Aucun commentaire pour un livre qui à la fin des années soixante fut une sorte de Best seller du monde agricole !!
Ephraïm Grenadou, plus qu'un nom une enseigne d'un monde paysan à jamais révolu.
D'ailleurs dans ces années-là, le nom "Paysan" avait toute sa noblesse, on ne se croyait pas obligé de parler d'agriculteurs, d'oléiculteurs, de maïsiculteurs !
Alain Prévost, écrivain achète le presbytère de Saint Loup près de Chartres en pleine Beauce et fait la connaissance de son voisin M. Grenadou. De là naît l'idée de ce livre, récit d'une vie consacrée à la terre.
Le peu d'études, le travail dès 4 heures du matin au champ derrière le cheval, la guerre, la mécanisation et la perte des petites surfaces et des liens sociaux autour des batteuses-lieuses, des bals, au café.
Tout un monde qui se transforme avec l'arrivée des engrais, des tracteurs, des pesticides...
Cette pétrochimie qui va transformer le paysan en utilisateur de produits, en transformateur... qui lentement va tout empoisonner...
Tout cela, toute cette longue vie de labeur avec les mots de Grenadou, paysan français.
Commenter  J’apprécie         150
Voici un livre que j'avais envie de lire depuis longtemps. Cette "auto"biographie est importante dans l'histoire de l'édition de mémoire. Il s'agit de la réécriture issue d'entretien entre un historien et Ephraïm ('Phraïm) Grenadou, un paysan Beauceron. Même si je viens du sud profond, je suis issu du monde paysan et j'ai retrouvé dans cette histoire des figures rencontrées dans les témoignages de mes aïeux.
Ephraïm, personnage point de vue dans la quasi-totalité des chapitres (un chapitre adopte le point de vue de sa femme, Alice), livre une série d'anecdotes mises en liens par son histoire personnelle. Né en 1897, il a traversé le siècle et les guerres du XXe. Il a été dans les champs beauceron, dans la misère de cette paysannerie d'une époque qui n'était pas belle pour tout le monde. Il a travaillé toute se vie en faisant fructifier l'exploitation fondée par son père. Il a connu les chevaux, les ânes, mais aussi les premiers tracteurs. Il a connu les tranchées. Puis il a connu l'exode de 1940, l'occupation. Il parle vaguement de son appartenance aux FFI durant les derniers temps de la guerre, sans grossir le trait d'une participation marginale. Puis il a connu l'après guerre, les produits chimiques de la nouvelles agriculture et la poursuite de la mécanisation. Vieil homme en 1966, il rechigne à quitter sa vieille ferme pour une maison moderne qu'il a fait construire.
Au travers de son récit, nous voyageons dans le quotidien d'un peuple qui compte encore en sous. Loin d'être un Saint, il raconte vaguement ses aventures de jeunesse avec les filles du coin, les bals où tu payais la danse 10 sous, les bêtises d'un minot.
Je conseille cette lecture aux curieux de la paysannerie de l'époque et aux amoureux de l'histoire rurale.
Commenter  J’apprécie         40
Pour nous, la vie était plus amicale que maintenant.
Tous on était pauvres, tous on était amis. Il y avait bien quelques demi-riches qui vivaient parmi nous et ne nous fréquentaient pas. Ils allaient en première classe. Leurs filles ne venaient pas au bal. Et puis les vrais riches, ils vivaient dans un autre monde. Nous, les pauvres, on vivait entre nous.
Tandis que maintenant l'argent fait partout la division.
Tu as pas mal de gens qui, parce qu'ils ont un peu de sous, se croient supérieurs aux autres. Même du monde bien, le jour qu'ils ont de l'argent, ils sont fous.
Durant toute la guerre, j'ai rêvé la nuit que j'étais à Saint-Loup. Je me rêvais en moisson, je me rêvais à charrue, je venais à Saint-Loup. Et d'un seul coup : Aie ! Un obus me secouait. Je me réveillais, je me disais : " Bon sang c'est pas encore fini c'te Bon Dieu de guerre ?"
J'ai été élevé au lait de chèvre, une chèvre blanche qui me suivait partout. Comme j'ai l'ai pleurée, ma chèvre, quand mes parents l'ont vendue !
Les noces d'or de Grenadou
Dans une ferme de la Beauce, à Saint-Loup, Alice et
Ephraïm GRENADOU fêtent leurs noces d'or. Alain PREVOST, leur voisin, est allé les filmer à cette occasion et recueillir leurs confidences. À travers leur histoire, c'est le
portrait d'une génération de
paysans beaucerons et celui d'un
couple qui a consacré sa vie à la terre. Cela commence comme une journée ordinaire, autour de la...