L’essayiste et ancien rédacteur en chef au Monde brosse le portrait de l’homme d’Etat tunisien (v. 1903-2000), de l’indépendance de son pays à la réclusion finale.
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Il n’y a pas lieu d’avoir le moindre espoir [dans] la
population musulmane. Elle ne se fondra jamais dans la population
chrétienne. Le roumi [nom par lequel les musulmans
désignent un chrétien et généralement un Européen], s’il n’est plus
aujourd’hui l’ennemi du soldat, parce que nous sommes les plus forts, sera
toujours l’ennemi religieux, l’ennemi de race […]. L’Arabe […] regarde comme
un faible d’esprit l’Européen en quête de s’assurer un lendemain par de
sages économies, par un labeur acharné. À quoi bon [se dit-il] ? […]
Pourquoi les envahisseurs viennent-ils remuer le sol qui est inculte parce
qu’il plaît à Allah qu’il en soit ainsi ?
Pour autant le héros bourguibien
par excellence n’est pas Hannibal mais Jugurtha (160-104 av. J.-C.), le chef berbère qui mena une lutte sans merci contre
l’occupant romain après la chute de Carthage. De Jugurtha, découvert chez
l’historien Salluste (86-35 av. J.-C.),
Bourguiba a surtout retenu ce conseil : savoir, même s’il en coûte,
« retarder tour à tour et la guerre et la paix15 », c’est-à-dire
user alternativement de souplesse et de ténacité. Évoquant l’échec tragique
de Jugurtha, Bourguiba se présentait comme « un Jugurtha qui a réussi16 »
deux mille ans après à libérer son pays de ses ultimes envahisseurs, les
Français.
"Tout ce que j’ai fait depuis que je suis au pouvoir en faveur de la femme, je
l’ai fait par fidélité à la mémoire de ma mère, trop tôt ravie à mon affection
et qui m’a toujours manqué, tout au long de ma vie."
De tous les pays du Maghreb, c’est
le plus homogène, géographiquement, ethniquement et culturellement : ses
frontières ont peu varié au cours des siècles ; contrairement à l’Algérie et
au Maroc, les Berbères ne représentent que 2 % de la population ; la même
langue, l’arabe dialectal (l’arabe tunisien), est parlée par tous ou
presque ; et la quasi totalité de la population se reconnaît dans l’islam
sunnite.
Quand il y a une place vide, l’Histoire est là pour nous dire que la
puissance supérieure et voisine s’empresse de l’occuper.
Bertrand le Gendre - 1962, l'année prodigieuse .Bertrand le Gendre vous présente son ouvrage "1962, l'année prodigieuse" aux éditions Denoël.http://www.mollat.com/livres/bertrand-gendre-1962-annee-prodigieuse-9782207111611.htmlNotes de Musique : Jazz Messengers !!!! - 1 Alamode