Citations à l'affiche
TANKAS
Haut sur la cime
Tout le jardin est lune,
Est lune d’or.
Plus précieuse en l’ombre
Ta bouche qui me frôle.
La voix de l’oiseau
Que la pénombre cache
Est devenue muette.
Dans ton jardin tu marches.
Quelque chose te manque, je le sais.
Cette autre coupe,
Le sabre qui fut sabre,
En d’autres mains,
La lune de la rue,
Dis, ce n’est pas assez ?
Dessous la lune,
Le tigre d’or et d’ombre
Regarde ses griffes.
Il ne sait pas qu’à l’aube
Elle ont brisé un homme.
Jamais, sans doute, n'y eut-il, dans l'histoire, une rupture aussi violente, brutale et profonde dans le continuum d'une époque. 1968 fut un voyage intergalactique, une épopée bien plus radicale que la modeste conquête spatiale américaine qui ambitionnait simplement d'apprivoiser la lune, Car en ce mois de mai, il s'agissait ni plus ni moins que d'embarquer, au même moment, sans budget particulier, ni plan concerté, ni entraînement, ni führer, ni caudillo, des millions d'hommes et de femmes vers une planète nouvelle, un autre monde, où l'art, l'éducation, le sexe, la musique et la politique seraient libérés des normes bornées et des codes forgés dans la rigueur de l'après-guerre.
Si un homme a décidé que vous n’étiez pas son ami, inutile de passer pour un imbécile en s’obstinant à maintenir l’illusion.
Nulle part le mot torture n'était mentionné. Il quitta la liste des yeux, se retourna et embrassa le charnier d'un regard. À ses pieds, un cadavre. Son crâne était ouvert en plusieurs endroits et à la place de ses yeux, il n'y avait plus que deux trous noirs bordés de sang séché. Adam frissonna de dégoût. Arracher les yeux n'avait jamais permis d'avoir des informations. Ce n'était plus de la torture. Il y avait là de la folie meurtrière. Il y avait là le seul souhait de tuer en faisant souffrir. Avec assez de raffinement et d'imagination pour que la notion de plaisir ne puisse en être totalement absente.
J'ai jeté, et j'ai regretté. On regrette toujours d'avoir jeté à un certain moment de la vie. Mais si on ne jette pas, si on ne sépare pas, si on veut garder le temps, on peut passer sa vie à ranger, à archiver sa vie.
Ils [les Maoris] ont un rapport fusionnel avec la nature... Pour eux, nous sommes tous liés : les hommes, les animaux, les végétaux, le soleil, la lune, le climat... Nous faisons tous partie d'une seule et même grande famille. Les hommes sont les enfants de la terre et du ciel et les cousins de chaque être vivant.
De la droite la plus conservatrice à la gauche la plus sociale : le parcours politique de Victor Hugo a tout du grand écart. Certains l'accusent de versatilité, voire d'opportunisme. Il répond par la verve de ses convictions et la constance de ses engagements.
Mais Cornebidouille ne bougeait plus. Ils firent porter la princesse toute pâle dans leur chambre et veillèrent sur elle jour et nuit. On fit venir les plus grands médecins du pays, incapables de se prononcer sur le mal qui la rongeait.
« La peste peut-être... ? Une indigestion... ? Le Coronabidouille... ? »
L'amour est comme l'églantier,
L'amitié, comme le houx
Le houx est sombre quand l'églantier fleurit,
Mais lequel fleurit le plus constamment?
L'églantier au printemps a du charme,
L'été, ses fleurs embaument l'air
Mais attends que revienne l'hiver
Qui trouvera beau l'églantier?
Alors dédaigne sa futile guirlande
Et pare-toi du luisant du houx
Ainsi, quand décembre flétrira ton front
Au moins il laissera verte ta couronne
Love is like the wild rose briar,
Friendship, like the holly tree
The holly is dark when the rose briar blooms,
But which will bloom most constantly?
The wild rosebriar is sweet in spring,
Its summer blossoms scent the air
Yet wait till winter comes again
And who will call the wild-briar fair
Then scorn the silly rose-wreath now
And deck thee with the holly's sheen
That when December blights thy brow
He still may leave thy garland green -
La maison battait de partout cette étendue fauve et roussâtre.
Nous attendons toujours le samedi, le jour des livres, avec impatience comme des petits enfants qui vont avoir un cadeau. Les autres gens ne savent pas tout ce que les livres représentent quand on est enfermé. La lecture, l'étude et la radio, voilà nos seules distractions. (11 juillet 1943)
Le clair de lune est plus doux au Kentucky
Les jours d’été sont plus riches au Kentucky
L’amitié y est plus vivace
Les flammes de l’amour plus tenaces
Mais le mal est toujours pire au Kentucky
James Hilary Mulligan
S’évader dans un film, ce n’est pas comme s’évader dans un livre. Un livre vous oblige à échanger avec lui, à faire travailler votre intelligence et votre imagination, alors qu’on peut regarder un film - et même y prendre plaisir - dans un état de passivité décérébrée.
C'est toujours pareil. Ils pensent que je n'ai pas l'âge de comprendre. Mais j'ai l'âge de comprendre... et d'avoir peur.
Les liens antérieurs se distendent la première fois qu'on aime hors de sa famille; la palette de la pensée s'enrichit de nouvelles couleurs et on pénètre dans de nouvelles orbites.
J'appelle dépravé tout animal, toute espèce, tout individu qui perd ses instincts, qui choisit, qui préfère ce qui lui fait mal.
Don Juan était orphelin et non au sens figuré. ll y avait des années de cela, il avait perdu l'être humain qui lui était le plus proche et ce n'était pas son père ni sa mère, mais ầ ce qu'l me parut, son enfant, son seul enfant. On pouvait donc devenir orphelin par la mort d'un enfant, et comment.
L'Égypte est un don du Nil, l'amour, un don de la vie.
Betty était morte d’un cœur brisé. Il y a des gens qui rient en entendant cette expression, mais c’est seulement parce qu’ils ignorent tout de la vie. On meurt d’un cœur brisé. Ça arrive tous les jours, et ça continuera d’arriver jusqu’à la fin des temps.
Il y eut encore un moment de parfait silence, puis, lentement, précautionneusement, aussi clandestine que le coin d'une lettre secrète qui glisse sous une porte, quelque chose dépassa du balcon sous le bord surplombant du store : plus nue et encore plus secrète que les pieds nus, la masse ondée, prodiguée, fabuleuse, déployait comme une draperie, d'une longue chevelure blonde, la chevelure défaite d'une femme.