Je suis votre pire cauchemar

La femme cauchemar ne rentre pas dans la norme. Elle effraie les autres, est mise à l'écart. Elle se fait peur à elle aussi en n'osant pas se regarder dans le miroir ou s'afficher sur la plage avec ses amies. Elle est terrifiée à l'idée de découvrir les photos d'elle publiées sur les réseaux sociaux. Lors des soirées, elle se réfugie souvent dans les toilettes de la boîte de nuit pour fuir le regard des autres. Elle réclame à sa mère, quand elle est adolescente et qu'elle veut ressembler aux autres, du Jennyfer. Mais la femme cauchemar a beau faire : elle ne correspond pas à ce que la société attend d'elle à cause de sa cellulite, de ses vergetures, de son ventre, de son double menton : la femme cauchemar est grosse, et tout le lui rappelle.
Kiyémis, présentée par l'éditeur comme "une poétesse, autrice, blogueuse et militante afroféministe qui oeuvre pour l'acceptation de la diversité et lutte pour l'émancipation des femmes", nous livre un témoignage de femme grosse et noire. Elle raconte qu'elle est à la marge depuis son enfance, parle de son parcours pour trouver sa place dans une société qui rejette les femmes grosses. Elle se nomme elle-même la "fille-cauchemar", terme qu'elle définit dans la première partie de son livre. Elle n'est jamais entrée dans la catégorie des "bonnasses", qu'elle jalouse pourtant ; elle explique qu'il faut être "validé" par le regard des hommes et qu'elle a eu du mal à trouver sa place dans le jeu de la séduction. Dans ce récit féministe, Kiyémis s'appuie sur des exemples concrets. Elle déplore que les modèles de femmes grosses soient peu présents, et qu'on valorise plutôt celles qui ont réussi à maigrir, comme la chanteuse Adele, revenue au public complètement amincie et provoquant chez l'auteur une sentiment de trahison.
Kiyémis donne sa vision de femme hétérosexuelle, soumise au regard des hommes dont elle attend la validation. Elle a conscience de cette soumission, de ses propres freins, et elle entreprend de les analyser dans cet essai/témoignage sur la grossophobie.


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