Cette « Chronique indiscrète de la France d'après-guerre 1944 – 1945 » a pour objectif de rappeler aux nouvelles générations les turpitudes criminelles de certains personnages qui sont passés, à l'occasion de ces temps de bouleversements d'aprè-guerre, d'un bord à l'autre et ont trahi allégrement leur patrie, leurs amis, l'honneur …
« de l'escroquerie consistant à s'inventer un passé de résistant jusqu'au cas – unique dans l'histoire parlementaire – d'un complice des nazis (Jacques Tacnet) parvenant à se faire élire député sous une fausse identité (Jacques Ducreux), en passant par l'invention de faux complots (le Plan bleu) et la dissimulation d'authentiques séditions (comme celle dite de la Pentecôte), rarement communauté ne se sera autant menti à elle-même ni chaque citoyen à son voisin avec une telle audace... Et pour tout dire, pareille impunité ! » ainsi est-il écrit sur la jaquette de ce livre.
Que cet ouvrage soit écrit par un homme de droite ne me dérange pas, par un idolâtre du Général
de Gaulle encre moins, moi qui fus élevée dans le culte du grand homme par un père héros de guerre …
Mais j'y ai aussi décelé un dessein qui me dérange davantage, tout en le mettant au jour dans la seconde partie du livre : la permanence de l'influence américaine dans le processus passé … et toujours d'actualité, de la laborieuse construction européenne.
Et j'ai enfin compris l'opposition tenace des Américains à la volonté d'indépendance de la France après la fin de la guerre et pourquoi le Général haïssait autant Jean Monnet, tout en reconnaissant ses capacités d'organisateur.
La première partie de cet ouvrage – la plus croustillante – met en scène un festival de salopards. La faculté de certains à changer de personnalité à la faveur du chaos de la fin des hostilités. Reconversions sur le tard, retournements de vestes, réseaux enterrés prêts à toutes sortes de complots, mythomanes mégalomanes, délateurs, purs escrocs opportunistes, infiltration dans les partis politiques renaissants. L'auteur balance les noms et les pedigrees avec une évidente jouissance, mais toujours avec une argumentation bien documentée.
On y retrouve la narration d'exactions sans contrôle lors des opérations sauvages d'épuration, l'infiltration des plus hautes autorités de l'Etat – y compris dans la police - par des escrocs, l'instrumentalisation d'anciens résistants, l'implication des services de désinformation soviétiques et américains. Ceux-ci implantent des « Stay behind », sorte de 5ème colonne d'agents dormants recrutés pour contrer les communistes, initiatives réitérées pour piéger, déstabiliser, supprimer
De Gaulle …
J'ai enfin compris les ressorts de l'échec de la tentative – déjà – de prise de contrôle de la défense européenne à partir du traité de la CED, finalement repoussé grâce à l'action de
Michel Debré …
Finalement, lorsqu'on songe à la découverte récente que Philippe Grumbach (décédé en 2003), patron de l'Express pendant des lustres et journaliste universellement reconnu, était en fait un agent du KGB … on se dit que les techniques de désinformation ont toujours eu cours et le sont sans doute encore … et que les tentatives de tous bords de déstabiliser l'Europe en général et la France en particulier, sont à l'oeuvre.
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