Depuis longtemps dans la PAL sur ma table de chevet dans sa version originale, j'ai fini par lire ce livre, faute d'une autre lecture distrayante sous la main. Effectivement, ce livre n'est pas conçu pour nous distraire mais au contraire pour nous ramener à la question essentielle de notre vie: comment se préparer à la mort, à celle de nos proches et, par le fait même, à la nôtre propre. Comment accepter ce qui est inéluctable et pourtant tellement dénié dans nos sociétés dites modernes. Comment accompagner les personnes dont la mort est sinon imminente du moins prévisible. Les réponses que donne l'auteure sont pleines de bon sens et on peut se demander comment il se fait que les pratiques quelle préconise ne soient pas universellement reconnues. Il est clair, dans une société de performance, la mort peut paraître inacceptable parce que souvent conçue comme un échec (tant de l'équipe soignante que des proches et peut-être même du mourant qui peut avoir le sentiment d'une vie gâchée ou du moins non accomplie). Le message de l'auteure est de la rendre le moins souffrante possible (et pas seulement à coups d'antalgiques mais par des gestes simples d'empathie et d'écoute), tolérable et finalement acceptée. Le livre est intéressant car on sent la grande expérience de l'auteure dans l'accompagnement de ses patients et, même s'il y'a des redites (c'est dû principalement à la structure du livre sous forme de réponses à des questions effectivement posées lords séminaires), je le recommande à tous, quelque soient votre âge et votre confession.
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À travers une série de questions/réponses avec des familles et des soignants, une célèbre psychiatre thanatologue donne toute une somme de conseils sur la fin de vie et l'acceptation de la mort (par l'impliqué comme par ses proches). Loin des crispations habituelles sur ce sujet devenu tabou dans notre société calfeutrée, son attitude, construite dans une longue expérience, est empreinte d'humanité et de compassion. Un beau support de réflexion sur ce sujet universel hypocritement enfoui.
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Je dis très souvent à mes malades que je me sens désemparée, à court de mots, et je m'assieds en attendant d'eux un signe qui me permettra de m'en sortir. Ces patients sont ensuite très à l'aise avec moi parce qu'ils peuvent me faire partager leurs propres sentiments d'ambivalence, d'insécurité et, parfois, de dénuement.
Comment vous protégez-vous ( si vous vous protégez) sur le plan émotionnel dans votre relation avec un malade en phase terminale ?
J'ose m'investir émotionnellement avec lui, ce qui m'évite d'avoir à consacrer la moitié de mon énergie à dissimuler mes sentiments.
Je pense que de nombreux patients muets ne recourent plus au langage parce qu'ils sont si isolés,seuls et malheureux qu'ils ont cessé d'appeler au secours.
On ne peut pas entrer dans la chambre d'un malade en ayant préparé son discours. On dit ce qui parait juste sur le moment, et quand on ne sait pas quoi dire, on le reconnait aussi, tout simplement.
Tout être humain a quelque chose à donner à condition qu’on lui en fournisse les moyens.