Elodie Llorca nous offre un joli bouquet de tendresse et de fantaisie avec ce roman pour ado qui séduira également les adultes. C'est à la fois le portrait d'une jeune fille en construction, en quête d'identité, et celui d'une dame âgée qui se prépare au grand voyage mais qui se refuse à partir sans avoir donné encore un peu d'amour…
Croquant avec inventivité et beaucoup de sensibilité des personnages en marge, elle nous entraîne à leur suite dans un road movie « à la française » jusqu'à Borme-les-Mimosas. Anaé, la jeune héroïne de ce voyage, rêve de redonner le sourire à sa mère en convaincant son amoureux de revenir. Elle sera aidée dans sa quête par Marguerite, une vieille dame fantasque qu'elle a rencontrée dans un parc. L'une et l'autre sont recluses et cherchent une occasion d'ouvrir leurs ailes pour se libérer du carcan du réel. C'est donc un récit initiatique dans lequel la vie et la mort vont se côtoyer.
Le langage est travaillé dans ce roman jeunesse. On s'amuse beaucoup avec les patronymes des différents personnages, tous baptisés avec des vocables empruntés au lexique floral. Comme toujours chez
Elodie Llorca, les mots ont du sens, sont pesés, et participent à créer l'atmosphère du récit. C'est que l'auteure creuse une veine déjà entamée avec succès dans ses deux précédents romans parus en littérature générale : «
La Correction » (prix Stanislas) et «
Grand Bassin ». Je vous recommande, à ce propos, la lecture de ces titres que j'avais découverts avec plaisir auparavant. Ici, un peu délaissée par son père et sa mère, la jeune Anaé se cherche des rePÈREs et marche pour cela droit vers la mer/MÈRE. Toute une quête symbolique en deux mots ! Sa route croisera différentes personnalités en qui elle trouve peut-être des modèles d'adultes lui montrant que l'on peut être comme elle différent tout en construisant son existence avec les autres…