« Se saisir de personnages réels et tenter de les hisser à la dignité des êtres de fiction » est l'ambition de l'académicien
Frédéric Vitoux dans
La comédie de Terracina qui romance une rencontre
De Stendhal avec le compositeur Rossini en décembre 1816 à la frontière des Etats pontificaux et du Royaume de Naples et des deux Siciles.
Henri Beyle visite les musées et les monuments italiens en 1816 et achève à Naples, en janvier suivant, la rédaction de « L'
histoire de la peinture en Italie » signé MBAA (M Beyle Ancien Auditeur) publié à compte d'auteur en aout 1817. le mois suivant il publie «
Rome, Naples et Florence » sous le pseudonyme M de
Stendhal que l'histoire retiendra.
Gioacchino Rossini quitte Naples début décembre 1816 en direction de Rome où il crée La Cenerentola joué le 25 janvier 1817 au théâtre Valle.
L'un et l'autre ont emprunté la Via Appia et n'ont pu faire étape qu'à Terracina.
La comédie loge Henri Beyle chez le Comte Nencini, noble napolitain ayant servi le Roi Murat, où il rencontre Joséfina Macirone cousine du comte, abandonnée par son mari. le Comte Nencini (héros qui évoque le légendaire "Pontcarral") a été exilé par le Roi de Naples.
Rossini vient de Naples, en compagnie de la Comtesse Nencini, par des routes où les anciens soldats de Murat rançonnent les voyageurs et notamment les commerçants anglais. En réunissant trois hommes et
deux femmes le romancier badine avec l'amour en un jeu rendu inégal par la séduction irrésistible du compositeur et la balourdise de l'écrivain.
Dans l'ombre se négocie une éventuelle amnistie des anciens collaborateurs de l'Empire, contexte qui fait écho à la jeunesse de l'écrivain et aux « ennuis » de son père à la libération, pendant que nos personnages discutent à bâtons rompus sur l'art, la broderie, la cuisine, la musique et la peinture, sujets de prédilection du romancier.
Cette comédie est un régal de la même veine que «
Ariel ou la vie de Shelley » où
André Maurois évoque le poète Percy Shelley et sa fin tragique au large de la cote italienne.
Distinguée par le Grand prix du roman de l'Académie française en 1994, cette comédie brille d'une plume aussi élégante que classique.