Kaoutar Harchi et Joseph Andras viennent de publier ensemble Littérature et Révolution, un riche dialogue autour du pouvoir révolutionnaire de la littérature.
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Un dialogue vif entre deux écrivain·es engagé·es autour du pouvoir révolutionnaire de la littérature.
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Je reviens sur la réforme des retraites. Une immense majorité, la tant prisée « majorité silencieuse », ne voulait pas de cette loi pourrie. La population consciente, active, la population qui, luttant, se constituant peuple par sa volonté, sa conscience de faire corps, a rempli rue sur rue. On a parlé de millions d’individus. Combien étaient-ils au pouvoir ? Un président, une Première ministre, dix-sept ministres et six ministres délégués. Et nous avons perdu. Des millions de gens ont été défaits par vingt-cinq clampins qui les ont piétinés, humiliés et dépouillés de leur seul vie concrète, comptée, corporelle. Pourquoi ? Car entre eux et le peuple, il y a la force armée. Le pouvoir se maintient par ce qu’il rémunère des types pour porter un flingue et au besoin, le pointer sur les citoyens. Des millions. Vingt-cinq. Ça serait bouffon si ça n’était pas tragique. C’est en tout cas ce qui nous est présenté comme « la démocratie », comme le couronnement de la raison politique, comme la fin de l’Histoire.
L'accession à la démocratie nous est confisquée parce que des types, majoritairement acquis à un parti co-fondé par un Waffen-SS, ont reçu le pouvoir de nous loger si nécessaire un projectile dans le corps. Mais les clampins en question ont trouvé une formulation plus élégante que celle que je viens d’énoncer : “monopole de la force physique légitime“. Il suffisait d'y penser. (Joseph Andras)
Ce mot, « République », est initialement « mon » histoire. Comme le dit Kropotkine dans La Grande Révolution, la séquence 1789-1794 « fut la source de toutes les conceptions communistes », anarchistes et socialistes de notre époque ». La Révolution française est « notre mère à tous » — c’est un Russe qui parle. Mais il est indéniable que le mot « républicain » est retenu captif. C’est un mot du pouvoir. Tout le monde, Le Pen incluse, est « républicain ». Pire : les héritiers de la Ière République, c’est-à-dire de la Révolution, sont de nos jours décrits comme autant de mauvais républicains. Ils sont même bannis de « l’arc républicain » ! Parfaite saloperie. On peut dire ce qu’on veut de Mélenchon mais dire qu’il n’est pas un républicain, lui le jaurressien pur jus, le Montagnard en chef, c’est seulement dire qu’on aspire à porter les bagages de la bourgeoisie. Peut-on sauver ce monde ? L’affaire est très mal engagée. J’ai tenté de souffler sur cette vieille braise séquestrée. De rappeler que la République est sociale, socialiste, ou n’est qu’un mode de gestion institutionnel du capitalisme.
Je suis gênée par l'idée d'engagement. Michel Houellebecq ou Sylvain Tesson, en écrivant les livres qu'ils écrivent, eux aussi s'engagent, eux aussi défendent une vision du monde. Il y a, livre après livre, des valeurs qui sont de plus en plus ardemment défendues. Des valeurs nationalistes, sexistes, réactionnaires notamment. Mais d'eux, il ne sera pas dit qu'ils sont des écrivains engagés. Mais : des écrivains. Des écrivains tout court.
Si je me prive de la politique, donc de la conflictualité, je fais des mots croisés.
Qui sont les représentants en librairie ? Ces hommes et ces femmes de l'ombre, qui sillonnent les routes de France dans des voitures chargées de livres pour faire le lien entre les maisons d'édition et les librairies ? Elisabeth Segard, journaliste à Livres Hebdo, est allée à leur rencontre pour brosser le portrait robot de l'une des professions les plus discrètes et les plus influentes de la chaîne du livre. Dans la deuxième partie de l'épisode, Lauren Malka nous emmène au coeur de la Goutte d'or, à Paris, pour y découvrir la Régulière, une librairie-café présentée par sa fondatrice Alice et par l'écrivaine Chloé Delaume, au micro de Lauren, comme “une véritable oasis de culture”.Enfin, la clique critique de Livres Hebdo se réunit pour vous parler non seulement de ses coups de coeur de février, mais aussi de ce que ces livres dessinent dans le paysage éditorial de ce début d'année. Entre essais, BD et romans, les genres sont variés : Histoire de Jérusalem, de Vincent Lemire et Christophe Gaultier, publié aux Arènes ; Littérature et révolution, de Joseph Andras et Kaoutar Harchi, publié aux éditions Divergences ; Insula, de Caroline Caugant, publié au Seuil ; Les yeux de Mona, de Thomas Schlesser, publié chez Albin Michel ; Rousse, de Denis Infante, publié chez Tistram ; Abrégé de littérature-molotov, de Macko Dràgàn, publié chez Terres de feu. Un podcast réalisé en partenariat avec les éditions DUNOD, l'éditeur de la transmission de tous les savoirs.Enregistrement : janvier 2024 Réalisation : Lauren Malka Musique originale : Ferdinand Bayard Voix des intertitres : Antoine KerninonProduction : Livres Hebdo
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