En vérité, Alice

« En vérité Alice » est le troisième roman de Tiffany Tavernier, publié en janvier 2024, aux éditions Sabine Wespieser.

Il raconte l'histoire d'Alice, une jeune femme qui vit sous l'emprise de son mari, un homme violent, manipulateur et jaloux. Arrachée à son enfance heureuse au Guatemala, Alice se retrouve isolée et malheureuse en France. Son mari la contrôle, la surveille et la dévalorise. Il la force à trouver un travail, qu'elle obtient au Promotorat des causes des saints, un bureau chargé d'instruire les candidatures à la canonisation. Ce travail va lui ouvrir des perspectives inattendues, notamment grâce à sa rencontre avec des ecclésiastiques qui l'initie à la vie des saints et à la foi.

Alice va alors se questionner sur sa relation, sur sa liberté et sur sa quête de sens.

Mon sentiment sur le roman est plus que mitigé. Je reconnais qu'il est bien écrit et original. Mais, au fond, j'ai davantage apprécié de découvrir le monde des saints et de la procédure de canonisation !!

En effet, il n'y a strictement rien d'original dans ce roman – trop d'auteurs,  guidés par des soucis de plaire et d'édition, abordent aujourd'hui le sujet de « l'emprise féminin  », sans aucune originalité, profondeur et analyse sérieuse.

Ainsi, le personnage est trop caricatural. L'on ne comprend pas pourquoi Alice reste avec son époux, malgré les violences et les humiliations. Les tentatives implicites d'explications « parce que je suis amoureuse «  constitue un raccourci pauvre et, en définitive, navrant.

Quant à la dimension religieuse du roman, le rapport des choses entre elles (emprise et religion chrétienne) est incompréhensible. C'est simpliste et naïf . J'aurais, certainement, mieux envisagé ce rapport - religion et soumission de la femme - à la lumière de la religion de l'islam.

En définitive, le roman ne pose aucune question pertinente, par conséquent,  aucune tentative de réponses sur les questions, pourtant intéressantes, de « l'emprise », la foi et le sens philosophique et sociétal du bien et du mal.

Quant à la fin du roman, celle-ci est frustrante et laisse très perplexe.

Michel.

 


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"Le pire ennemi de l'amour, c'est l'amour lui-même".

Alice est en couple depuis quelque temps avec cet homme dont nous ne connaitrons jamais le nom. Elle l'aime passionnément, trop sûrement. A trop vouloir aider son conjoint à se réparer, elle s'est oubliée et se retrouve emprisonnée. Il a besoin de connaitre ses moindres faits et gestes. Il l'appelle 50 fois par jour. Il a besoin de trois coeurs à la fin de chacun de ses messages. Vous avez compris, Alice est dans une relation toxique. Complétement dépendante de cet homme qui lui a fait arrêter ses études, qui l'a coupé de ses amis et de sa famille. Une famille, elle voudrait en créer une avec lui mais les bébés ne s'accrochent jamais. Comment pourraient-ils alors qu'Alice vit sur une pente glissante ?

Alice c'est la gentillesse incarnée, on pourrait même croire qu'elle est un peu sotte. Mais tout le monde le sait, l'amour, bien souvent, ça abrutit.
L'homme a besoin d'argent, il pousse Alice a trouvé un travail, rapidement. Compliqué de trouver avec tant de trous dans le CV. Comme un miracle, Alice va trouver un CDI chez l'association diocésienne de Paris. Elle sera assistance pour le promotorat des causes des saints.
Elle n'y connait rien mais à nos yeux, elle en sait quelque chose, car dans son quotidien c'en est une de sainte.

Cette nouvelle mission va permettre à Alice de s'occuper, de s'entourer, de gagner en confiance et surtout, de se réparer.

Un livre aux multiples sujets : les racines de l'enfance, les choix adultes, les relations conjugales, les violences psychologiques, la maternité, la foi.
A mon sens, il y avait bien deux sujets de trop.
Le roman commence bien, le dur quotidien d'Alice nous tient en haleine. Ses premières journées au diocèse également. Mais l'on peine à comprendre où l'autrice veut nous embarquer. le texte est coupé de quelques monologues de cette femme complétement perdue. Parfois inutiles tant la situation est claire. La relation avec l'homme toxique s'arrête sur une situation tirée par les cheveux alors que tout portait à croire que tout serait plus compliqué. Les échanges entre Alice et sa soeur sont exagérés. Je l'ai exprimé tant de fois, j'ai du mal avec les romans où le lecteur est tenu par la main, où l'on s'assure qu'il a bien compris, lorsqu'on pousse l'empathie sur le personnage principal à l'extrême. Là c'est extrême.
Trop de violence, trop de cris, trop de Dieu, trop de "regardez comme c'est larmoyant"... c'est dommage car les débuts étaient prometteurs.

Je suis cette auteur depuis un certain temps et ces deux derniers opus montaient en puissance. J'attendais celui-là avec impatience et il m'est tombé des mains au bout de quelques pages. Elle a suivi la tendance et vient nous rabacher une énième histoire de femme maltraitée. le sujet mérite qu'on en parle, mais dernièrement, le déferlement a été tel sur ce sujet qu'il faut proposer une approche, une inventivité nouvelle. Là, rien que du déjà vu, lu ! Sa seule proposition est de mettre en contact son héroïne avec le milieu catholique (la religion n'est pas mon fort !), et s'il y a quelques "gentilles" pages, on ne parvient pas à se captiver pour ce monde replié sur des problématiques peu passionnantes qui n'apporte aucune eau au moulin de la maltraitance de cette femme, hors la logique compassion.