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EAN : 9782246834533
216 pages
Grasset (31/01/2024)
4.05/5   38 notes
Résumé :
« Quand on me demande si j’ai un village, je réponds la brousse. Une maison, un lieu de naissance ? La brousse encore, brousse pleine de sapellis, au bord du fleuve où se faufilent les serpents. Je ne les crains pas, j’en suis un. »

Annabella Morelli, 23 ans, habite dans le Vieux Lyon, loin du Congo Brazzaville où elle est née. Elle est étudiante et se rêve poète.
Ses parents : un ouvrier franco-italien, expatrié en Afrique pour chasser des chi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Alors qu'elle apprend le décès de son père, Annabella se voit dans l'obligation de faire un arrêt sur image de son parcours. Étudiante un peu pommée, accumulant les dettes depuis que les mandats paternels n'arrivent plus, la relation qu'elle vit avec Gabriel se dégrade : rien ne va plus et la disparition soudaine du père ne fait qu'ajouter une pierre de plus à cet édifice bancal.

Les souvenirs reviennent, et avec eux l'évocation de l'enfance en Afrique, du départ de sa mère et de la relation de son père avec une compagne plus jeune. L'histoire se double d'un mystère : les conditions de la mort du père ne sont pas claires, et sa vie semblait évoluer en eaux troubles.

Les révélations soudaines mettent en lumière une autre image du père, suscitant des sentiments contradictoires, entre colère et nostalgie. Ce qui ne la tue pas la rendra t-elle plus forte ?

L'écriture reflète l'état d'esprit et le chaos qui règne dans l'esprit de la jeune femme. Invoquant la poésie et la littérature comme remède au désarroi intérieur, le récit peut apparaitre confus, mais la cohérence est là, en résonance avec le tourment ressenti.

Premier roman en partie autobiographique, avec un vrai travail sur la langue.

216 pages Grasset 31 janvier 2024
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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"On n'oublie jamais la voix du père : c'est un bruit perpétuellement cousu au coeur. J'ai posé mes joues sur le sol pour refroidir ma tête gonflée de bruits, et il m'a semblé que tout mon corps se déchirait dans ma poitrine."

La lumière du jardin, les livres jetés sur la table, l'arrondi d'un crayon, de toute urgence, le pont émeraude, être absente du monde, un immeuble orange, une arrogance certaine, des murs gris décrépis, la saison sèche, les pièces de monnaie économisées, des serpents de terre, brasser du vent, un verre d'eau et du silence, un sac de noeuds, un départ discret le soir, rouge de boue, l'exploitation du manganèse, un toast au saumon, la folie qui éclate, une allée de gravier, la fascination pour une vie étrange, l'odeur du pain et du karité, une colère d'ivrogne, les cadeaux de Noël, des éclats de rires, un regard bleu vert, un petit carnet, une voix d'orage, le fauteuil de mamie, la main dans la poussière, une procédure nécessaire, un chemin d'ombres...

Un très grand merci à Lecteurs.com, et aux Éditions Grasset (avec des collections pleines de richesses littéraires) pour ce premier roman primé, prenant, secret, vulnérable de Ève Guerra sur cette mort symbolique et réelle et sur ces conséquences.

Être écrivain.
Être libre.
Ne rien devoir à personne.
Préférer la fiction à la vie elle-même.
Être parfois abandonnée par les mots.
Être incapable de dire la vérité.
Se sentir inconsolable pour toujours.
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Face à la mort d'un proche, chacun réagit de manière différente. Pour Annabella Morelli, apprendre le décès de son père qu'elle considérait déjà comme mort va être un véritable bouleversement et une remise en question pour cette jeune étudiante lyonnaise.

Premier roman inspiré de sa propre vie, Eve Guerra nous offre un texte fort où la question du rapatriement de son père va réveiller en elle de nombreux souvenirs pour cette jeune fille née Congo Brazzaville.

Concernant le style, j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce roman où les idées s'entremêlent (littéralement parlant) ce qui m'a demandé une forte concentration. Pourtant, ce tourbillon d'idées donne au récit un caractère différent de ce qu'on a l'habitude de lire et m'a rappelé le côté fugace des idées que l'on peut avoir.

Une fois habituée, j'ai trouvé que la plume de l'auteur était plaisante à lire et que celle-ci arrivait à bien nous faire ressentir les sentiments de son personnage principal qui doit faire face à la mort d'un père qu'elle n'avait pas vu depuis 2 ans.

Je tiens à remercier Version Femina pour la découverte de ce premier roman qui a su se démarquer par son style et par sa forme de ce qu'on a l'habitude de lire...
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Annabella Morelli, 23 ans, habite dans le Vieux Lyon, loin du Congo-Brazzaville où elle est née. Elle est étudiante, amoureuse et se rêve poète. Ses parents : un ouvrier franco-italien exilé en Afrique ; une villageoise congolaise, devenue mère trop jeune.

De son enfance, Annabella se rappelle l'odeur du karité, les danses endiablées et les éclats de rire. Jusqu'au Noël de ses sept ans où la colère de son père explose et sa mère quitte le domicile familial : Annabella grandit vite, dans l'ombre de son père et de ses excès.

Lorsqu'elle apprend la mort de ce dernier, resté en Afrique, son monde s'effondre pour la deuxième fois.

Face à la question du rapatriement du corps en France, cette jeune étudiante, vivant un peu à côté d'elle-même, exhume des secrets de famille et ressuscite doucement, sensoriellement, la figure de ce père fantasque, expatrié à la voix de tabac et de vin de palme, dans l'ombre duquel elle a grandi après la disparition prématurée de sa mère.

Récit d'apprentissage sur le deuil, texte âpre comme un couperet, qui sonde avec beaucoup de justesse la question de la double identité, et des différentes dislocations d'une vie.

Avec ce Rapatriement, Ève Guerra signe un premier roman prenant à la plume limpide qui assurément signe la naissance d'une romancière.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Vivre sa jeunesse en Afrique, bringuebalée d'un pays à l‘autre en fonction des coups d'états et des faillites d'entreprises et n'avoir pour seul repère que son père, excessif, alcoolique mais aimant, ce n'est pas l'idéal pour construire une personnalité équilibrée.

Du Congo, au Gabon puis au Cameroun, Anna a connu les riches heures des expatriés dans les pays africains où la main d'oeuvre spécialisée s'arrachait à prix d'or.

De la vie privilégiée des colons à la vie d'aventurier des techniciens itinérants, où il s'agissait parfois de fuir de nuit pour échapper à une guerre civile ou de quitter d'urgence un pays après la faillite d'une entreprise, elle n'a eu d'yeux que pour ce père qui l'a aimé passionnément et l'a laissée s'épanouir à sa guise.

Un amour fusionnel qui s'est concentré après le départ de sa mère africaine et a fait d'elle une jeune fille aux rapports difficiles avec les autres. Une fois installée en France pour ses études de littérature, alors qu'elle pense s'être libérée de cette relation exclusive, Anna voit resurgir violemment ce passé avec la mort accidentelle de son père sur un chantier de Douala. Totalement effondrée, elle rejoint sa famille paternelle à Saint-Palais et, plongée dans ses souvenirs de vacances, elle tente de faire rapatrier le corps depuis le Sénégal.

Eve Guerra porte un regard poétique et sensible sur cette vie de brousse où a évolué, en toute liberté, « la fille du Blanc » qui se sentait « Africain dans l'âme ». Avec cette histoire émouvante d'une jeune femme déchirée par un passé bohème et déstructuré, l'autrice nous plonge dans un vécu d'insouciance et d'excès, vibrant des voix omniprésentes des êtres aimés.

Un premier roman écrit dans un style assez particulier, fait d'abord de sensations mais qui s'étoffe au fil de l'histoire, comme un reflet de la lente construction d'une maturité, perturbée par une jeunesse marginale.
Je suis un peu restée sur ma faim de ne pas avoir partagé plus longtemps la vie africaine d'Anna, ses souvenirs en France et ses liens familiaux m'ayant peu captivée. Mais j'ai trouvé passionnant le décalage entre les différentes vies de ces expatriés et c'est ce qui me restera de cette lecture révélatrice.
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critiques presse (2)
LeMonde
26 février 2024
Le décès du père de la narratrice, au loin, provoque une épiphanie littéraire. Un saisissant premier roman.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LesInrocks
05 février 2024
Une fille d'aujourd'hui essaie de se débrouiller avec un passé encombrant. Un premier roman sensible à découvrir d'urgence
Lire la critique sur le site : LesInrocks
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Il est mort ce jour-là, quand la lumière dans le jardin traversait la baie
vitrée. C’était le jour dans le soleil et mes mains sur les dictionnaires,
qui tournent les pages comme le paysage, sortent d’une pièce pour rejoindre
l’autre, la salle de concours à l’étage et l’espace des lettres. Mes
mains passent l’escalier et les rangées de chaises, un deux trois quatre
livres plein les bras, et le bruit des portes que je pousse avec le dos, les
portes qui claquent comme les couvertures et les livres jetés sur la table.
Il est mort dans l’arrondi d’un crayon qui casse, avec la sorcellerie des
mots pour rivale : je me souviens.
J’ai ouvert le mail et quitté la salle, j’ai descendu les marches et traversé
le portique
— Mademoiselle ?
ouvert les portes battantes, ouvert le bleu froid
— Vous voulez l’emprunter ?
la ville de sacoches, de sacs à dos
— Vous voulez emprunter ce livre ?
qui courent et se faufilent dans le tram.
J’ai déposé le livre et passé trois marches aux mégots écrasés, un passage
clouté, toute la rue de la bibliothèque Denis Diderot jusqu’à l’entrée
d’un call box
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N'attendez pas de la littérature qu'elle vous aide bien plus qu'elle ne le fait déjà. La littérature ne nous donne les clés du monde que si l'on se rend capable de l'interpréter, elle ne sauve que parce qu'elle réintègre l'individu dans le collectif et la transmission, et il est là le salut par la littérature : c'est de faire de nous des individus parmi les hommes.
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C'était le dimanche toujours au-dessus des bols, le chocolat chaud, la fumée en spirale que je chasse, comme les boucles de mon visage.
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Aucune voix ne ressemble à celle du père ou de la mère. Elles participent de ces mondes intérieurs qui ne nous quittent que dans la mort.
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J'étais au seuil de moi-même, du moins je le pensais, la bouche remplie d'espérances et un front d'orgueil. J'avais réussi par je ne sais quel tour de force à soumettre le monde et mon père."
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