La dystopie renaît de ses cendres, les flammes se ravivent et sont prêtes à tout brûler sur leur passage. Et pour cela, il faudra remercier
Margot Dessenne pour son travail incroyable.
Ce tome prend une relève parfaite de son précédent, nous amenant dans milles-et-un lieux, milles-et-unes émotions.
Margot Dessenne nous a répété maintes fois, au travers de ses réseaux sociaux, que ce tome était plus horrible que le premier, mais qu'il était moins sujet à nous faire pleurer - à l'inverse du premier. Je crois n'avoir jamais entendu et lu un mensonge aussi éhonté, car je n'ai fait que pleurer tout du long. Aussi bien pour les bons moments que les pires, tant elle réalise ce tour de force avec brio de faire en sorte que nous vibrons avec les personnages. Leurs joies, leurs peines et leurs angoisses sont devenues les miennes le temps de cette lecture. Tantôt j'ai pleuré par fierté, tantôt par réelle peine, tantôt parce que j'avais fini le livre.
Je dois avouer que j'ai hâte d'avoir le point final à tous ces points d'interrogation restants, à tous ceux qui sont apparus. Mais en réalité, je n'ai pas envie de quitter ces personnages auxquels j'ai tant accroché. Je n'ai pas envie que cela s'arrête au troisième tome, même s'il en est clairement mieux ainsi pour ces pauvres petits qui souffrent beaucoup trop selon moi! Enfin, pour ce dernier point, cela montre encore une qualité indéniable chez Margot. Elle n'a pas peur de prendre les décisions qui s'imposent pour son histoire, même si cela demande de faire des choix compliqués, même si cela demande parfois une mort ou plus encore. Je m'en étais déjà rendu compte lors de la lecture Absolu : Les Mobilisés mais c'est encore plus flagrant ici. Tout sera fait pour l'histoire, pour que cela avance, pour nous amener là où Margot le désire. Certes, cette qualité m'aura fait verser quelques litres de larmes, m'aura provoqué des tonnes de frissons d'effroi et d'angoisse, mais n'est-ce pas là une autre qualité?
Il est impossible de ne pas s'attacher à cette multitude de personnages, représentés sous divers prismes et une immense diversité. C'est assez rare et l'avoir dans ce roman est un plus que j'affectionne énormément. Il y en a tellement, où chacun peut avoir son moment de gloire et être sous la lumière des projecteurs, qu'il est impossible de ne pas s'attacher à au moins l'un d'entre eux. Honnêtement, devoir choisir un préféré? Cela sonne comme devoir choisir son enfant favori parmi les siens. Injuste pour tous les autres, car tous sont tout simplement si bien écrits… Je dois avouer avoir un petit plus pour Edward, aussi angoissé que moi et en qui je me reconnais pour bien des points, et Aleksander, que je savais cacher bien plus derrière ses airs durs et froids que ce qu'il pouvait montrer. Comme quoi, mon instinct me trompe rarement !
Mais ici, nous avons même l'occasion de découvrir d'autres personnages, qui nous amènent d'autres leçons, d'autres messages, avec toute leur importance dans le roman, mais finalement… Un peu aussi dans la vraie vie. On dit souvent que ce qu'écrit un.e auteur.e le représente souvent, décrit souvent sa pensée et sa personnalité. Avec tout ce que nous apporte le personnage de Babcia, pour simple, je pense pouvoir dire que j'adorerais apprendre à connaître davantage l'autrice, au delà de ses écrits.
L'histoire évolue. Là où l'on pouvait apercevoir où elle voulait en venir dans son premier volume, ce n'en est pas le cas ici. L'histoire se complexifie, se densifie et devient plus profonde. Elle rentre plus loin encore dans les codes de la dystopie, plus intensément, et sort du côté peut-être ‘plus classique' du premier tome. Ce tome nous réserve maintes surprises, dévoilant alors tout le potentiel déjà abordé dans le précédent. Elle assoit parfaitement les enjeux, nous en dévoile tellement plus. Un tome dense mais qui prépare d'une force le dernier, sans pour autant ennuyer ou nous lasser, nous plongeant dans ses filets toujours un peu plus alors que l'on avance dans notre lecture. Lors d'une lecture commune du premier tome, quelqu'un m'a dit qu'une bonne saga, le challenge, finalement… C'était toujours le deuxième tome. Il est charnière et j'avoue que je suis plutôt d'accord, même si j'ai ouvert ce livre sans peur. Pour avoir rencontré Margot et avoir pu discuter avec elle un long moment, je savais qu'elle y serait arrivée. Et elle l'a fait d'une manière tout simplement impressionnante, malgré tous les enjeux et tout ce qu'elle avait à placer pour faire avancer son histoire.
Dans ce tome, nous naviguons une fois encore dans cette multitude de points de vue, déjà très intéressante dans le premier tome. Ici, il faut suivre différentes lignes de temps, différentes histoires et parfois, la frustration vous gagnera lorsque vous tournerez la dernière page d'un chapitre… Et après avoir lu le suivant, vous aurez le même sentiment. Vous voudrez toujours savoir ce qu'il se passe ensuite pour tel personnage, alors que vous basculez complètement avec un autre dans la page d'après. Cette multiplicité rend un réel service à la narration, nous laissant entrevoir un peu plus de chacun de ces personnages que l'on cherche à retrouver à chaque page que l'on tourne, nous permettant d'explorer différentes narrations et histoires de chacun. Nous ne faisons pas que changer de point de vue, mais également de lieux, d'histoires, et cela peut paraître intimidant mais j'en fais la promesse, c'est nécessaire et divin. Chaque page tournée nous en raconte toujours plus, tout a été parfaitement calculé pour que tout soit utile, que tout apporte un petit quelque chose… Que cela soit pour nous briser le coeur ou le remplir de joie, un court instant.
Cela faisait un moment qu'une saga ne m'avait pas happé de la sorte et la découverte de celle-ci fut intense lors du premier tome, que j'ai relu avant celui-ci. Un plaisir entier, je n'apprécie pas forcément de relire, car comme beaucoup de lecteurs, j'ai énormément à lire et que trop peu de temps… Pourtant, relire Absolu : Les Mobilisés fut un plaisir sans nom, retrouvant le frisson qu'il m'avait procuré dès le début. Ce tome deux n'est pas une déception mais une continuité exceptionnelle d'une saga si prometteuse, me plongeant à nouveau dans cet univers, même si le bain peut sembler étouffant par passage tant les émotions sont grandes, avec le plus grand des bonheurs. Je l'ai déjà dit, mais je ne suis pas prêt à quitter cette saga, et pourtant, le prochain tome marquera la fin. Je le redoute autant que je le désire, car Margot n'hésite pas à nous faire une nouvelle fois une fin, à nous donner de hurler dans un oreiller ou à planter ses dents dans quelque chose pour évacuer la frustration de devoir encore attendre. Mais surtout, qu'elle ne se presse pas, car la qualité demande du temps et les lecteurs de ce chef d'oeuvre sauront attendre qu'elle soit prête à nous délivrer la fin de sa première saga.
Alors, merci, Margot, pour ce travail formidable et toutes ces émotions. ♥