Bien sûr, j'ai déjà lu et entendu parler à propos des Lebensborn, « fontaines de vie », en traduction littérale. C'était, en réalité, un programme de sélection des nouveau-nés puis des enfants pour créer la fameuse race supérieure aryenne rêvée par les Nazis.
Mais, en me plongeant dans la lecture de
Max, le roman de
Sarah Cohen-Scali, publié pour les plus de 14 ans mais surtout à ne pas réserver à la jeunesse, j'ai été complètement aspiré par le drame effroyable, cet engrenage inimaginable et pourtant bien réalisé par Himmler et des gens tout à fait respectables, intelligents, cultivés, comme le docteur Ebner et les sages-femmes, les infirmières, tous ceux qui l'assistaient.
Max qui est nommé Konrad - avec un K comme Krupp - à sa naissance, le 20 avril 1936, au foyer de Steinhöring, près de Munich, raconte. C'est lui, ce personnage fictif et pourtant d'un réalisme poignant qui m'a emmené jusqu'au bout que tout le monde connaît, la victoire des Alliés sur les Nazis en 1945, avec d'immenses dégâts matériels et surtout humains impossibles à réparer à cause de la quantité incroyable de victimes de Hitler et de ses sbires.
Max raconte donc et c'est d'une franchise, d'une spontanéité qui fait souvent sourire malgré les perspectives que l'on connaît. Il est dans le ventre de sa mère qui fut violée par un Waffen-SS évaporé ensuite, et il fait durer, retarde au
maximum sa venue au monde pour naître le même jour que le Führer, ce fameux 20 avril.
Petit à petit, grâce à
Max, je découvre toute l'incroyable organisation méprisant les règles les plus élémentaires de l'humanité afin de sélectionner les êtres « parfaits » à venir. Si on sélectionne, on élimine sans pitié et les prisonniers du camp de Dachau sont là pour nettoyer, embellir les lieux avant de mourir.
Le petit
Max observe, décrit mais il est absolument persuadé de l'utilité de ce qu'il constate, soutient complètement le régime nazi, même s'il a peur, parfois, de faire partie de ceux qui sont « réinstallés » ou éliminés car on s'exprime en langage codé, ici.
Quand
Max grandit, il est emmené en Pologne, à Poznań, où je découvre une autre facette abominable du plan, la capture des enfants polonais blonds, après sympathisation avec
Max. La séquence avec Bibiana, cette femme extraite du camp de Ravensbrück pour jouer la mère de
Max, est particulièrement terrible. de plus, les scènes de débauche entre les Frauen, putes allemandes pour les officiers et les Polonaises pour les simples soldats, sont très réalistes.
Changement de décor à six ans.
Max est à Kalish, toujours en Pologne, où il est mêlé aux autres enfants embrigadés, scolarisés sous la direction de Johanna Sander.
Max se fait passer encore pour un Polonais pour rassurer les autres. Lui qui a été Baptisé Par le Führer en Personne (BPFP), il découvre toute l'horreur de la sélection des filles et des garçons. C'est là qu'il est fasciné par un gars de douze ans, Lukas, qui joue un rôle très important ensuite. Surtout, il permet de comprendre le sort réservé aux Juifs et sa description du ghetto de Lodz est terrible.
Ensuite, c'est la Napola (NAtionalPOlitische LehrAnstalt) à Postdam. J'ignorais ce mot et j'apprends qu'il y en avait ailleurs comme à Rouffach, en Alsace. Dans un ancien hôpital psychiatrique dont on a « réinstallé » les malades, c'est-à-dire qu'ils ont été tués, gazés dans des camions,
Max et Lukas sont scolarisés, l'un en primaire, l'autre en secondaire.
Les événements, les rebondissements ne manquent pas, les drames non plus. Même si
Max-Konrad qui est toujours un parfait petit nazi, le vit mal, le sort de son pays est en train de basculer et les voilà tous les deux dans Berlin bombardée, avec Manfred, camarade que
Max méprise puis accepte. Les couloirs du métro, les caves, l'appartement de la famille de Manfred puis les Russes qui libèrent et violent les femmes tout en chassant les SS, la fin est proche.
Max est un roman dont les principaux protagonistes comme le docteur Ebner, Johanna Sander et d'autres ont bien existé, ont bien appliqué consciencieusement cet odieux Lebensborn mais il est terrible d'apprendre qu'à l'issue du procès de Nuremberg, ces gens-là ont été libérés.
Quant à
Max,
Sarah Cohen-Scali a eu l'idée géniale de le créer et de lui faire raconter de l'intérieur ces années atroces qu'il ne faut en aucun cas oublier. de plus, l'hommage qu'elle rend aux déportés, aux victimes des camps de la mort, m'a particulièrement touché.
Un grand MERCI à Emma car
Max est vraiment un livre à lire !!!
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