Dans son nouvel ouvrage, le sociologue Gaspard Lion est allé à la rencontre des classes moyennes inférieures qui, paupérisées par l'envolée des prix de l'immobilier, font le choix de ce type d'habitat à l'année.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
L'espace privé est cet espace qui permet de se soustraire de façon privilégiée aux rapports de domination qui s'exercent dans les autres sphères du monde social et en particulier dans l'univers professionnel. Il est ce lieu de réassurance et de répit qui permet l'expression des pratiques, des comportements et des activités culturelles les plus autonomes. (p. 23)
L'espace de résidence, le logement et le quartier produisent des effets de lieux ou de milieux, non immédiatement déductibles de la structure sociale, sur les manières d'habiter, les sociabilités et, plus largement, sur les manières d'être et d'agir des individus. (p. 23)
Il y aurait également aujourd'hui (...) a minima plusieurs dizaines de milliers et potentiellement jusqu'à plus de 100 000 personnes qui résideraient à l'année dans des campings détournés de leur fonction traditionnelle de loisirs et de tourisme en servant d'unique domicile (contre, à titre de comparaison, 15 000 à 20 000 personnes dans les bidonvilles). (p. 12)
Face à ce regard univoque et uniformisant qui relève d’une forme d’ethnocentrisme de classe et de « bien logé·es » fortement empreint de misérabilisme, les habitant·es des caravanes et mobiles-homes, installé·es à demeure dans les campings, gagnent ainsi à être rencontré·es de près, en partant de leurs propres vécus et quotidiens, sans a priori et idées préconçues.
À partir d’une enquête ethnographique intensive et de longue durée, fondée notamment sur l’occupation d’une caravane pendant trois ans dans un camping, cet ouvrage entend ainsi proposer une plongée dans le quotidien et le « monde privé » de ces habitant·es. Il entend mettre au jour non seulement les facteurs et processus structurels et biographiques qui concourent au développement de ce type d’habitat, et les conditions concrètes d’existence des personnes qui les habitent. Mais aussi faire découvrir les expériences et situations qu’elles sont amenées à vivre au quotidien, ainsi que les modes par lesquels elles s’y confrontent, les perçoivent et se les représentent.
Vivre au camping, un mal-logement des classes populaires avec Gaspard Lion