L'auteur casse le paradigme éculé de "évolution de l'univers vers une mort thermique due à l'accroissement inéluctable de l'entropie". Cette présentation de la fin de l'univers à partir de l'entropie est un dogme depuis le 19ème siècle et suivant, avec le deuxième principe de la thermodynamique, On se souvient des larmoyantes descriptions de ce siècle du romantisme neurasthénique façon
Camille Flammarion dans son "Astronomie Populaire" avec la lugubre illustration de la mort thermique de la Terre (avant celle de l'univers connu bien évidemment) , illustrée par un couple de squelettes étreignant celui de leur enfant, celui du chien fidèle gisant à leur pieds..
Donc c'est une lecture nouvelle de l'évolution cosmologique habituelle, mais vue depuis la notion d'énergie et non plus depuis la matière, depuis les particules de photons (des différentes énergies, pas seulement du segment de la lumière visible) et non plus depuis les noyaux atomiques. C'est très intéressant car cela met nettement mieux en valeur la succession d'hasards miraculeux qui a permis la création de l'univers que nous connaissons.
Il est certain que cela met en valeur la notion de "nécessité" (au sens que lui donne Monod dans son "Hasard et nécessité") et met en péril (voire met à mal) l'argument "nous avons eu un sacré coup de chance d'avoir les bonnes constantes cosmologiques qui nous ont permis d'exister, mais c'est uniquement le fruit de la chance". (Chance de 1/10 exp 33 en gros mais bon, il y a bien des gens qui gagnent le loto nous dit la presse).
L'auteur prend toutes les précautions nécessaires pour expliquer que si l'univers a un sens (une nécessité des paramètres de départ permettant l'éclosion de la vie biologique), cela n'implique pas pour lui l'existence d'un principe Créateur (Dieu, en fait). Cela agacera néanmoins certains psychorigides qui tiennent absolument à leur statut de verrues inutiles, fruits d'un hasard imbécile et dont la dispartion prochaine soulagera tout le monde.
Mais il reste que cette approche de l'évolution de l'univers connu par l'énergie, tout autant scientifique que celle procédant à partir de la matière uniquement se révèle très féconde car bien plus cohérente et permettant de projeter des pistes de développement théoriques.
En résumé, une très bonne lecture, d'un auteur courageux ("le premier qui dit la vérité, il doit être...), à recommander aux esprits libres et aux étudiants pour
qu'ils entrainent leurs facultés créatives et la mise en cause des vieilles lunes qui enchaînent la pensée.
A noter : beaucoup d'anecdotes du monde technique et scientifique, souvent non connues, illustrant la pesanteur des idées reçues qui souvent empêchent le développement du progrès scientifique. Cela allège un peu la longueur de la deuxième partie car la démonstration est faite dès la première partie.
Le chapitre de conclusion, lui, m'apparaît toutefois sacrifier un peu à la bien pensance actuelle, une petite concession en fait (un paradis humain sur Terre envisageable si l'évolution de l'homme le voulait bien) alors que depuis longtemps on sait que si le Paradis peut débuter sur Terre, sa réalisation réelle ne peut se faire qu'au delà de nos constantes cosmologiques (l'éternité aboli le temps entre autres), la Jérusalem Céleste n'est pas de ce monde. (lol)
Bonne lecture.
;)