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Critique de Yaena


Nous avons tous nos petites marottes quand nous choisissons nos lectures. Des petites choses auxquelles nous avons du mal à résister. Comme vous, j'en ai plusieurs et l'une dans elle est le mot « Vagabond ». Donc quand j'ai croisé ce titre j'ai sauté sur le livre avant de me raviser. La quatrième de couverture me faisait hésiter : encore une énième histoire de vampires diluée dans une amourette d'ado ou rendue fade par un besoin incompréhensible, pour moi, d'en faire de pâles copies d'êtres humains. Et là mes yeux se sont posés sur … une recommandation du King qui disait que c'était une des meilleures histoires de vampires qu'il ait lu. Mouais, j'adore le King mais il est aussi fan de Faulkner alors on n'est pas toujours d'accord. Et juste en dessous Michel Farris Smith en rajoute une couche et parle de gothique au far West. Bon ok je m'avoue vaincue, bien que j'ouvre ce livre sur la réserve et avec quelques a priori (oui je sais c'est moche !)

Bien m'en a pris ! Une fois le livre ouvert il a été pour moi impossible de le lâcher. Richard LANGE nous embarque dans un road movie nocturne. D'un côté Jesse et son frère, simple d'esprit, et non moins vampire, et de l'autre côté un groupe de motards diaboliques qui semblent sortis tout droit de l'enfer. Et en plein milieu du jeu de quilles un pauvre gars désespérément humain qui va se retrouver plongé en plein cauchemar.

Dans cette histoire racontée à plusieurs voix, le lecteur est transporté dans le temps, parfois des centaines d'années en arrière. Les vampires aussi ont été humains et ils trainent avec eux les souvenirs de leur vie passée. Il est aussi secoué par les rebondissements et aux prises avec une intrigue très bien ficelée.

Je l'ai adoré, mais visiblement pas du tout pour les mêmes raisons que certains babeliotes. En allant regarder les billets des copains je me suis aperçue que la plupart y ont vu une ode aux marginaux, à ceux qui vivent en marge de la société. S'il est vrai que l'auteur en profite pour parler du racisme, de l'homophobie, de la différence, ce n'est pas l'impression que ce livre m'a laissé. Pour moi tout l'intérêt de l'histoire est dans le fait que l'on revient aux sources. Même si l'auteur a aménagé quelques détails et que passer un vampire à la guillotine ou utiliser une bonne vieille hache semble être un moyen radicale pour le réduire en poussière. C'est toujours bon à savoir. L'important c'est que l'auteur ait gardé le coeur de ce qui constitue mythe: Les vampires sont des êtres qui ont basculés dans les ténèbres, y compris leurs âmes. Ils vivent la nuit car le soleil les brûle et si les gousses d'ail les font rire il n'en demeure pas moins qu'ils vident de leur sang les pauvres gars qui croisent leur chemin. Certes c'est pour leur survie mais aussi sympathiques soient ces vampires, la survie ne légitime pas tout. Faut-ils que certains meurent prématurément pour permettre à d'autres de vivre éternellement ? Les victimes sont toujours des pauvres âmes esseulées la plupart du temps complètement saoules. le vampire choisi les proies qui lui attireront le moins d'ennuis, ceux que personne ne cherchera, des marginaux eux aussi. le vampire ne choisit pas en fonction d'une morale quelle qu'elle soit puisqu'il n'en a pas. Il croquerait bien quelques bébés sans aucun état d'âme si ce n'était pas aussi risqué.

Là où c'est intéressant, c'est que les vampires ne sont pas incapables d'aimer pour autant. Et comme l'amour fait tourner le monde il paraît, c'est justement là que les ennuis commencent. Car à bien y regarder, un vampire c'est une allégorie de l'égoïsme : rien ne compte à part le vampire, la satisfaction de ses besoins et la préservation de ceux vers qui va son affection quel qu'en soit le prix. Dénué d'empathie, de morale et d'idéaux il ne peut se comporter comme ce qu'il n'est plus et ne peut plus. Malgré cela l'auteur arrive facilement à nous les rendre attachants. Ni meilleurs ni pires que les êtres humains. Un juste dosage qui permettra à de nombreux lecteurs, amateurs de vampires ou non, de s'y retrouver.

L'auteur évite de sombrer dans la guimauve et certains personnages en feront les frais, mais l'histoire n'en sera que plus crédible et addictive.

En refermant ce livre, je me suis dit que la morale de l'histoire était double : il ne suffit pas d'être humain pour ne pas être un monstre et ce n'est pas parce que la vie vous a forcé à agir de manière monstrueuse que toute humanité vous a quitté.

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