité dans la conscience d'où émane une aspiration vers l'inconnu, une brèche dans les certitudes où s'origine le désir d'apprendre et de comprendre, et où s'éprouve, face à la malédiction des dogmatismes, la possibilité même d'une citoyenneté lucide.
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"Jeune instituteur, disait déjà Rousseau, je vous prêche un art difficile, c'est de gouverner sans préceptes et de tout faire en ne faisant rien." Ce principe est à l'opposé de toute aspiration machinique : la machine est faite pour faire ; elle produit ce qu'on lui commande ; ses résultats doivent être normalisés et commercialisables. rien de tel pour le professeur : il crée des situations, invente des dispositifs et offre des ressources à des sujets dont il ne peut jamais maitriser le comportement. Il n'a qu'une solution : proposer et proposer encore. Ne jamais répondre à un refus par un abandon. Est ce pour cela que Freud a qualifié l'éducation avec la politique et la psychanalyse de "métier impossible" ? Dans doute, voulait-il souligner que gouverner, éduquer et analyser sont des entreprises vouées à l'inachèvement dont les résultats sont toujours nécessairement insatisfaisants. Mais peut-être, plus profondément, pointait-il la une caractéristique particulière de ces activités : le fait qu'elles s'exercent sur d'autres humains mais ne peuvent aboutir que si ces derniers y contribuent eux mêmes librement ?"Je peux t'instruire, dit le professeur … mais toi seul peux apprendre."
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