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4,21

sur 321 notes
Troisième roman de Tiffany McDaniel, troisième énorme coup de coeur.

Du côté sauvage est violent, mais aussi bienveillant.
Du côté sauvage est sombre, mais aussi lumineux.
Du côté sauvage est un pavé, 712 pages, mais aussi un pavé dans la mare.

Tiffany McDaniel est une romancière, mais aussi une voix qui porte. La voix des femmes en souffrance. La voix des démunies, des vulnérables, des maltraitées, des ignorées. de celles qui gonflent les statistiques des victimes de la drogue et de la prostitution. Qui encaissent sans broncher. Qui finissent mal et qui l'ont sans doute bien cherché selon des bien-pensants. Qui seraient insignifiantes selon les mêmes.
Tiffany McDaniel est factuelle, douce, brutale, poétique, dénuée de jugement. Sa voix qui porte interpelle. Ces femmes fragiles ne sont ni des défouloirs, ni des chiffres dans un tableau, ni des moins-que-rien. Elles ont été des enfants. Elles ont vu des choses qu'elles n'auraient jamais dû voir, vécu des choses qu'elles n'auraient jamais dû vivre. Elles ont une vie, des sentiments, des proches, un quotidien. Elles ont eu des rêves, en ont parfois encore.
Tiffany McDaniel montre la brutalité des hommes.
Tiffany McDaniel décrit le courage de ces femmes. Sa voix forte crie la douleur enveloppée dans la magie poétique de son art noir et lumineux. Son art unique. La douleur de celles qui souffrent en silence, dans l'indifférence. Elle décrit aussi le sort réservé aux enfants nés dans une famille qui sombre et la cruauté de la société à leur égard. Une vision alarmante de notre monde actuel.

Du côté sauvage est l'histoire d'Arc et de Daffy, deux jumelles à la chevelure rousse nées dans une famille compliquée à Chillicothe, Ohio. Je ne vous la raconterai pas. Lisez-la. Elle en vaut la peine. Elle m'a bouleversé. Elle vous bouleversera peut-être également.

Du côté sauvage est une réaction empreinte d'humanité à un horrible fait divers qui s'est déroulé à Chillicothe, Ohio.

Tiffany McDaniel est une conteuse merveilleuse. Elle est brillante dans la construction de ses histoires, dans son écriture, dans l'élaboration de ses inoubliables personnages. Son art unique lui permet de transformer des faits sordides en récits poétiques. Elle dispose d'une imagination incroyable, d'une force évocatrice inouïe, d'une sagesse infinie, d'une plume magnifique et d'un humour subtil, s'appuie sur une vaste culture générale et sur un puits de connaissances.

Du côté sauvage est le résultat d'un talent précieux et de beaucoup de travail : un roman indispensable, puissant, courageux, émouvant. Un hommage vibrant aux femmes anonymes en souffrance.

Du côté sauvage est le roman que j'attendais en 2024.

Tiffany McDaniel est la grande auteure américaine du 21e siècle.

Lien : https://claudegriesmar.fr/ti..
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Ce livre, j'ai pris mon temps pour le lire, parce qu'il est dur, sombre, parce qu'il nous plonge dans la vraie vie, celle qu'on n'a pas envie de voir, pas envie de vivre et certainement pas envie d'imaginer.

Ce livre, c'est un livre coup de poing, il est violent et en même temps très poétique, je n'avais aucun doute en l'achetant, je savais qu'il allait me mettre K.O. comme les deux derniers livres d'ailleurs… un chef d'oeuvre. C'est une des rares auteures que j'achète directement dès la parution.

Pour vous en parler rapidement je vous dirais qu'à travers le regard d'Arc et Daffy, deux soeurs jumelles aux yeux vairons, on plonge dans de vrais faits divers non élucidés, celui de la disparition de six femmes à Chillicothe… qui étaient-elles ? Des laissées pour compte qui font naître en moi un profond sentiment d'injustice mais dans ce monde peuplé d'araignées, les soeurs, elles, s'inventent le beau côté de la vie pour oublier… oublier leurs vies d'enfants brisées, leurs vies de femmes, la drogue, la prostitution, la mort, le deuil. Âme sensible s'abstenir !!

Je ne vous en dit pas plus, juste lisez-le.

challengegallmeister de mars : Girl power
#unanavecgallmeister
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Sans parler de Betty ? C'est la même recette : des personnages qui vivent dans l'ombre américaine crasse du bonheur et une lumière qui les enveloppe , un rayon de poésie qui fait voler la poussière de leurs errances , insufflé par un personnage empli de sagesse poétique et végétale. Ici, le problème , c'est que c'est la grand-mère d'abord , et puis tout le monde ensuite .Dans Betty , c'est bien fait, bien amené et bien dosé. On croit au père poète , on croit aux forces intérieures et sauvages qui murmurent que tout cela vaut la peine d'être vécu. On rit, on pleure , on relit, on souligne. La magie opère dans l'intimité d'une relation père-fille. Ici on se demande comment diable toutes ces femmes cassées par la drogue se mettent à toutes divaguer sur la rivière femme et la forêt femme avec la même poésie jaillissante. On ne croit pas en leurs imprécations, on saute des pages , et on ne pleure pas. C'est long et les moments où brille la plume de Mcdaniel semblent commandités et sont trop pathétiques. Il y a quelque chose de forcé, d'édité, et un grand vide qui fait"hm". Ma critique est un peu dure , mais c'est une autrice qui a tellement d'or dans les mains que je trouve dommage qu'elle soit si jeune et déjà artisan de best-sellers. Je continue de penser qu'elle a des choses à écrire bien plus sincères.
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"Nous sommes les petites-filles des sorcières que vous n'avez pas pu brûler". Ce slogan féministe résume tout de la puissance de la sororité qui transpire dans ce livre.

Lire un roman de Tiffany McDaniel, c'est entrer dans un monde de noirceur et de poésie tout à la fois... C'est ce que j'avais lu de l'autrice jusqu'à le découvrir par moi-même et je dois dire que ça résume parfaitement ce que j'ai ressenti à la lecture de ce livre. Il m'a fallu laisser retomber les choses avant de pouvoir rédiger un retour de lecture pour cet ouvrage qui m'a complètement emportée.

J'ai commencé par celui-ci sans avoir lu les 2 précédents livres de l'autrice. Que ce soit cette couverture sublime (bravo aux éditions Gallmeister), cette citation en 4ème de couverture (réhabilitons les sorcières !) ou ce fait divers dont s'est inspirée l'autrice, tout me donnait envie de le lire sans attendre.

J'ai été emportée par l'écriture poétique, imagée, presque naïve (au sens littéraire) de l'autrice. Et en même temps, j'ai plongé dans un monde de noirceur, où être une femme est un combat de chaque instant, où la violence est permanente, et où pourtant l'amour et l'amitié arrivent à mettre un peu de couleur dans l'enfer.

Arc et Daffy sont jumelles et grandissent à Chilicothe, une petite ville industrielle de l'Ohio, assombrie par les émanations de l'usine de papier voisine. Élevées par une mère et une tante pour qui la drogue est le seul horizon, elles peuvent compter sur leur mamie Milkweed pour éclairer le "côté sauvage" de leur vie, leur expliquer l'importance de la sororité et leur raconter des histoires qui construiront leur imagination. Adultes, elles devront lutter pour leur vie face à un homme qui sème les cadavres de femmes derrière lui en les jetant dans la rivière de Chilicothe.

À travers cette histoire, l'autrice affirme clairement sa volonté de défendre les femmes, de rendre aux disparues de Chilicothe la place qu'elles méritent alors qu'elles sont si souvent réduites à leur statut de droguées ou de prostituées, la société oubliant qu'elles n'en demeurent pas moins des personnes à part entière et qu'elle (la société) est responsable de ce qu'endurent ces femmes. Nous promenant avec Arc, Daffy et les autres au bord de cette rivière, si importante dans ce livre, elle tisse une histoire d'un lyrisme fascinant et d'une beauté féérique.

Je referme ce livre avec un sentiment complexe, celui d'avoir vécu une expérience alliant le plus beau de ce monde et le plus hideux à la fois. Tiffany McDaniel est une orfèvre des mots et je regrette simplement de ne pas l'avoir découvert plus tôt.
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. Daffy et Arc sont jumelles. Elles vivent à Chillicothe, Ohio. Ville désheritée où èrent les âmes en peine, à mille lieux de l'American dream. Ici c'est plutôt sexe, drogue et défonce. Par sexe, j'entends viols et prostitution. Par drogue, dépendance et cures de désintox. C'est sûr que vu comme ça, ça ne donne pas très envie ...
Et pourtant ! La plume de Tiffany McDaniel est toujours sublime et poétique, elle magnifie chaque détail et transforme le laid en merveilleux.
. L'autrice s'est inspirée d'un fait divers, "Les six de Chillicothe", la mort ou disparition inexpliquée de 6 jeunes femmes de Chillicothe, toutes plus ou moins liées et dépendantes à la drogue. À travers ce texte, elle leur rend hommage.
Ce livre est tellement puissant, qu'il sera impossible désormais à chaque personne qui l'a lu de les oublier, mission réussie pour Tiffany.
Il sera également impossible d'oublier ce texte aux accents un peu magiques, souvent tragiques et ô combien onirique. Les vers de Daffy, "Daffodil Poet", nous accompagnent tout au long du livre.
. Ce roman traite de sororité, de puissance féminine, d'influence familiale, de drogue, de nature, de laissés pour compte ...
Bref, un roman d'une noirceur infinie mais également d'une incroyable splendeur, que j'ai dévoré sans pouvoir m'arrêter.
. Livre lu pour le Challenge Gallmeister, thème de mars "Girl Power", en - passionnante - lecture commune.
J'avais également adoré Betty et L'été où tout à fondu, les précédents romans de l'autrice. Que des coups de coeur ! Vous les connaissez ? Vous les avez lus, aimés ?
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Engagée, poétique, ingénieuse, irresistible, originale, innovante même, lumineuse, et paradoxalement très sombre … tant d'adjectifs pour décrire la plume de Tiffany McDaniel.
L'impression de capter le plus radieux des rayons de soleil à travers une couche épaisse de poussière, l'autrice sillonne entre le glauque et le grandiose avec une aisance déconcertante. Entre les mouches à viande qui prennent possession d'un cadavre et deux petites filles qui entourent sur la buée les étoiles qui leur rapellent leur grand-mère.

Sans pitié aucune, elle nous livre un texte brut de violence et de poésie inspiré des disparues de Chilicothe, dramatique fait divers concernant six femmes accro à l'héroïne victimes d'un probable tueur en série.

C'est à travers les yeux vairons d'Arc et Daffy Doggs, deux jumelles espiègles et complices que l'autrice va raconter les conséquences de la drogue. Sur ceux qui consomment et sur leurs proches.
Les parents des jumelles sont dépendants, leur tante également. Les seringues et les cuillères chauffées font parties de leur quotidien, les corps noueux et les hommes dangereux également.
Ces petites filles qui n'ont d'autres choix de plonger elles aussi, et qui seront avec leurs amies les reines de la ville. Les reines qui consomment et qui se vendent.

Dans « du côté obscure », Tiffany raconte encore les hommes qui méprisent. Qui prennent, qui violentent. Les hommes furieux, les hommes qui n'aiment pas les femmes. Et ces dernières, qui encaissent. Elles saignent et se relèvent. Elles pleurent puis sourient, jusqu'au jour où c'est trop, jusqu'à ce qu'on retrouve leur corps flotter dans la rivière.

Ces corps, on suit leur évolution dans la rivière. C'est cru, c'est dur. Mais on est prévenu : l'autrice affiche la photo du fleuve quand elle parle des corps, elle insère un dessin d'araignée quand elle fait référence à un homme particulièrement odieux. Sorte de TW visuel en direct, j'ai beaucoup apprécié!

Quelques mots sur le merveilleux personnage de Mamie Milkwed. Cette gentille sorcière m'a beaucoup fait pensé à Landon, le père de Betty. Encore un beau personnage littéraire.


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Arc et Daffy. Daffy et Arc. Deux soeurs jumelles, inséparables, qui ont eu le malheur de naître d'un couple de drogués à Chillicothe, dans l'Ohio, où les mauvais choix ont de lourdes conséquences. Il faut affronter les Johns, les seringues et ceux qui ont des ombres semblables à des araignées. Arc, narratrice de cette triste histoire où les contes des sorcières et des femmes libres n'aident pas à sortir de la misère, essaye de ne pas sombrer du côté sauvage.

Tiffany McDaniel nous propose un roman copieux de 700 pages, où la réalité des femmes pauvres en Amérique dans certaines villes peut parfois devenir difficile à lire. Il vous sera cependant impossible d'oublier un jour Arc et Daffy, qui appartiennent désormais aux rivières.
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Une plongée dans le côté obscure de la vie.

Arc, diminutif d'Arcade, vit avec sa soeur jumelle, Daffy, ainsi que sa mère et sa tante. Seul bémol, et pas des moindres : celles-ci sont accro à la drogue. Les jumelles évoluent donc dans un milieu toxique au possible. Et déjà, stop : en quelques pages, nous comprenons que nous ne sommes pas dans une histoire légère où tout est bien qui finit bien. L'ambiance est pesante, oppressante, les pages sont lourdes à tourner. La vie est loin d'être rose dans la petite ville de Chillicothe, Ohio.

Au fur et à mesure que l'histoire oscille entre découverte de cadavres de femmes dans la rivière et moments de communion entre femmes, nous sommes confronté.es à deux choses : la première étant la beauté de la plume de Tiffany McDaniel. Je n'ai pas lu Betty, ni L'été où tout a fondu, c'est donc une très belle découverte que ce style d'écriture ultra poétique. J'ai particulièrement aimé les nombreux passages où les femmes cherchent un sens à la vie en s'appuyant sur la nature et les mythes.
Le second point qui nous frappe, c'est à quel point ce texte est dur. À plusieurs reprises, j'ai dû sauter ou survoler des passages car certaines scènes sont violentes (tw : abus sexuel sur mineur, torture).
Petite parenthèse aussi sur la traduction : à plusieurs reprises, j'ai remarqué qu'il manquait des mots dans les phrases. À revoir donc...

Dans l'ensemble, je ne pourrais pas dire que j'ai aimé ce livre. J'ai aimé la plume, la poésie de certains moments. Mais l'histoire en elle-même, je n'ai pas apprécie plus que ça.
Je tenterais de lire Betty à l'occasion, pour le plaisir de retrouver cette écriture.
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Je l'avoue, je n'ai pas lu « Betty », le roman de Tiffany McDaniel, que bien des personnes m'avaient conseillé. Un roman tellement vanté par la critique et porté aux nues par beaucoup de lecteurs et lectrices. Ce n'est pas une raison, mais je ne suis pas le seul à avoir passé à côté de ce magnifique roman. McDaniel a écrit sa première version à 18 ans en 2003 et c'est seulement en 2017 qu'une grande maison d'édition américaine a édité le récit. Et depuis, « Betty » s'est mérité de nombreux prix dont le Prix des libraires du Québec en 2021.

Non, je ne l'ai pas lu, mais dès cet été, je me promets ce plaisir de lecture! Car, après avoir lu « du côté sauvage », son plus récent livre, je suis devenu inconditionnel de cette jeune auteure américaine. Quel talent ! Quelle écriture !

Chillicothe, petite ville de l'Ohio, où toute l'activité tourne autour de la papeterie … et de la rivière qui y coule. Arc et Daffy, deux jumelles à la flamboyante chevelure rousse vivent dans des conditions pitoyables entre une mère et une tante, toxicomanes et prostituées. Ce n'est pas l'amour qui les nourrit. La mère leur dit : « Chacune de vous n'est que la moitié de la même pomme pourrie. » Toutes les deux ont des yeux vairons : une a l'oeil bleu à gauche, l'autre l'a à droite. Même chose pour l'oeil vert ! Cela donne des scènes attendrissantes quand on leur demande de fermer un oeil et qu'elles deviennent juste une personne … aux yeux bleus ou aux yeux verts.

Avant, elles étaient élevées chez leur grand-mère, Mamie Milkweed, qui peuplait leur imaginaire de petite fille. Malgré l'environnement glauque, la grand-mère réussissait à leur faire miroiter des mondes fantastiques où tout était presque possible. Adepte du crochet, elle leur apprenait que sur ses oeuvres, il y avait un côté doux et joli et que de l'autre, il y avait un côté rugueux et laid que l'on pouvait améliorer en rentrant sous les laines qui dépassaient. En bref, la vie, on pouvait l'améliorer.

Les parents ont décidé de reprendre les filles, car ils pensaient devenir « clean »! Et ç'a été le début de l'enfer. le père mort, la tante s'installe à la maison, le seul moyen pour la mère de se procurer sa drogue, c'est la prostitution. Dans sa chambre, tout à côté de la chambre des filles. Très rapidement, un des clients abuse des petites. Commence alors leur propre enfer qu'elles essaient d'adoucir en utilisant leur imagination : des gâteaux d'anniversaire dessinés sur le plancher, des recherches archéologiques directement sorties de leur imagination, des cadeaux qui n'existent pas, etc. Toute leur enfance est marquée par des adultes qui n'en sont pas; leur mère qui vit pratiquement tout le temps dans sa chambre et leur tante, vissée à son fauteuil à regarder des émissions de tourisme.

Pas surprenant que leur seule issue sera la prostitution où elles retrouveront des femmes comme elles, sans avenir, droguées, victimes de violence et d'intimidation, mais enveloppées dans une sororité bienveillante, apaisante. Et des rêves qui partent souvent dans les brumes de leur addiction. Thursday, Indigo, Violet, Sage Nell, des portraits de femmes durs, sans compromis, mais teintés d'une douceur intérieure belle et émouvante.

Et un jour, une d'elles sera retrouvée morte dans la rivière.

« Cause de la mort : appartenance au sexe féminin »
Extrait du rapport du médecin légiste
Page 175

Puis, une autre ! Ces femmes sont mortes, victimes de la violence et elles partent dans l'indifférence la plus totale. Qui se soucie de ces femmes ? Surement pas les hommes qui les fréquentent. Ni la police !

Ces hommes qui n'ont pas de noms, qu'elles appellent des « johns », mais dont certains sont encore plus violents que les autres. Il y en a un, l'araignée, policier violent, abuseur, sans aucune empathie ni morale. Quand il apparait, une image d'araignée s'installe à travers les mots pour nous rappeler qu'il est omniprésent, tissant sa toile autour de ces filles sans défense. Avertissement aux arachnophobes!

« du côté sauvage » est un roman très noir. Ces femmes plongent sous nos yeux dans les ténèbres les plus profondes dans l'espoir illusoire d'y trouver un peu de lumière. Est-ce que les profondeurs de la rivière sont les seules issues possibles pour elles ?

Personne n'enquête ! Pourquoi faire? Ce ne sont que des femmes, des prostituées, des junkies ! Non, « du côté sauvage » n'est pas un roman policier, mais un roman noir où la réflexion prend souvent place dans notre esprit. Avec ses pages difficiles de violence à supporter, on ne peut pas fermer les yeux et dire que ça n'existe pas. Car ces femmes nous lancent un message en criant leur désespoir sans issue.

Ce serait facile de se dire que c'est de la fiction, ce n'est qu'un roman !! Mais en fouillant un peu, on découvre qu'en 2014-2015, il y a eu à Chillicothe en Ohio, six meurtres de prostituées; des faits qui ont inspiré cette histoire à Tiffany McDaniel.

Il n'y a pas grand-chose de gai dans ce roman, n'attendez pas de « belle fin joyeuse pleine d'espoir» !! Tiffany McDaniel nous dépeint une société qui perdure où certaines femmes sont encore considérées comme des sous-humains. Une chance qu'un personnage comme la mamie vient mettre juste un peu de lumière dans ce côté sauvage. Arc et Daffy sont deux personnages extraordinaires, inoubliables. Deux enfants et deux femmes qui nous habitent pendant très longtemps. On ne peut rester insensible à leur vie de misère qui leur colle à la peau.

Un dernier mot important ! Tiffany McDaniel décrit toute la noirceur du monde mais son écriture est lumineuse, poétique, tellement belle, à l'opposé de son sujet ! Son regard acéré sur la société, la violence et le côté sombre de l'humain sont décrites avec talent, avec une plume qui donne un certain esthétisme à la langue. McDaniel n'est pas qu'une bonne « story teller », elle est une excellente écrivaine.

Âmes sensibles, ne vous abstenez pas de lire ce magnifique roman, vous passeriez à côté d'un récit prenant, d'une profondeur et d'un réalisme parfois insoutenable. Certains pourraient dire que « du côté sauvage » est un roman de femmes … Au contraire ! Ce roman dresse le portrait d'une certaine société très contemporaine et dans la vague de féminicide qui dure depuis la pandémie au Québec, tout moment de réflexion n'est pas de trop.

« du côté sauvage » est un roman où les femmes sont victimes, mais où les hommes sont prédateurs. Un peu comme ça arrive trop souvent dans la réalité !

Et là, je me fais plaisir en terminant ma chronique par l'incipit du roman :
« Notre première faute fut de croire que nous ne mourrions jamais. La seconde fut de croire que nous étions vivantes. »


Bonne lecture !


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Un roman noir d'une poésie sauvage qui embellie une petite ville américaine dévoyée sous la pauvreté et la violence sexuelle.
Un chant funèbre qui résonne dans Chillicothe oú les femmes victimes s'évadent en imagination à défaut de s'enfuir. Elles se réfugient au bord de la rivière pour se soutenir.
Une histoire vraie de feminicides en série que personne dans l'Ohio ne va tenter de résoudre. Car les victimes sont bien peu de choses et leurs vies ne valent rien. Interchangeables pour la communauté. Interchangeables dans leur famille.

La beauté de l'écriture de Tiffany McDaniel travestie la laideur. J'ai cherché partout la vérité dans ce roman du plus profond des ténèbres jusqu'à l'infini de la voie lactée.
Ce roman choc est le résultat inimaginable d'une collision entre le sordide et le merveilleux.

La 4ème de couverture
Arc et Daffy sont jumelles, nées à une minute d'intervalle. Unies par leurs indomptables chevelures rousses, les récits de leur grand-mère et une imagination fertile, les deux soeurs sont inséparables. Ensemble, elles fuient un quotidien sordide en plongeant dans un monde imaginaire. Pourtant, irrémédiablement engluées dans les ténèbres familiales, elles ne peuvent échapper aux fantômes qui les hantent. Devenue adulte, Arc lutte toujours avec ses souvenirs lorsqu'on découvre le corps d'une femme noyée dans la rivière. Bientôt, les cadavres s'accumulent. Alors que ses amies disparaissent autour d'elle, Arc se rend peu à peu à l'évidence : tenir la promesse qu'elle a faite à Daffy de les protéger des puissants remous du "côté sauvage" de l'existence s'avère impossible.
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