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Critiques à l'affiche

La promesse de l'aube

La promesse de l'aube (1956)
Fan de la grave drôlerie et du style percutant de Emile Ajar, je me suis décidée à remonter à la source. C'est ainsi que j'ai plongé dans le récit autobiographique de son enfance, de la relation avec une mère possessive et de son engagement dans la guerre : La promesse de l'aube.
Ce titre poétiquement énigmatique est expliqué dès les premières pages (citation célèbre) : « Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son coeur, ce ne sont plus que des condoléances.» Tout étudiant en psychologie devrait lire ces pages et ces pages d'identification à une mère étouffante, épuisante, vaillante, d'affabulations et d'arrangements permanents avec la réalité, décrite à l'appui de détails croustillants et historiques dans l'Europe bien réelle et fascinante de 1920 à 1944.
J'ai trouvé cette lecture éprouvante. On ne sort pas indemne de l'univers élégant de Romain Gary, un univers qui a débuté il y a 100 ans, dans un monde sans télévision mais plein de livres, où l'imaginaire sans entraves cohabitait avec l'âpreté de la vie et l'héroïsme de la guerre.
Je suis incapable de décoder ce mélange improbable de finesse d'esprit, d'immense culture, d'enfant délicat, d'homme seul, d'écrivain remarquable. Je suis une lectrice perturbée, ma tête s'est transformée en kaléidoscope, je ne sais plus qui ou quoi je lis. Tout est dingue en permanence, jusqu'au moment où cela ne l'est plus. C'est alors qu'émergent de nulle part des pépites philosophiques du fils à maman ou du pilote médaillé, comme celle-ci : « Tout ce que la vieillesse a "appris" est en réalité tout ce qu'elle a oublié. » Il n'y a pas de sérénité, ni de sagesse, ni d'indulgence, il y a juste de l'oubli.
Lancinant est son désespoir en l'humanité, tragique est sa conscience d'une défectuosité personnelle, juste est sa tendresse pour l'animal. On ne sort pas indemne de l'univers de Romain Gary.
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Les fêlures de Wakefield Manor

Ayant besoin d'une lecture facile et divertissante, j'ai décidé de renouer avec mes anciennes amours : les romans anglais abritant de mystérieux manoirs entre la fin du XIXe siècle, et le début du 20e.
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Les fêlures de Wakefield Manor s'est révélé être une très bonne pioche, allant plus loin que ce que j'en attendais en termes de manipulation et de manigances, de secrets et de révélations. Je fais donc une courte apparition ici pour vous le présenter.
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Je me suis seulement demandé s'il était réellement aussi facile de faire interner les femmes au début du XXe siècle, surtout quand ce n'était pas par leur propre famille. Si c'était le cas, nul doute que beaucoup d'abus auront permis de fomenter des intrigues surprenantes, comme celle de ce roman.
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Mais il ne s'agit que d'une toute petite part de cette histoire brillamment racontée et construite. Elle commence lorsque, pour faciliter le deuil de son mari, Honoria, issue de l'aristocratie, décide de devenir la préceptrice des enfants d'une famille de riches industriels à Wakefield Manor. Si sa personnalité gracieuse facilite son intégration, elle a cependant la sensation que plus elle se rapproche de chaque personnage, plus le décor s'effrite. Trois hommes lui feront la cour, mais qui sont-ils réellement ? Une fille manquera à l'appel, une autre sera son amie, l'autre la haïra, la dernière la vénèrera. Parmi les domestiques et les autres occupants du château, il sera parfois difficile de savoir à qui se fier et de qui se méfier. Mais pourquoi se méfier ? Les parents quant à eux offriront un masque qui ne cessera de se fendiller jusqu'à ce que l'on trouve enfin ce qui ne collait pas.
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Il se trouve que le lecteur, grâce à un récit alternant deux temporalités ( 1870 et 1910), devinera assez vite les trois quarts de l'histoire. Par ailleurs, et contrairement à l'agaçante Agatha Christie, l'auteur ici placera régulièrement des indices à notre portée, afin que nous suivions avec attention son jeu de piste. Mais Honoria, ne possédant que les preuves qu'elle découvrira malgré elle durant son séjour au manoir, fera durer le suspense jusqu'à la fin, nous torturant avec délices de nos incertitudes et blancs restant à combler.
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Une intrigue efficace aux rebondissements bien rythmés, à l'ambiance idéalement feutrée et aux personnages bien construits. Grand plaisir de lecture malgré, peut-être, l'apparente facilité de l'une des péripéties.
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Le petit plus : une playlist pour débuter chaque chapitre dans l’ambiance adéquate, j’ai adoré !
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L'Enragé

Comme promis, j'ai laissé passer la vague déferlante des critiques sur ce livre pour m'en emparer à mon tour.

Le 11 octobre 1932, nous faisons cnonaissance avec le narrateur, surnommé La Teigne.

C'est l'heure de la cantine dans la colonie pénitentiaire pour mineurs de Belle-Ïle-en-mer.

"Tous sont tête basse, le nez dans leur écuelle à chien. Ils bouffent, ils lapent, ils saucent leur pâtée sans un bruit. Interdit à table, le bruit. Le réfectoire doit être silencieux".

Ces enfants sont emprisonnés pour menus larcins, ou pour avoir commis le crime d'être orphelins.
La Teigne par exemple, mère partie voir si l'herbe était plus verte ailleurs, père démissionnaire, grands-parents qui s'en fichent.

Le jour où il a été traîné au tribunal pour une bêtise dont il a été reconnu innocent, la "Justice" l'a libéré.
Mais comme personne n'a voulu de lui, on l'a envoyé se refaire une santé entre ces quatre murs où le soleil ne pénètre jamais.

Les matons, enfin gardiens ou moniteurs, sont impitoyables.
Brimades, coups, isolement, privations, cachot, toutes formes de maltraitance sont au menu du jour, même hors cantine.

Les plus petits sont dominés par les plus grands qui les soumettent sexuellement sous le regard impassible des gardiens.
Quand ils ne sont pas à l'intérieur de la prison, on les envoie travailler. De lourdes tâches pour ces petits bouts de choux.

Jusqu'au jour où n'en pouvant plus de plier sous le joug, les enfants se révoltent.

Tout ça m'a rappelé beaucoup d'orphelinats, tel celui de Jersey, ainsi que d'autres, sur lesquels je me suis documentée.

Cependant, je suis mitigée sur cette lecture.
Bien sûr, les descriptions sont particulièrement horribles, mais elles ne m'ont pas émotionnellement touchée.

L'auteur n'engage pas son ressenti dans le récit. Le style est froid, désincarné.
Alors je n'ai rien ressenti non plus pendant la permière moitié du livre.

Ensuite, une touche d'émotion pendant une trentaine de pages. J'ai bien accroché, j'étais contente, et puis le soufflé est retombé.
C'est dommage, parce que tous les ingrédients étaient réunis, mais contrairement à la majorité de mes babelpotes, je n'ai pas embarqué comme je l'aurais voulu.

Je ne déconseille cependant pas ce livre que j'ai apprécié quand même.
C'est juste qu'il m'a manqué ce petit quelque chose qui en aurait fait un coup de coeur.

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Les Quais de la colère

1910, quai Colbert au Havre. Là où travaillent les charbonniers pour gagner misère. Ces charbonniers, « fringues en lambeaux, galoches trouées, mines d'affamés. Une bande de pouilleux, misérables de la tête aux pieds ». Des charbonniers se situant au plus bas de la hiérarchie des dockers. « Les derniers des derniers ». « Le quai Colbert n'était rien d'autre qu'un territoire de cendre, de crasse et de suie, où trimaient les damnés du port, des mercenaires dégénérés sur lesquels couraient les rumeurs les plus folles et les plus sordides. Là-dedans, dans l'espace maudit, on buvait et on se battait jusqu'à la mort. Un repaire de hors-la-loi où régnaient une terreur sanglante et une licence abjecte. Quai Colbert, tout était pire qu'ailleurs sur le port où pourtant rien n'était rose. »
« Des bêtes de somme, voilà ce qu'ils étaient, rien d'autre. Et traitées comme telles. Ou pire encore. [...] Pour quatre francs la bordée, ils suaient sang et eau, se brisaient les reins et respiraient de la merde. Cela en valait-il la peine ? Sur le quai, à quarante ans, on était foutu. Quand on n'était pas mort. »

Leurs conditions de vie sont épouvantables, à l'opposé de celles des négociants-importateurs de charbon dont les affaires prospèrent. « Le charbon ! Rien ne comptait plus pour la formidable industrie portuaire, pour ce rivage où le monde entier faisait escale, où les plus grands navires, les plus modernes, les plus rapides se donnaient rendez-vous. Il avait lu récemment dans Le Figaro que la croissance du Havre était un fait unique dans l'histoire commerciale française, qu'en quarante ans le trafic portuaire avait été multiplié par dix ! »

Voilà le contexte sur lequel repose cet ouvrage où vous devinez, rien qu'à la lecture de ces deux paragraphes, que la colère va gronder sur fond de lutte des classes. Le moindre prétexte est source de bagarres, d'énervement et voilà que se pointe à l'horizon une machine grue capable de remplacer une bonne partie de la main d'œuvre. le terreau fertile d'une révolte syndicale, qui rappelle celui des mineurs du Nord.

J'ai trouvé ce roman historique, basé sur des faits réels, absolument passionnant tant pour son écriture à la Zola que pour son histoire. Celle de Jules Durand, un chef de file syndical qui finira broyé. L'ambiance est palpable, les descriptions et le vocabulaire d'époque sont immersifs, la narration est prenante. Tellement prenante que j'ai trouvé cette lecture fatigante, moi qui lis le soir ! J'ai mis plusieurs jours avant de tourner la dernière page.
Petit bémol sur la forme, car les notes sont situées en fin d'ouvrage, ce qui oblige à s'y rendre régulièrement. Cela coupe la lecture, j'aurais préféré qu'elles soient en bas de pages.

En résumé, une très belle lecture qui me restera en mémoire, à la fois pour l'écriture et pour l'histoire.
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La Peste

Il y a certes bien des fulgurances géniales ou profondes, le thème est très fort, mais, cette quête évidente du roman philosophique le rend un peu pesant dans le style et dans le rythme, à mon goût. Ton descriptif, explicatif, didactique aidant, la monotonie s'installe et, au milieu du roman, j'ai eu moins envie de poursuivre. Sans doute voulu par le grand Camus, la souffrance continue des hommes ayant en soi quelque chose de profondément monotone. J'avais adoré l'Etranger, lu au moins deux fois.
Mais au milieu de La Peste, j'ai mis le livre en pose (temporaire?), lui préférant l'excellente récente mini série qu'il a inspiré et qui a ajouté, avec beaucoup de bonheur, dans l'intrigue originale des ressorts et des personnages captivants.
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Jusqu'au dernier (BD)

Je suis décidément verni dans le genre BD en ce moment, je cumule, d'une part de bonnes suggestions sur Babélio, et d'autre part leurs disponibilité à ma médiathèque. Depuis quelques mois, c'est plus d'une vingtaine de lectures, et vu mon retard accumulé dans ce domaine, c'est loin d'être fini :)
Pour parler de cette BD, je vais commencer par les graphismes, ils sont extra, jetez un œil sur la couverture et vous comprendrez, mais il y a aussi un scénario intéressant, le thème et l'intrigue sont assez originaux, et le traitement, du début jusqu'à l'épilogue est simplement inattendu.
Ce western crépusculaire nous raconte la fin d'un monde, celui des cowboys convoyeurs de bétail, l'arrivée du train et de la modernité sonne le glas de leur mode de vie. Pour beaucoup, le désarroi est total, car la reconversion est pour ainsi dire impossible, fermier ou outlaw ? Pour Russell, ce sera la vie de fermier avec Benett, un simplet qui est aussi son fils adoptif, il a fait des économies et compte se rendre propriétaire d'une ferme...
Ce qui est amusant, c'est la façon dont on peut se faire influencer et abuser par un titre, je n'en dirais pas plus, si ce n'est que j'ai beaucoup aimé cette lecture.
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Crains le pire

Un jour ou l'autre, je reviens vers mes auteurs fétiches.
Cette fois, c'est Linwood Barclay qui s'y colle.

Père d'une ado, Syd, qu'il couve comme le lait sur le feu, Tim, divorcé, a un petit accrochage avec sa fille au moment oú elle part travailler.
Il culpabilise et a hâte de voir le soir arriver pour discuter avec Syd.

Seulement ce soir-là, elle ne rentre pas.

L'affolement le gagne, il appelle son ex-femme avec laquelle il est resté en très bons termes, malgré l'animosité de Bob, son nouveau mari.

Les heures passent, puis les jours, et toujours aucune nouvelle de Syd.
Alors il va se mettre à sa recherche.

C'est du Linwood Barclay, et je savais que le sort s'acharnerait sur le héros.

Et en effet, ça bouge pas mal, entre fausses pistes, tueurs â ses trousses...
Les balles volent bas. La police est plutôt molle, hormis pour l'enquiquiner...

Tim est l'unique narrateur de cette histoire, et c'était un peu longuet.
Il m'a fallu un moment pour lire le bouquin, même compte tenu de mon absence la semaine dernière.

La chute est surprenante. Je n'ai rien vu venir.

Un roman sympa, pas prise de tête, à lire sur la plage ou en squattant une terrasse quelconque en sirotant un verre d'eau du robinet. :)

J'en lirai d'autres, bien entendu, mais quand ? Les paris sont ouverts.

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L'arbre aux haricots

Une histoire d'attachements, au pluriel, voilà à quoi pourrait se résumer ce premier roman profondément humain et sensible de Barbara Kingslover. On est dans la tête de Taylor Greer pour l'essentiel avec son langage familier, chamarré et poétique, en réalité Missy Marietta mais rebaptisée ainsi à l'occasion de son périple sans but et apparemment sans fin vers l'Ouest, si ce n'est la panne rédhibitoire de sa guimbarde dépourvue de démarreur. Du comté de Pittman dans le Kentucky à l'Ocklahoma en laissant derrière les vibrations d'un lien charnel avec sa mère, avec pour rencontres à venir des paumés dans des bars, des tenancières d'hôtel, et surtout un bébé à l'allure cherokee et l'expression catatonique. Elle deviendra Turtle et changera la vie de la jeune Taylor, prête à devenir quant à elle maman sans avoir été enceinte, prête surtout à s'ouvrir à l'altérité et l'entraide à Tucson, ville de destination. Un véritable foyer de cocon de tendresse et d'humanité y verra le jour, Mattie, Esperanza ou Estevan, plus encore avec Lou-Ann sa colocataire elle aussi avec un enfant dans les bras. Mais un foyer sensible, souvent embrasé des flammèches du monde extérieur codifié par l'absurde et la cruauté, où illégal peut devenir adjectif pour un être humain au même titre que bon ou méchant, où maltraitance peut se retrouver à côtoyer naissance.
Une histoire d'attachement qui pourrait aussi se déclarer entre lecteur et autrice. C'est mon deuxième de Barbara Kingslover, découverte avec son dernier « On m'appelle Demon Copperhead ». Du dernier qui l'a consacrée au premier qui l'a révélée, le trajet de la découverte est à rebours pour moi mais la reconnaissance des similitudes est là, dans la voix et le ton terriblement attachants de ses personnages, dans sa narration accrocheuse et simple en apparence, en réalité parsemée de trouvailles inspirées. Chouette, il m'en reste plein à lire !
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Suite inoubliable

Le musicien et son ombre

Ils sont unis par un lien indéfectible, indestructible. Ken Mizutani et son violoncelle ne forment qu'un. Mobilisé par l'armée impériale d'un pays en plein conflit mondial, le jeune virtuose doit pourtant se séparer de son Goffriller, une pièce rare du 18ème siècle qu'il confie à Hortense Schmidt, une luthière talentueuse, après une dernière interprétation pour le moins émouvante..
Bien des années plus tard, Pamina, la petite fille d'Hortense, se voit confier le précieux violoncelle afin de le réparer.
En le démontant, elle découvre une lettre d'amour qui la mènera sur les traces de destins que la guerre a fait voler en éclats..

Une partition fine et délicate dans laquelle passé et présent s'entrelacent dans l'écho de notes intemporelles.
Les émotions et les sentiments traversent le temps et résistent à l'Absence , sublimés par la musique qui unit, qui console.
La musique qui transcende , plus forte que la folie meurtrière des hommes.
Ce roman, qui flatte la sensibilité des mélomanes, souffre aussi de la présence de boucles redondantes qui peuvent parfois mettre à mal la patience de certains lecteurs.
La lecture n'en reste pas moins plaisante et chargée en émotions.






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Les Garçons de la rue Pál

Publié en 1907, « Les garçons de la rue Pál » est un célèbre roman hongrois, qui nous conte l’affrontement entre deux bandes d’enfants à Budapest, à la fin du XIXe siècle. Une rivalité oppose les garçons de la rue Pál dirigés par János Boka et la bande des Chemises Pourpres dirigée par Feri Áts. Cette rivalité prend un tour guerrier lorsque la bande des Chemises Pourpres décide de s’emparer du terrain vague occupé par la bande rivale.

Le début du roman frappe par l’esprit de sérieux de ces enfants qui jouent à la guerre. Respect de la hiérarchie, attribution d’un grade à chacun, règlement intérieur, les garçons de la rue Pál ne font pas semblant, et prennent leur rôle avec un sérieux confondant. Leur chef János Boka, aussi charismatique que sage, mène ses troupes avec droiture et mesure. Le comportement trouble de son second Geréb le laisse songeur, et Boka se méfie.

Une mission d’espionnage menée en compagnie du minot de la bande, Nemecsek, un jeune garçon courageux et tout entier dédié à sa mission, confirme les soupçons de Boka. Geréb a changé de camp et les Chemises Pourpres ont l’intention de s’emparer du terrain vague qui constitue le quartier général des garçons de la rue Pál. Feri Áts, le chef de la bande rivale, a lui aussi le sens de l’honneur et met les formes pour déclarer la guerre de territoire qui gronde. Il indique avec une franchise désarmante le lieu et l’heure de l’attaque prévue par les Chemises Pourpres, laissant à Boka le temps de préparer un plan de défense complexe face à un ennemi supposé plus fort.

***

« Les garçons de la rue Pál » évoque de prime abord un roman enfantin, « Une guerre des boutons » à la sauce hongroise. Le roman de Ferenc Molnár comporte pourtant plusieurs niveaux de lecture. S’il nous conte une histoire d’enfants qui jouent à la guerre, avec la rigueur de leurs aînés, « Les garçons de la rue Pál » nous propose également une analyse des mécanismes des guerres de conquête.

« Et voilà, c’était précisément pour ce genre de raison que se décidait une guerre, pour des objectifs semblables que de vrais soldats se battaient. Les Russes voulaient un accès à l’océan, c’est pourquoi ils avaient attaqué les Japonais. Les Chemises Pourpres avaient besoin d’un terrain de jeu, et puisque ça ne marchait pas autrement, ils voulaient le conquérir par les armes. »

Le roman peut se lire à hauteur d’enfant, ce qui lui confère le charme de l’innocence de ces gamins qui singent la rigueur militaire de leurs aînés avec un sérieux irréprochable. On y retrouve le respect d’un code d’honneur implicite, le courage, en particulier celui du petit Nemecsek, le plus attachant de la bande, prêt à affronter les pires dangers pour servir son camp, ainsi que la magnanimité, dont fait preuve János Boka, personnage solaire, qui découvre trop tôt le tragique de l’existence.

« János Boka, plein de gravité, gardait les yeux rivés sur le banc devant lui ; et pour la première fois commençait à poindre dans son âme juvénile et candide le soupçon de la véritable nature de la vie, que nous servons tous autant que nous sommes, en combattants tantôt affligés, tantôt joyeux. »

Et pourtant. Le roman nous conte aussi la duplicité, la trahison, dont fait preuve Geréb, qui change de camp par dépit, ainsi que l’obéissance trop stricte à un règlement parfois absurde, qui confine à la lâcheté et conduit à l’injustice. Si les garçons de la rue Pál sont attachants, ils ont déjà emprunté à leurs aînés les défauts inhérents à toute organisation militaire.

À la fois roman d’apprentissage et métaphore des guerres de conquête, le livre de Ferenc Molnár, frappe le lecteur par la limpidité de son style, et par la subtilité avec laquelle il approche la guerre qui gronde au coeur d’un empire austro-hongrois au bord du gouffre. « Les garçons de la rue Pál » évoque « La ferme des animaux » de George Orwell qui dissèque les mécanismes de l’instauration d’une dictature d’inspiration marxiste-léniniste. Tandis qu’Orwell remplace les hommes par des animaux grotesques, l’auteur nous propose une guerre enfantine, qui évoque un jeu, afin de disséquer les mécanismes de déclenchement d’une guerre de conquête.

Si le récit d’Orwell est absolument transparent, la dénonciation de Ferenc Molnár est nettement plus subtile. Il ne nous propose pas un roman à thèse, mais l’aventure guerrière de bandes d’enfants de Budapest. L’absurdité et le tragique de la guerre, la vraie, affleurent à la lecture des « garçons de la rue Pál », mais ne constituent aucunement l’unique clé de lecture du roman. C’est sans doute la véritable réussite de ce livre : nous proposer un authentique jeu d’enfants, tout en dénonçant implicitement la tentation expansionniste, ce ferment maudit, qui conduira au déclenchement de la Première Guerre.

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La conjuration des imbéciles

C’est un vrai livre culte : hyper stylé, iconoclaste, philosophique et, cerise sur l’énorme gâteau, hilarant…

Et en plus visionnaire car bien qu’écrit dans les années 60, John Kennedy Toole charrie toutes les préoccupations de notre époque : individualisme forcené, culte de l’apparence, initiatives caritatives forcenées et désastreuses, hypochondrie, immaturité politique abyssale, chasse aux sorcières…

A lire absolument.

Lien : https://www.babelio.com/livr..
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La Double Vie de Dina Miller

C'est un COUP DE COEUR !!!
J'ai tout aimé dans ce roman. L'ambiance à la Desperate Housewives, l'intrigue haletante, la partie historique...
On passe par une multitude d'émotions tout au long de cette lecture complétement addictive.
Le fond historique est très bien documenté et on sent que l'autrice (historien de l'art) maitrise parfaitement son sujet.
Un roman impossible à lâcher!
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Des fleurs pour Algernon

Ce roman est l'un des plus beaux romans à lire.
Charlie est un homme d'une trentaine d'années, arriéré mental, qui subit une opération et dont le cerveau se remet à fonctionner comme tout un chacun, même mieux.
Ecrit avec une grande justesse, Charlie se raconte, il tient un journal. Au début, nous comprenons que c'est fastidieux, puis après l'opération, le personnage découvre un monde, alors qu'il était dans sa bulle jusqu'alors.
Charlie découvre alors la relation sociale entre personne dite normale. Il va de découverte en déconvenue, trouve l'amour...
C'est un récit poignant, plein d'émotions, qui ne laisse pas indifférent, particulièrement l'une des dernières scènes qui est bouleversante.
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Le livre de l'Una

Coup de coeur pour la couverture. Coup de coeur pour le titre. Et surtout, coup de coeur pour le résumé de l'éditeur. celui-ci nous promet le récit d'un homme, ancien combattant dans l'armée de Bosnie-Herzégovine, qui replonge à l'occasion d'une séance d'hypnose dans son histoire et tâche d'en recoller les morceaux. le résumé nous dit qu'il y a « aussi » (sous-entendu en sujet secondaire) une déclaration d'amour à sa ville, à sa rivière, à son enfance et la maison de sa grand-mère, qui donnent l'occasion de descriptions bucoliques et oniriques.
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Ce qui m'a attirée, c'est donc d'une part, sur le fond, ce que je pensais être le sujet principal de ce livre : le récit d'un ancien combattant dans l'armée, sous forme de séance d'hypnose ; et d'autre part la forme, que j'imaginais originale selon la manière dont l'hypnose allait être mise en scène. Accessoirement seulement, je me disais que la description de la nature, qui semblait être un sujet secondaire du livre, lui apporterait effectivement une touche onirique agréable.
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Mais quelle déception ! À la page 80 du livre, j'en suis toujours à jouer avec des limaces et à pêcher des poissons à n'en plus finir. Je m'ennuie ferme, j'attends avec impatience que le récit de l'homme décolle et supplante celui de l'enfant, que l'hypnose choisie comme prétexte de cette histoire apporte enfin quelque chose à la forme de ce récit. Et je poursuis encore un peu, car je me dis que c'est certainement la page d'après.
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Hélas, toujours pas. J'ai donc la sensation de m'être fait avoir par la quatrième de couverture : l'histoire est finalement celle, assez banale et linéaire, de l'enfance à la campagne d'un homme qui, peut-être, je n'en ai pas encore eu la preuve à ce stade de ma lecture (bon ok c'est à peine évoqué), fut plus tard soldat. le roman ne comptant que 248 pages, j'estime que si à la page 80, il ne me m'apporte pas ce que j'en attendais, ni n'éveille mon intérêt par surprise, c'est qu'il ne correspond pas à ce que j'ai envie de lire. Comme d'habitude, ma note reflète donc uniquement mon ressenti par rapport à mes attentes et nullement la qualité de l'oeuvre, qui n'a pas besoin de moi pour trouver ses lecteurs ! Je l'ai lu en étant fatiguée, peut-être ne lui ai-je donc pas accordé l'attention qu'il méritait mais, de son côté, il n'a visiblement pas su m'accrocher assez pour m'en donner l'envie.
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Aussi, plutôt que de le lire en diagonale, j'ai cette fois décidé d'en interrompre ma lecture. Il fera, je l'espère, le bonheur d'un visiteur de boîte à livres. Ou si l'un d'entre vous le veut, je le lui envoie par la poste, il est comme neuf !
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Les Vagabonds

Nous avons tous nos petites marottes quand nous choisissons nos lectures. Des petites choses auxquelles nous avons du mal à résister. Comme vous, j'en ai plusieurs et l'une dans elle est le mot « Vagabond ». Donc quand j'ai croisé ce titre j'ai sauté sur le livre avant de me raviser. La quatrième de couverture me faisait hésiter : encore une énième histoire de vampires diluée dans une amourette d'ado ou rendue fade par un besoin incompréhensible, pour moi, d'en faire de pâles copies d'êtres humains. Et là mes yeux se sont posés sur … une recommandation du King qui disait que c'était une des meilleures histoires de vampires qu'il ait lu. Mouais, j'adore le King mais il est aussi fan de Faulkner alors on n'est pas toujours d'accord. Et juste en dessous Michel Farris Smith en rajoute une couche et parle de gothique au far West. Bon ok je m'avoue vaincue, bien que j'ouvre ce livre sur la réserve et avec quelques a priori (oui je sais c'est moche !)

Bien m'en a pris ! Une fois le livre ouvert il a été pour moi impossible de le lâcher. Richard LANGE nous embarque dans un road movie nocturne. D'un côté Jesse et son frère, simple d'esprit, et non moins vampire, et de l'autre côté un groupe de motards diaboliques qui semblent sortis tout droit de l'enfer. Et en plein milieu du jeu de quilles un pauvre gars désespérément humain qui va se retrouver plongé en plein cauchemar.

Dans cette histoire racontée à plusieurs voix, le lecteur est transporté dans le temps, parfois des centaines d'années en arrière. Les vampires aussi ont été humains et ils trainent avec eux les souvenirs de leur vie passée. Il est aussi secoué par les rebondissements et aux prises avec une intrigue très bien ficelée.

Je l'ai adoré, mais visiblement pas du tout pour les mêmes raisons que certains babeliotes. En allant regarder les billets des copains je me suis aperçue que la plupart y ont vu une ode aux marginaux, à ceux qui vivent en marge de la société. S'il est vrai que l'auteur en profite pour parler du racisme, de l'homophobie, de la différence, ce n'est pas l'impression que ce livre m'a laissé. Pour moi tout l'intérêt de l'histoire est dans le fait que l'on revient aux sources. Même si l'auteur a aménagé quelques détails et que passer un vampire à la guillotine ou utiliser une bonne vieille hache semble être un moyen radicale pour le réduire en poussière. C'est toujours bon à savoir. L'important c'est que l'auteur ait gardé le coeur de ce qui constitue mythe: Les vampires sont des êtres qui ont basculés dans les ténèbres, y compris leurs âmes. Ils vivent la nuit car le soleil les brûle et si les gousses d'ail les font rire il n'en demeure pas moins qu'ils vident de leur sang les pauvres gars qui croisent leur chemin. Certes c'est pour leur survie mais aussi sympathiques soient ces vampires, la survie ne légitime pas tout. Faut-ils que certains meurent prématurément pour permettre à d'autres de vivre éternellement ? Les victimes sont toujours des pauvres âmes esseulées la plupart du temps complètement saoules. le vampire choisi les proies qui lui attireront le moins d'ennuis, ceux que personne ne cherchera, des marginaux eux aussi. le vampire ne choisit pas en fonction d'une morale quelle qu'elle soit puisqu'il n'en a pas. Il croquerait bien quelques bébés sans aucun état d'âme si ce n'était pas aussi risqué.

Là où c'est intéressant, c'est que les vampires ne sont pas incapables d'aimer pour autant. Et comme l'amour fait tourner le monde il paraît, c'est justement là que les ennuis commencent. Car à bien y regarder, un vampire c'est une allégorie de l'égoïsme : rien ne compte à part le vampire, la satisfaction de ses besoins et la préservation de ceux vers qui va son affection quel qu'en soit le prix. Dénué d'empathie, de morale et d'idéaux il ne peut se comporter comme ce qu'il n'est plus et ne peut plus. Malgré cela l'auteur arrive facilement à nous les rendre attachants. Ni meilleurs ni pires que les êtres humains. Un juste dosage qui permettra à de nombreux lecteurs, amateurs de vampires ou non, de s'y retrouver.

L'auteur évite de sombrer dans la guimauve et certains personnages en feront les frais, mais l'histoire n'en sera que plus crédible et addictive.

En refermant ce livre, je me suis dit que la morale de l'histoire était double : il ne suffit pas d'être humain pour ne pas être un monstre et ce n'est pas parce que la vie vous a forcé à agir de manière monstrueuse que toute humanité vous a quitté.

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Les étoiles s'éteignent à l'aube

« Les étoiles s'éteignent à l'aube » m'a été fortement recommandé suite à ma lecture de romans de Joseph Boyden. Ce roman-ci est très beau, je le ferme non pas avec des étoiles dans les yeux, mais plutôt les larmes aux yeux.
Il m'a été impossible de ne pas penser au magnifique chemin des âmes de Joseph Boyden en lisant ce livre de par sa beauté lyrique et sa puissance dramatique.

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Franklin Starlight, un jeune canadien Ojibwé de seize ans, est appelé auprès de son père mourant, Eldon. Atteint d'une insuffisance hépatique, l'homme est amaigri, affaibli par des années d'alcoolisme.
Franklin a eu que peu de relations avec ce père alcoolique et homme à femmes. Mais à la recherche de son histoire familiale et attaché malgré lui à ce père défaillant, brisé et peu fiable, il décide de se rendre à son chevet. Eldon demande alors à son fils de l'emmener dans les montagnes pour y être enterrer selon la tradition ojibwé.

« J'ai entendu dire une fois par des anciens que les Ojibwés avaient coutume d'enterrer leurs guerriers assis, face à l'est, là où se lève le soleil, avec toutes leurs armes et leurs affaires autour d'eux.
De cette façon, quand ils seraient prêts, ils pourraient suivre le soleil à travers le ciel jusqu'aux paradis des chasses éternelles où ils seraient de nouveau des guerriers. C'est comme ça que je veux partir. »

Franklin accepte de l'accompagner car beaucoup de choses n'ont pas été dites entre le jeune homme et son père. C'est ainsi que débute un voyage au rythme lent de la marche à travers de magnifiques étendues sauvages de Colombie-Britannique.
J'ai eu l'impression de chevaucher à leurs côtés, témoin de leurs échanges et ce périple a pris d'autres formes, devenant un voyage dans le passé, une exploration de soi et de l'autre, une quête initiatique.

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L'auteur nous emmène, avec une belle poésie, dans des grands espaces, au milieu des montagnes et des forêts. L'écriture souligne la beauté majestueuse de la nature, tout autant que sa rudesse et son implacabilité.
La nature, la forêt, les animaux, les nuits piquetées d'étoiles enveloppent le voyage des deux hommes d'odeurs de résine et de terre humide, du bruit du vent sur les crêtes des montagnes, du chant des loups, de la chaleur des feux de camp, et il en émane beaucoup d'émotions.

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J'ai trouvé que l'histoire était aussi empreinte d'une force émotionnelle très forte, chacun partant à la rencontre de l'autre, ce qui rend la lecture profonde et intense.

Pour Eldon, c'est le temps de s'interroger sur sa vie, de partager son histoire pour que son enfant la fasse sienne. Lui reviennent des souvenirs d'enfance, de sa vie d'adulte. J'ai vraiment eu l'impression qu'il se défaisait de ses souvenirs, morceau par morceau, couche par couche, comme s'il ôtait des vêtements trop lourds à porter qui l'ont encombré toute sa vie. Se lisent sa fragilité et sa noirceur, ses errances et sa culpabilité, ses souffrances et ses regrets, son incapacité à assumer seul son rôle de parent.
De ses aveux, j'en garderai la franchise et le sentiment d'un terrible gâchis.

Pour Franklin, c'est le temps de partir à la rencontre de son histoire, d'avoir des réponses à ses questions, de savoir d'où il vient, qui il est. J'ai aimé suivre cet adolescent mature, la réflexion, la sincérité et la justesse de ses mots. Il parle sans détours et ses paroles font mouche.

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Que de profondeur dans les silences, dans les paroles prononcées !
C'est une sensation bien étrange de lire en prenant conscience que les mots ont un poids, une consistance, une valeur. Les dialogues sont courts, mais chaque mot est pesé, réfléchi. Rien n'est dit à la légère.

Ces vérités sont en même temps très révélatrices de la personnalité des personnages, de leur force morale et de leurs faiblesses.

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Roman sur la perte d'estime de soi et la résilience, la construction identitaire et la mémoire familiale, la relation père-fils et le pardon, l'amour et le deuil, j'ai envie de garder en mémoire la bonté du vieil homme, la force morale de Franklin et cette nature consolatrice et rédemptrice.
Un roman émouvant et profondément humain que je vous conseille très fortement.
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Les Mystères de Honeychurch : Petits meurtres..

Poursuivant ma découverte des cosy mysteries, j'ai tenté une série alléchante... mais trop de personnages d'emblée, alors j'ai remis à plus tard.

J'ai donc continué l'exploration de mon pense-nouille, lampe frontale allumée, en faisant attention de n'écraser personne. Un vrai labyrinthe, là-dedans, croyez-moi.

La section horreur tentait de m'entraîner dans ses tréfonds boueux, les thrillers m'enveloppaient de noirceur.
Et puis je suis enfin tombée sur la section filgoudes et cosy mysteries, de laquelle se dégageait Petits meurtres en héritage.

Pas trop de monde dans celui-ci, c'est simple, il n'y avait qu'une jeune femme seule au volant de sa voiture.

Kat avait enfin sa mère au téléphone. Après lui avoir reproché d'être injoignable depuis le matin, Kat lui annonce qu'elle est en chemin pour lui rendre visite et lui montrer ses achats en prévision de l'ouverture de la boutique d'antiquités qu'elles doivent gérer toutes les deux.

Reconversion professionnelle. Kat quitte la télé, pour laquelle elle animait une émission, après y avoir connu des déboires.
Une sombre affaire d'éternuement, c'est dire...

À sa grande surprise, sa mère lui apprend qu'elle doit lui donner son adresse, parce qu'elle vient de déménager... et pas tout près, dans le Devon, à savoir à 300 kilomètres de Londres.
Pour couronner le tout, elle a un bras dans le plâtre.

Kat fonce jusqu'au bled ravitaillé par les corbeaux et découvre un grand manoir, et à l'entrée, la maison du palefrenier que vient d'acheter Iris.

Bien aérée, la maison, des seaux recueillent l'eau de pluie qui tombe à l'intérieur, de grands trous dans les planchers et plafonds.
Il ne manque qu'une barre de pompier pour descendre du second au rez-de-chaussée.

J'ai beaucoup aimé ce roman addictif et distrayant.
On s'attache aux personnages, aussi bien à Kat qu'à sa mère, ainsi qu'aux membres de la famille d'aristocrates qui habitent le manoir et ont bien des choses à cacher... et à découvrir.
Ajoutez à tout ce beau monde, le personnel... tous de la même famille aussi.

L'enquête et les rebondissements sont plus élaborés que dans les romans d'Agatha Raisin.
Disparition, meurtre, accident, querelles, rumeurs, sont au menu de ce récit.

Je ne connaissais pas l'autrice, mais j'ai déjà très envie de la relire.
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Amok, mon père

Une histoire poignante entre Bretagne et Indonésie, j’ai ouvert ce petit roman entre deux invités, pas trop long, je ne savais pas trop à quoi m’attendre, c’est le deuxième livre de l’auteur, je n’ai pas été déçue. Amok, mon père de Gurvan Kristanadjaja, est une jolie découverte.

1995, à Brest, deux frères, Gurvan et Joseph, enfants de divorcés, rendent visite à leur père tous les quinze jours. A chaque fois, ils avaient l’impression de pénétrer dans un autre univers, où flottaient des odeurs de cuisine indonésienne, une K7 de Bob Marley tournait en boucle. Ils mangeaient des Clusters en regardant Dragon Ball Z sur une minuscule télé carrée. Ils vivaient dans un espace-temps alternatif, loin du tumulte et des contraintes du monde extérieur.

Ils avaient quatre et six ans, parlaient l’Indonésien, langue de leur père et Allemand le pays où se sont rencontrés leurs parents. "Ce samedi-là, il faisait gris. Un de ces après-midi de septembre où le ciel brestois est si bas qu’il se confond avec les immeubles et va se jeter dans l’océan. La pluie venait juste de s’arrêter, le bitume sentait bon le pétrichor." Ma mère nous a demandé de dire au revoir à notre père. Il chuchota : "Je rentre un moment en Indonésie me reposer, et je reviens en France pour fêter Noël avec vous. "

Ils ne l’ont revu que quinze ans après, il n’a pas tenu sa promesse, il ne répondait pas à leurs lettres, où tant de questions restaient sans réponse, ils espéraient chaque jour, un appel, ou une visite impromptue, à part une carte postale de temps en temps montrant des paysages comme à n’importe quel ami. A l’école, on les traitait de chinois, où est votre père ? que fait-il ?

Malgré tout ils l’aiment, ils essaient d'imaginer le métier qu'il fait, ils éprouvent de la curiosité, de l’attirance. Ils sont malheureux face à ce père qui ment, qui ne s’occupe pas d’eux, mais aucune rancœur. Ils sont forts et se soutiennent moralement, un lien très fort les unis.

Entourés et dorlotés par leur mère et leur grand-mère qui ne disaient jamais du mal de leur père, on leur laissait croire qu’il reviendrait un jour. Après des années à économiser, mamie Gégé, leur offre l’Indonésie, un voyage qui les fait rêver, ils vont faire la connaissance de cette grande famille paternelle, ils espèrent toujours avoir des réponses à cette absence, à cette froideur. Ils vont découvrir Jakarta, Bali, (moi, qui rêvait de découvrir cette dernière destination, après avoir lu ce livre, je n’en ai plus envie…).

"J’aurais aimé qu’il fasse un effort, qu’il nous serre dans ses bras comme les papas le font dans les moments importants de la vie de leurs enfants. J’aurais aimé qu’il nous regarde dans les yeux et qu’il nous dise : "je vous aime et je suis fier de vous." J’avais espéré tant de choses de lui tout au long de ce voyage, mais je savais d’expérience qu’il n’en serait rien. Mon paternel était ainsi : irrationnel, silencieux, menteur, trompeur, dénué de sentiments en apparence et parfois un peu fou."

"Un premier roman délicat et poignant sur les traces d`un père qui n`a pas su l`être, sur le métissage et la quête des origines, sur la complexité des sentiments et l`ombre de l`amok, autre nom de la folie."

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Les Folles enquêtes de Magritte et Georgette,..

Sandrine (lyoko), un immense merci de m'avoir fait découvrir ce roman qui m'a transportée.
Transportée sur la Butte Montmartre d'avant.

J'ai d'abord bu un verre à la terrasse du Café de Flore, puis je me suis promenée dans ces rues que je connais si bien.
Et en excellente compagnie.

Magritte, dont j'apprécie les peintures, qui m'a confié certains secrets et dont j'ai aimé la façon de penser.
Il faut dire que notre couple et demi est venu à Paris parce qu'un galiériste expose les toiles de ce cher René (bah quoi ? on est intimes maintenant).

Sa femme, charmante et très maligne.
Et leur chien Loulou.
Comme le dit Georgette, si mon chien n'entre pas, je n'y vais pas non plus. Ça m'a rappelé quelqu'un.

C'est lors de cette lecture que j'ai côtoyé Boris Vian.
Tout le monde ne l'aime pas... moi, si.

En allant Chez Michou, j'ai croisé Jacques Prévert.
Et bien d'autres encore que je vous laisse découvrir.

Bien entendu, il y a quelques meurtres. C'est un cosy mystery, après tout.

Ai-je besoin de préciser que j'ai adoré le voyage ?
Je n'en ai pas fini avec cette autrice belge que je viens de découvrir.

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Je me permets d'ajouter l'intro du roman, qui justement introduit parfaitement, une fois n'est pas coutume :)

"Les anecdotes et petites choses du quotidien concernant Magritte sont vraies. Ainsi que ses pensées et réflexions sur la peinture et la vie.
Idem pour Georgette, Boris Vian, Jacques Prévert et tous ceux qui ont vécu à cette époque.
Comme pour Georgette, j'ai eu la chance de rencontrer Ursula Vian-Kübler dans leur appartement, voisin du mien, à Montmartre, dans les années 2000. Ainsi que monsieur D Déé, un des cofondateurs de la Fond'Action Boris Vian et danseur de Be-bop dans les caves à jazz de Saint-Germain-des-Prés. Tous deux étaient très gentils et ont passé beaucoup de temps à me parler de leurs souvenirs. Par contre, pour l'histoire et le reste, c'est sorti de mon chapeau boule…"
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Le mage du Kremlin

Avec ce livre remarquablement écrit et percutant, Giuliano da Empoli endosse un rôle de lanceur d'alerte contre la vision trop naïve des occidentaux quant à l'exercice du pouvoir dans la Russie de Poutine. Nos régimes démocratiques nous ont habitué à raisonner dans des termes très pondérés (majorité, intérêt public, bien-être collectif, compromis, etc.) pour décider si le curseur doit être déplacé vers la droite ou vers la gauche. Ce petit confort intellectuel semble complètement hors sujet en Russie où « la politique a un seul but : répondre aux terreurs de l'homme » (p.126). D'où le cynisme, la violence et la primauté de quelques intérêts privés.
Ce livre n'est qu'une fiction, bien sûr, même si on y croise Boris Berezovsky, Mikhaïl Khodorkovski, Édouard Limonov, Evgueni Prigojine, Igor Sechine et d'autres qui gravitent autour du Tsar Poutine, solidement installé sur son trône. Une fiction ? La tentative d'invasion de l'Ukraine et la guerre qui s'y déroule montrent que l'auteur était sans doute plus proche de la réalité qu'on aurait osé l'imaginer au moment où il a écrit le livre.
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