Enoha est le grand-père de Nani. Il écrit pour accompagner le départ de sa petite-fille qui doit quitter leur île natale. Enoha est triste, il ne verra plus sa petite fille qui s'apprête à vivre un long voyage, comme tant d'autres enfants de l'île. Enoha est en colère car vu son âge et le fait qu'il est grabataire, il ne peut ni les aider ni les accompagner. Alors Enoha écrit à sa petite-fille, elle a 8 ans.
Enoha écrit des lettres, des lettres courtes, des lettres très longues… des lettres pour que Nani ne ressente pas le vide de son absence, des lettres pour l'aider et l'accompagner dans le périple qui l'attend, pour qu'elle se rappelle de lui, pour qu'elle se rappelle de Moo (sa grand-mère) ou encore de l'île sur laquelle elle est née et elle a grandi.
Puis c'est le départ. Un départ précipité car l'île disparaît. A cause du réchauffement climatique, le niveau de l'eau monte rapidement. La situation est critique et il n'y aura bientôt plus que des terres inondées dans la région. Des terres noyées, incapables de nourrir les hommes, dangereuses.
Alors Nani fuit. Elle suit ses parents. Vers où ? Ils n'ont pas la réponse. Leur route croise celle de Semeio. Il a le même âge que Nani et il vient de voir mourir son grand-père. L'aïeul était le dernier membre de sa famille. Face à sa détresse, à sa tristesse, les parents de Nani décident de l'adopter.
–
Lorsque
Kochka s'empare du sujet de l'exil, elle l'attrape avec pudeur. Elle raconte une histoire que l'on entend tous les jours : celle de l'exode de milliers d'hommes qui quittent leur pays natal car leur vie est en jeu.
Dans ce roman jeunesse, point de guerre, point de tortures (si ce n'est celle de l'arrachement à ses racines), point de dictature, mais un scénario catastrophe provoqué par le réchauffement climatique. le postulat de départ n'est malheureusement pas de la fiction… dans quelques années à peine, des milliers d'hommes et de femmes seront dans ce cas de figure, contraints de quitter leurs terres car elles sont devenues trop arides, menacées par les inondations… le processus est déjà enclenché.
Parce que son île se fait lentement engloutir par la mer, la famille de Nani choisit le moment de son départ. Ce n'est pas un choix aussi raisonné qu'ils l'auraient souhaité, car l'heure tourne et l'eau monte.
Kochka nous fait sentir l'urgence de la situation mais c'est avec douceur qu'elle raconte ensuite l'histoire de cette petite fille qui doit quitter sa vie pour aller à la rencontre d'une autre vie, inquiétante, différente… inconnue. le périple raconté permet au jeune lecteur de comprendre que la peur de l'autre vaut aussi bien pour celui qui voit arriver des étrangers sur son sol que pour celui qui arrive sur un territoire peuplé d'étrangers. Il comprendra aussi que la perte définitive d'un membre de sa famille n'est pas une fatalité ; qu'il faut accepter la douleur, qu'il faut prendre le temps de faire son deuil mais qu'ensuite, vient toujours le temps de la reconstruction. Il faut l'accepter et accepter de se laisser prendre dans le tourbillon de la vie.
La narration prend quelques respirations lorsque, interrompant le récit des différentes étapes de l'exil, il laisse la place aux lettres que le grand-père de Nani lui a écrites avant qu'elle ne parte. Des pages bleues marquent ces respirations. Loin d'être moralisatrices, elles témoignent finalement et durablement de tout l'amour que ce grand-père destinait à sa petite-fille. Elle marque aussi la sérénité et la sagesse, calme l'emportement et l'angoisse que les épreuves du voyage peuvent générer.
Un message de tolérance. Une invitation à tendre la main à celui qui est en difficulté. Une requête : celle de regarder au-delà des apparences.
Lien :
https://chezmo.wordpress.com..