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Alice va-t-elle s'en sortir et par quel moyen ? Voilà la question qui se pose tout du long de ce roman qui parle d'emprise et de relation toxique dans le couple.
Alice vit depuis cinq ans avec un homme, manipulateur, menteur et addict à l'alcool. le prétexte d'un grand amour fusionnel le rend jaloux jusqu'à l'obsession, cherchant sans cesse à isoler sa compagne des autres et surtout de sa famille. Après deux fausses couches, il reproche à Alice de ne pas pouvoir lui donner un enfant.
Après un déménagement à Paris, Alice est très isolée et sa timidité l'empêche de trouver ce job qu'il lui réclame avec mauvaise fois alors que c'est lui qui l'a obligée à rester à la maison.
Malgré cette violence et l'absence d'empathie de son bourreau, Alice tient bon, persuadée qu'elle seule peut le guérir de ses démons.

« Bientôt, elle parviendra à colmater en lui ce trou rempli d'insultes et de coups. Dans un avenir proche, elle le sortira de ce néant de caves et de placards. Jusque-là, elle doit se montrer forte et ne pas réagir à son agressivité, sous peine de provoquer des crises plus graves encore. »

Cet emploi, Alice va le trouver par hasard. Elle, l'athée, se retrouve embauchée au diocèse de Paris comme assistante pour le promotorat des causes des saints. Elle n'y connait absolument rien et, en perte de confiance, veut démissionner. Mais, avec l'aide bienveillante de l'équipe, elle va peu à peu se passionner pour toutes ces procédures qui précèdent la canonisation. Bientôt, elle saura faire la différence entre serviteur de Dieu, vénérable, bienheureux et saints. Les histoires des saints l'étonnent au point de les retenir.

L'auteure raconte la souffrance et les atermoiements d'Alice qui se débat avec un monstre, tout cela entrecoupé de vies de saints ou de gens ordinaires qui ont consacré leur vie aux autres. Toute cette bienveillance, dans laquelle elle baigne avec ses collègues et le prêtre dont elle est l'assistance ne lui font pourtant pas changer d'un iota son comportement de soumission envers son compagnon.
De lui, qui n'est jamais nommé, on ne sait que ce qu'elle raconte, et ses espoirs dans de longs monologues qui la confortent dans son rôle de soutien auprès de celui qui la martyrise.
La religion finit par s'infiltrer dans la vie de cette non croyante qui récite des psaumes et lit la vie de Sainte Radegonde ou de sainte Geneviève. Et le contraste est d'autant plus violent

Cette construction par couches, comme un millefeuille, alternant récit réel, textes religieux et monologues de l'héroïne, est pour le moins originale.
Si je me suis attachée au personnage d'Alice qui, par ses errements, sa souffrance et sa solitude, représente toutes les femmes victimes de violence conjugale, je n'ai pas du tout été convaincue par le personnage de l'homme toxique. Il présente tous les traits du pervers narcissique (sans que le mot soit prononcé) jusqu'à la caricature. Il est odieux sur toute la ligne, ne cherchant même pas à donner l'image du bonheur à l'extérieur pour donner le change.
Vers la fin du roman, l'auteure nous entraine sur différentes pistes en revenant sur l'enfance d'Alice et en évoquant une curieuse épidémie chez les enfants, et tout cela est un peu confus au risque d'embrouiller le lecteur.
Et même si cela se termine par une lueur d'espoir, ma lecture reste mitigée.
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Merci beaucoup à Version Fémina et aux Éditions Sabine Wespieser de m'avoir permis de découvrir ce livre et cette auteure.
J'avais déjà entendu parler des deux premiers romans de Tiffany Tavernier et lorsque j'ai reçu son troisième roman En vérité Alice, j'avais hâte de le lire.
C'est l'histoire d'Alice, une femme complètement aveuglée et perdue qui ne perçoit pas la maltraitance de son mari. Heureuse quand elle vivait au Guatemala, elle l'est moins depuis qu'elle est arrivée en France. Mariée à un homme qui ne la considère pas, la surveille et la manipule. Celui-ci l'isole de sa famille et de ses amis. Il va perdre son travail et déménager à Paris. Là, il va la sommer de trouver un travail. On ne connaîtra jamais le prénom du mari.
Alice, par le biais de ce travail, où l'on instruit les candidatures à la canonisation, lui offrira peut-être une porte de sortie ?
Dès la première scène du livre, on connaît le sujet de l'histoire et ce qu'est un couple toxique. A savoir, comment Alice va pouvoir se sortir de ce guêpier ? Et là le hasard des rencontres entrouvre des portes.
L'auteure s'est bien documentée sur la façon dont les Saints peuvent être canonisé. Ce qui rend intéressant le procédé et m'interpelle car j'aime quand j'apprends des choses, en lisant un roman.
Mené tambour battant, ce livre nous mène sur des chemins inattendus, ponctué de trouées de lumière.
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Difficile de me prononcer sur le dernier roman de Tiffany Tavernier. J'ai adoré Roissy et l'Ami, ses précédents textes, que je conseille volontiers ; celui-ci me laisse plus mitigée. Pourtant, j'ai trouvé le mécanisme de l'emprise parfaitement décrit dans la relation de l'héroïne avec son compagnon. de même, toute la partie religieuse sur le processus de canonisation et la vie des saints m'a plutôt intéressée. Et J'ai tourné les pages avec avidité tant j'avais envie de savoir si Alice allait enfin s'extirper de cette relation mortifère.
Par contre, la fin m'a laissée dubitative, notamment la partie concernant les enfants endormis. J'ai compris l'enjeu, ce qui était suggéré, mais cela m'a complètement déconcertée. Et j'ai moins adhéré.
Mais cela n'engage que moi, à vous de vous faire une idée 😉
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C'était une bonne idée, ce choix de lecture avant le week-end pascal.
J'ai ainsi pu faire connaissance avec toute une équipe de saints sympathiques (dont saint Expédit !) . Mais j'ai surtout découvert l'extraordinaire complexité de la canonisation et donc l'existence du promotorat des causes des saints !
Mais commençons par Alice, qui tient cette histoire de bout en bout, Alice imaginée par Tiffany Tavernier, la fille de Bertrand.
Alice est née au Guatemala et a vécu une enfance sauvage et radieuse grâce à Ida, une sorte de nounou chamane. À l'âge de dix ans, Alice, sa petite soeur et ses parents rentrent en France. Alice est percutée de plein fouet par des exigences sociales et scolaires qui la poussent vers une introversion et une timidité sévère.
Malgré l'effarement total de son entourage, Alice va tout lâcher pour vivre sous l'emprise d'un compagnon pervers qu'elle veut sauver malgré lui. La situation financière du couple est rapidement désastreuse et elle est sommée de trouver du travail. Cela tombe finalement assez bien : elle est recrutée par le diocèse de Paris pour aider l'évêque à la section « canonisation ». Elle va être entourée de collègues d'une bienveillance radieuse dont une certaine Anne-So, mariée à un militaire parti six mois de l'année, mère de sept enfants dont deux ayant la maladie de Charcot…
Grâce à cette fine équipe et à la découverte de la vie des aspirants saints, Alice ira au bout de son destin. le roman s'offre alors un petit décalage chronique pour une dernière partie tout à fait étonnante.

Il y a peut-être deux façons de lire ce livre étrange, d'une luminosité blafarde :
-Il s'agit d'un millefeuille narratif qui pour la énième fois remet sur le tapis la question de l'emprise. Beaucoup moins pédagogique que « La deuxième femme » de Louise Mey, il met l'accent sur le masochisme féminin dont la déconstruction passerait par la sororité et la spiritualité.
En parallèle on découvre donc tout le dispositif d'instruction des candidatures à la canonisation, d'une complexité sidérante. Morceau choisi:
«… ok, alors accrochez-vous parce que c'est loin d'être fini et je n'ai plus que cinq minutes. Une fois ces deux feux verts obtenus, l'archevêque publie, d'un côté, le décret d'ouverture de la cause, de l'autre, un édit dans le Journal officiel, soit, pour vous, à Paris, le journal Paris Notre-Dame, demandant au peuple d'apporter des témoignages en faveur de cette cause. Est-ce assez clair ?
Ça l'est.
Pendant ce temps, le postulateur ou la postulatrice se met en quête de trouver trois historiens prêts à enquêter de façon bénévole sur la vie de ce futur possible saint.
Une tâche bien difficile, sachant qu'aucun de ces historiens n'a le droit de publier le fruit de ses recherches.
Pourquoi trois historiens, pourquoi pas juste un seul ?
Parce qu'ainsi le veut la procédure : trois historiens, trois axes de recherche différents. le premier sur tout ce qui a trait à la vie familiale de notre serviteur, le deuxième, sur tout ce qui a trait à sa vie sociale, le troisième, sur tout ce qui touche à sa vie spirituelle. En parallèle, l'archevêque ou son représentant, le délégué épiscopal, aura nommé dans le plus grand secret deux censeurs théologiens. Ces deux-là devront vérifier si notre serviteur a bel et bien respecté, dans ses dires et dans ses ouvrages, le dogme catholique romain… »etc.
Enfin l'histoire d'Alice se déploie, émaillée de monologues numérotés et insérés dans le texte avec des bouts de haïkus, plus ou moins sibyllins, plus ou moins mystiques.

-Il s'agit d'un livre sur l'avénement de sainte Alice.
Et c'est une toute autre grille de lecture ! Ce qui nous est proposé n'est ni plus ni moins qu'un manuel de sainteté car Alice finira par cocher toutes les cases. On vous propose donc une lecture chrétienne, voir orthodoxe dont le titre, EN VÉRITÉ ALICE, annonce la couleur !

À vous de voir, bien sûr…
Allez, je vais conclure sur deux histoires de saints , relatées par Tiffany Tavernier:

VIE DU SERVITEUR DE DIEU TAÏSSIR TATIOS - 1943-1956
Dès son plus jeune âge, Taïssir, dit « Toussi », atteint de myopathie, endure de grandes souffrances. Incapable de marcher, il passe le plus clair de ses journées en chaise roulante sur son balcon, au Caire, en profite pour discuter avec les enfants pauvres du quartier et leur venir en aide. Aux nombreuses personnes de toute religion avec lesquelles il aimait parler de sa foi, il disait : « La meilleure preuve de l'existence de Dieu, c'est ma joie. » Il meurt à l'âge de treize ans.

VIE ET MIRACLE DE SAINT DOMINIQUE SALVIO - 1842-1857
Dès l'âge de cinq ans, il sert la messe et, tout au long de sa courte vie, il confiera souvent que Dieu le veut saint.
À l'âge de quinze ans, il meurt d'un mal de poitrine en prononçant ces mots : « Oh ! comme c'est beau, ce que je vois ! » Il est le patron des adolescents.

Avant Pâques, avouez que c'était le livre idéal.


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Alice vit depuis 5 ans sous l'emprise d'un compagnon exigeant, peu compréhensif et manipulateur. Elle perd peu à peu sa confiance en elle et n'a de cesse que de lui obéir, s'oubliant totalement. Après avoir essayé de répondre à ses injonctions parfois contradictoires en ce qui concerne un travail, elle finit par trouver par hasard un emploi dans une association diocésaine à Paris : l'étude des candidatures à la canonisation. Je me suis pris d'empathie face à cette jeune femme attachante qui fait toujours de son mieux dans sa vie quitte à se perdre. Un très bon roman.
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Une sainte femme, ou presque

Dans son nouveau roman Tiffany Tavernier imagine une femme sous emprise être embauchée comme assistante auprès d'un évêque pour trier des dossiers de canonisation. Um emploi qui va lui permettre de s'ouvrir à la spiritualité et s'émanciper.

Alice Fogère, vingt-neuf ans. Elle vit en couple depuis cinq ans auprès d'un homme qui a très vite trouvé le moyen de la contraindre à ses désirs en jouant avec elle un jeu particulièrement pervers. Après chaque accès de colère et de violence, il vient demander pardon, expliquant qu'il est victime de son lourd passé, ayant lui-même été maltraité. Il promet alors de s'amender avant de recommencer de plus belle. Alice continue à espérer et à prendre des coups. C'est alors qu'il lui explique qu'il ne peut plus assumer seul la charge du ménage et qu'elle doit trouver un plus vite un emploi.
La chance va lui sourire lorsqu'elle découvre dans un bulletin paroissial un annonce pour un poste d'assistante auprès de l'évêque.
Malgré son inexpérience, elle est engagée afin de mettre de l'ordre dans une pile de dossiers de canonisation.
Alors qu'elle tâtonne et subit les premiers quolibets de son mari, elle va découvrir auprès de ses collègues l'envie de l'aider et de la soutenir. En se plongeant dans la vie des saints, elle va voir son horizon s'éclaircir.
Tiffany Tavernier a construit son roman comme un cheminement intérieur. Outre la vie d'Alice dans son quotidien fait de violences psychologiques et physiques, elle nous dévoile – sans prosélytisme – la vie des saints et des candidats à la canonisation. Ces deux récits sont entrecoupés de monologues intérieurs qui nous permettent de mieux cerner l'état d'esprit d'Alice, au fur et à mesure que le doute s'installe dans son esprit. Car après sa prise de fonction, elle va chercher les signes propres à la conforter dans sa position. Et les trouver, car elle se dévoue à son homme et pourrait même s'identifier à ces femmes qui donnent tout. Mais au fil des jours, à la fois en creusant ses dossiers et en donnant du crédit aux réflexions de ses collègues et notamment de son amie Anne-So, elle va voir ses certitudes s'ébranler. Au fur et à mesure que ses dossiers se structurent, qu'elle comprend la différence entre les différentes catégories, du serviteur de Dieu au vénérable, du bienheureux au saint, elle avance vers la lumière. Avec elle, on se nourrit des témoignages recueillis.
Solidement documenté, ce roman nous offre aussi de découvrir la complexité des enquêtes menées pour le promotorat de la cause des saints et de comprendre qu'elles sont toujours en cours. Il y a toujours un saint auquel on peut se vouer...
NB. Tout d'abord, un grand merci pour m'avoir lu jusqu'ici! Sur mon blog vous pourrez, outre cette chronique, découvrir les premières pages du livre. Vous découvrirez aussi mon «Grand Guide de la rentrée littéraire 2024». Enfin, en vous y abonnant, vous serez informé de la parution de toutes mes chroniques.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Sommée de trouver un travail pour échapper à la toxicité de son compagnon Alice va se retrouver assistante au Promotorat des causes des saints.
Avec en vérité Alice, son dernier roman, Tiffany Tavernier nous plonge dans un monde méconnu, celui des bureaux chargés d'instruire les candidatures à la canonisation et sonde aussi l'emprise que subit une femme dans son couple et sa difficulté à s'extirper des griffes de son bourreau,.

Tiffany Tavernier, avec ses phrases courtes, coupantes, sans fioritures, dresse la touchant quête de vérité d'une femme qui va trouver dans son travail la force de se libérer.

Cependant, comparé à ses précédents romans, le puissant Roissy ou le très troublant L'ami, la fille de l'immense Bertrand Tavernier ne nous convainc pas tout à fait.

La faute sans doute à ces monologues intérieurs qui appuient un peu sur ce qu'on avait déjà compris et qui ont tendance à mettre un peu trop de pathos sur un sujet casse gueule.

Et la dernière partie qui se perd dans des détails trop techniques sur le procédé de canonisation oublie de captiver le lecteur.. Un roman qu'on aurait adoré aimer sans réserve, mais qui nous laisse un peu sur notre faim.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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« En vérité Alice » est le troisième roman de Tiffany Tavernier, publié en janvier 2024, aux éditions Sabine Wespieser.

Il raconte l'histoire d'Alice, une jeune femme qui vit sous l'emprise de son mari, un homme violent, manipulateur et jaloux. Arrachée à son enfance heureuse au Guatemala, Alice se retrouve isolée et malheureuse en France. Son mari la contrôle, la surveille et la dévalorise. Il la force à trouver un travail, qu'elle obtient au Promotorat des causes des saints, un bureau chargé d'instruire les candidatures à la canonisation. Ce travail va lui ouvrir des perspectives inattendues, notamment grâce à sa rencontre avec des ecclésiastiques qui l'initie à la vie des saints et à la foi.

Alice va alors se questionner sur sa relation, sur sa liberté et sur sa quête de sens.

Mon sentiment sur le roman est plus que mitigé. Je reconnais qu'il est bien écrit et original. Mais, au fond, j'ai davantage apprécié de découvrir le monde des saints et de la procédure de canonisation !!

En effet, il n'y a strictement rien d'original dans ce roman – trop d'auteurs,  guidés par des soucis de plaire et d'édition, abordent aujourd'hui le sujet de « l'emprise féminin  », sans aucune originalité, profondeur et analyse sérieuse.

Ainsi, le personnage est trop caricatural. L'on ne comprend pas pourquoi Alice reste avec son époux, malgré les violences et les humiliations. Les tentatives implicites d'explications « parce que je suis amoureuse «  constitue un raccourci pauvre et, en définitive, navrant.

Quant à la dimension religieuse du roman, le rapport des choses entre elles (emprise et religion chrétienne) est incompréhensible. C'est simpliste et naïf . J'aurais, certainement, mieux envisagé ce rapport - religion et soumission de la femme - à la lumière de la religion de l'islam.

En définitive, le roman ne pose aucune question pertinente, par conséquent,  aucune tentative de réponses sur les questions, pourtant intéressantes, de « l'emprise », la foi et le sens philosophique et sociétal du bien et du mal.

Quant à la fin du roman, celle-ci est frustrante et laisse très perplexe.

Michel.

 


Lien : https://fureur-de-lire.blogs..
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Lui, c'est la victime, il s'est sacrifié pour elle, il aurait pu" se barrer pour une autre"mais c'est elle qu'il aime. Alors il faut comprendre quand il se met en colère. Faut dire qu'il a souffert quand il était gamin !
Alice fait tout pour mériter son amour.
Elle trouve du travail au diocèse. C'est un monde inconnu. Chargée de monter des dossiers de canonisation elle apprend les critères pour être saint. Ces gens là par amour pour dieu ont une vie de sacrifices, d'abnégation, de mortification. Par amour pour lui qui l'aime tant elle supporte les coups et les humiliations.
Sa mère, sa soeur, ses amis la prient de le quitter, mais ils ne comprennent pas que leur amour est unique. Toujours il regrette, il pleure, elle seule peut le consoler et chasser ses démons.
Le chemin va être long pour qu'elle se réveille un jour sans lui.
C'est l'histoire du mécanisme qui se met en place dans la tête d'une victime sous emprise.
Les passages en italique, sorte de journal, montrent à quel point la victime arrive à se sentir responsable de la violence du bourreau. L'écriture de Tiffany Tavernier, la construction du roman rendent très compréhensible la façon de penser de celle dont on dit souvent : elle n'a qu'à partir ".
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« Nous nous aimons si fort, pourquoi cet acharnement à démolir notre union ; n'y a-t-il pas assez de désespoir dans le monde ? » (p. 10) Alice est aveugle à la vérité : le si bel amour qu'elle croit vivre est une relation d'emprise. Son si beau et si fort compagnon n'est qu'un homme violent, menteur, abusif et cruel, au comportement et aux exigences changeantes. Alors que le couple vient de s'installer à Paris, lui la presse de trouver un emploi. « N'est-ce pas lui qui lui avait demandé de tout arrêter ? » (p. 17) Timide et repliée sur elle-même, marquée par le souvenir d'une radieuse enfance au Guatemala, Alice se force dans le monde et, presque par hasard, est embauchée par le diocèse de Paris pour gérer le promotorat des causes des saints. Au hasard des dossiers, elle découvre des vies extraordinaires, consacrées à Dieu, aux autres et à l'amour. Cela l'inspire à se dépasser toujours plus pour sauver sa si précieuse relation et arracher son compagnon à ses démons. « Puiser au fond d'elle cette douceur infinie qui lui a tant manqué et que, à travers ses cris, il lui réclame. » (p. 34) Mais il faudrait un miracle... Tout n'est même pas assez pour cet homme dont la violence augmente à chaque crise : chaque effort d'Alice est vain, et même la très grande promesse d'un bonheur familial ne peut pas sauver un amour qui, en réalité, n'existe pas.

Cette lecture me parle à bien des titres. J'ai travaillé dans un diocèse pendant quelque temps et j'ai vécu une relation avec un homme cruel. C'est rare, les livres qui consolent et guérissent des morceaux d'âme : c'est le cas du roman de Tiffany Tavernier. Je l'ai lu avec avidité, parfois le souffle suspendu tant j'y trouvais des briques pour consolider mon édifice intime. Je vais laisser passer un peu de temps, mais il est certain que je lirai d'autres textes de cette autrice, mais surtout que je relirai En vérité, Alice.
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