Les événements du 7 octobre et leurs conséquences m'ont plongée dans un état de sidération comme beaucoup d'entre nous.
Comment des hommes ont-ils pu abandonner leur humanité en perpétrant de telles monstruosités aux répercussions cataclysmiques ?
Le besoin de comprendre et de trouver du sens est à l'origine de ma lecture du livre de
Benoit Christal, grand reporter, et de
Gallagher Fenwick, ancien correspondant à Jérusalem et Washington.
La volonté des auteurs n'est ni de convaincre ni d'accuser, mais de consigner et témoigner, pour éviter l'oubli et l'effacement par ceux qui nieront et c'est en cela que ce livre est prenant.
Donner la parole aux deux camps, survivants, proches d'otages, habitants de Gazza (médecins, journaliste, soldat, diplomate, négociateur, enfant de déportés) remet l'humain au centre de ces événements, donne un visage et une voix aux victimes.
L'affrontement des tragédies c'est « Deux blessures historiques qui sont encore vives et qui se retrouvent face à face, en Terre sainte. La Shoah et la Nakba. La première est la tentative par le nazisme et ses complices, d'anéantissement de toute vie juive sur le continent européen pendant la Deuxième Guerre mondiale. La deuxième, au travers d'un terme qui signifie « la catastrophe » en arabe, renvoie à l'éviction et à la spoliation de centaines de milliers de Palestiniens par l'armée israélienne suite à la proclamation de l'Etat hébreu en 1948 et durant le conflit israélo arabe qui s'ensuit ».
J'ai trouvé au cours de ma lecture des pistes me permettant d'appréhender mieux les racines de cette tragédie :
la déshumanisation de part et d'autre,
la discrimination assumée envers les palestiniens, mais aussi envers les palestiniens d'Israël,
L'existence de deux extrêmes qui ont mené à la guerre.
Les auteurs dénoncent le « mais » pour parler de ce 7 octobre et de ses conséquences, dénoncé par ailleurs par
Delphine Horvilleur.
Ce « mais» qui sert à majorer le drame de l'un au détriment de celui de l'autre, à faire apparaître un « deux poids, deux mesures » qui aggrave les blessures et les divisions », alors « qu'il faudrait lui préférer un « et », qui évite les concurrences malsaines et fait coexister les malheurs dans le champ de notre attention ».
Ne pas oublier que les victimes sont des civils innocents des deux côtés… dont beaucoup d'enfants.
Deux chapitres m'ont particulièrement touchée « la mort en face » et « le deuil impossible », ainsi que l'histoire de ce jeune palestinien, dont le rêve est de monter au ciel, parce que là haut il y a de la nourriture…
Un livre très bien construit, qui balaye tous les problématiques de cette société, sans rien n'éluder.
Un livre nuancé, le blanc ou le noir n'y a pas sa place.
Un livre qui fait la part belle à notre humanité.
Ce conflit sera t il une opportunité, « l'opportunité de secouer le déséquilibre » et de trouver enfin une solution pour que ces deux peuples puissent vivre en paix.
Le devenir des otages encore détenus à Gaza va, à n'en point douter, peser lourd dans l'issue de ce conflit.
Un livre passionnant à lire pour entendre, pour comprendre et ne pas oublier.