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Perrin [corriger]

Les Éditions Perrin, maison d`édition française, ont été fondées en 1843, et sont spécialisées dans l`histoire. Les publications sont diverses et regroupent des biographies de référence, des ouvrages novateurs par le thème, ou encore la collection Tempus, au format poche.

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Gamelin

J'ai lu cette biographie avec intérêt (juin 2024) car Gamelin est certainement le plus grand loser de l'histoire. Le jugement de l'historien est sévère mais il s'appuie sur une consultation de nombreuses sources. Gamelin était à la fois ambitieux et velléitaire, secret et habile à parler, cauteleux et démissionnaire. Le plus grave étant qu'il fait tout pour se dédouaner et rejeter la faute sur ses subordonnés ce qui est contraire à l'éthique militaire. Cela l'a coupé de tous les autres officiers supérieurs (Weygand lui tenait une haine féroce). On découvre aussi un personnage finalement assez mesquin et quelconque dans des circonstances qui appelait tout autre courage personnel. La grandeur sera portée par un simple général de brigade (De Gaulle n’est cité qu'une seule fois dans l'ouvrage). Je suis étonné cependant que dans l'évocation de la défaite et de ses causes immédiates et lointaines (ce qui fait l'objet par ex du procès de Riom dans lequel Gamelin fait partie des accusés) l'auteur ne fasse jamais appel à l'analyse pourtant contemporaine de Marc Bloch dans L'étrange défaite. Il me semble que l'auteur, lui, dédouane trop simplement l'armée en tant que telle, sclérosée et conduite en gros par de vieilles badernes surtout entre 1931 et 1940 sans oublier sa stratégie défensive désastreuse. Bref, il offre une lecture trop complaisante du commandement, sans doute parce qu'il en fait partie...
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Munich 1938: La paix impossible

Le moins que l'on puisse dire c'est que lorsque Maurizio Serra s'empare d'un sujet c'est à la fois remarquable et remarqué. Après sa biographie de Mussolini, voilà qu'il s'intéresse à la conférence de Munich, qui parmi les dates de nos cours d'histoire, que nous apprenions par cœur sans forcément savoir à quoi cela correspondait...

Si on nous dit 29 septembre 1938, pas sûr que beaucoup de souvenirs nous remontent tout naturellement...

Heureusement que des éminents auteurs sont là pour nous rafraîchir la mémoire à défaut de nous apprendre ce qu'il s'est passé ce jour là.



Dans son livre La Mémoire, l'histoire, l'oubli, le philosophe Paul Ricoeur analysait les trois étapes fondamentales qui structurent l'activité de tout historien : phase documentaire de constitution des archives, phase explicative de réponse aux questions qui ont motivé l'enquête, phase représentative enfin, correspondant à la mise en forme littéraire de cette explication historique à destination des lecteurs.



Et dans ces trois étapes Maurizio Serra excelle, et c'est un euphémisme une fois ce livre terminé.

Car l'auteur scrute, décortique ce temps d’après-débâcle où les destins bifurquent, ordinaires ou monstrueux. Il fouille cette période grise où se côtoient des héros et des individus compromis, et l'on ressent que sa mission, ce n’est pas de dresser l’ultime et immuable statue, car beaucoup préjugés sont battus en brèche dans cet ouvrage.



Maurizio Serra sait capter, comme peu d'historien, la subtilité de l’esprit humain, sa mobilité, son cynisme, ses nuances, ses contradictions, son mystère, et finalement l’impossibilité de le percer à jour. Conjuguant inextricablement le biographe, le psychologue et l’historien.



À l'issue de son discours de réception à l'Académie Française devant les académiciens voici ce que disait Xavier Darcos dans sa réponse à propos de l'auteur : " Parce que de cette histoire, vous Italien, écrivain et ambassadeur, vous êtes l’héritier, comme l’Académie elle-même. Par cet héritage commun, nous étions confrères, avant même votre présence parmi nous. Une sorte de prédestination.

        Les rapports entre l’histoire des lettres et celle des États sont au cœur de votre œuvre, vous qui conciliez la lucidité du diplomate et la ferveur de l’homme de lettres, double carrière que vous menez, andante con moto, avec un si grand succès. Tout au long du parcours qui vous a conduit jusqu’à l’Académie française, vous n’avez cessé de méditer les échos que se renvoient les péripéties politiques et l’histoire littéraire, sagas qui se croisent ou s’entremêlent sans cesse et qui dialoguent à bonne distance. [...] Ce qui paraît vous intéresser le plus, hormis la nécessité d’éclairer les obscurités du xxe siècle, c’est de chercher dans la vie des intellectuels ces moments où, placés au carrefour de la grande histoire devant un choix crucial, il s’en faut de peu qu’une voie s’impose plutôt qu’une autre."



Xavier Darcos terminant son discours sur ces mots :

" Je ne vois aucun paradoxe dans ce choix qui structure toute votre œuvre, mais au contraire une logique profonde. Pour que de tels malheurs ne se reproduisent pas, l’incantation ne peut suffire. Le savoir historique le plus méticuleux est indispensable, et la mémoire aussi, afin qu’aucune leçon de ces drames ne se perde. Simone Veil, à qui vous succédez, a traversé de la pire façon les pires années du siècle passé et n’a eu de cesse de trouver les remèdes au mal. À votre tour, vous apportez votre regard d’historien et d’ambassadeur. Vous nous rappelez que la république des Lettres avait été conçue à la Renaissance comme un remède pour dépasser les divisions sanglantes de l’Europe. Ce qu’était la théologie dans l’Europe des guerres de Religion, l’idéologie le fut dans l’Europe des nationalismes. De quelque manière qu’on le nomme, ce mal est de tous les temps, et peut-être, plus que jamais, du nôtre."



Grâce à une écriture sans faille et millimétrée, une connaissance et des notes d'une précision horlogère qui illustrent à merveille son propos, l'auteur nous plonge dans ce moment d'histoire.

Il nous offre un remarquable portrait de Neville Chamberlain " qui n’arrivera jamais à saisir les dimensions réelles de la personnalité du Führer, qui dépassait ses références. Et il semblait partager l’opinion, alors répandue, selon laquelle l’Allemagne avait été maltraitée à Versailles et qu’il fallait lui donner des compensations pour endiguer ses penchants revanchards : comme si la Sarre, la Rhénanie et bientôt l’Anschluss n’avaient pas suffisamment démontré les objectifs hitlériens ! "

Il nous fait découvrir le rôle méconnu de Mussolini qui tentera de proposer un compromis.

Sans oublier ce que l'histoire retient comme : " « Les cons ! » Que Daladier ait prononcé ou non ces mots délectables, si français, à son retour de Munich, ils ont acquis une portée historique – et morale – qui dépasse même la réponse légendaire de Cambronne. Se non è vero, è ben trovato. Le soulagement de la population était dû en France comme partout en Europe, Tchécoslovaquie évidemment exceptée, à l’espoir que la guerre s’éloignait, peut-être pour toujours, en épargnant au moins deux générations : les plus âgés, qui avaient déjà connu l’horreur des tranchées, et les plus jeunes, qui n’en voulaient pas."



Vous l'aurez compris, analyses fines, portraits précis, anecdotes vivantes, narration exemplaire, érudition solide, cela se lit comme un roman.

L'auteur a même pensé à ajouter en fin de volume une chronologie essentielle couvrant la période de 1918 à 1948 et même après, sans oublier la pièce maîtresse de ce jeu de dupes : l’accord et ses annexes



Et pourtant l'actualité trouve un écho particulier et une résonnance particulière à la lecture de cet ouvrage. Son excipit ne sonne-t-il pas comme une forme d'avertissement à défaut d'éclaircissement :



"Si Munich est enterré avec tout ce qu’il a pu représenter de pernicieux dans l’histoire européenne, nous vivons toujours à l’ombre d’un syndrome de fatalité et de désistement qui refait périodiquement surface dans les crises géostratégiques. Les Tchèques et les Slovaques, aujourd’hui pacifiquement séparés, s’en souviennent bien, vu que pour régler le sort du « printemps de Prague », en 1968, il n’y eut même pas besoin d’une conférence, mais de la simple démission de la communauté internationale, ponctuée de protestations rhétoriques, face aux agissements de la puissance hégémonique, qui n’était plus l’Allemagne hitlérienne mais agissait comme elle. Cela pose le problème de l’attitude des démocraties face à la force et du pacifisme face à la brutalité. La seule réponse efficace est la fermeté appuyée sur le recours, s’il le faut, à la « violence légitime » : répondre à l’agression par la passivité ne fait que renforcer les dictatures et encourager leurs mauvais agissements. En ce sens, « Munich » est devenu un canon négatif. Les cas se sont multipliés depuis lors : des conflits dans l’ex-Yougoslavie, si mal gérés par l’Occident, jusqu’à la crise ukrainienne, la liste est longue. L’historien ne peut se pencher sur l’actualité, qui exige d’autres moyens d’approche. Il lui revient seulement d’exposer les événements d’une époque révolue aussi objectivement que possible, afin que les gens de bonne volonté puissent en tirer les conclusions appropriées."

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Lénine, l'inventeur du totalitarisme

Le spécialiste du communisme Stéphane Courtois signe un livre somme sur Lénine, cherchant à démontrer qu’il fonde le premier totalitarisme de l’histoire. Magistral.
Lien : https://www.transfuge.fr/202..
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