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Critique de magielivres


Une histoire poignante entre Bretagne et Indonésie, j'ai ouvert ce petit roman entre deux invités, pas trop long, je ne savais pas trop à quoi m'attendre, c'est le deuxième livre de l'auteur, je n'ai pas été déçue. Amok, mon père de Gurvan Kristanadjaja, est une jolie découverte.

1995, à Brest, deux frères, Gurvan et Joseph, enfants de divorcés, rendent visite à leur père tous les quinze jours. A chaque fois, ils avaient l'impression de pénétrer dans un autre univers, où flottaient des odeurs de cuisine indonésienne, une K7 de Bob Marley tournait en boucle. Ils mangeaient des Clusters en regardant Dragon Ball Z sur une minuscule télé carrée. Ils vivaient dans un espace-temps alternatif, loin du tumulte et des contraintes du monde extérieur.

Ils avaient quatre et six ans, parlaient l'Indonésien, langue de leur père et Allemand le pays où se sont rencontrés leurs parents. "Ce samedi-là, il faisait gris. Un de ces après-midi de septembre où le ciel brestois est si bas qu'il se confond avec les immeubles et va se jeter dans l'océan. La pluie venait juste de s'arrêter, le bitume sentait bon le pétrichor." Ma mère nous a demandé de dire au revoir à notre père. Il chuchota : "Je rentre un moment en Indonésie me reposer, et je reviens en France pour fêter Noël avec vous. "

Ils ne l'ont revu que quinze ans après, il n'a pas tenu sa promesse, il ne répondait pas à leurs lettres, où tant de questions restaient sans réponse, ils espéraient chaque jour, un appel, ou une visite impromptue, à part une carte postale de temps en temps montrant des paysages comme à n'importe quel ami. A l'école, on les traitait de chinois, où est votre père ? que fait-il ?

Malgré tout ils l'aiment, ils essaient d'imaginer le métier qu'il fait, ils éprouvent de la curiosité, de l'attirance. Ils sont malheureux face à ce père qui ment, qui ne s'occupe pas d'eux, mais aucune rancoeur. Ils sont forts et se soutiennent moralement, un lien très fort les unis.

Entourés et dorlotés par leur mère et leur grand-mère qui ne disaient jamais du mal de leur père, on leur laissait croire qu'il reviendrait un jour. Après des années à économiser, mamie Gégé, leur offre l'Indonésie, un voyage qui les fait rêver, ils vont faire la connaissance de cette grande famille paternelle, ils espèrent toujours avoir des réponses à cette absence, à cette froideur. Ils vont découvrir Jakarta, Bali, (moi, qui rêvait de découvrir cette dernière destination, après avoir lu ce livre, je n'en ai plus envie…).

"J'aurais aimé qu'il fasse un effort, qu'il nous serre dans ses bras comme les papas le font dans les moments importants de la vie de leurs enfants. J'aurais aimé qu'il nous regarde dans les yeux et qu'il nous dise : "je vous aime et je suis fier de vous." J'avais espéré tant de choses de lui tout au long de ce voyage, mais je savais d'expérience qu'il n'en serait rien. Mon paternel était ainsi : irrationnel, silencieux, menteur, trompeur, dénué de sentiments en apparence et parfois un peu fou."

"Un premier roman délicat et poignant sur les traces d'un père qui n'a pas su l'être, sur le métissage et la quête des origines, sur la complexité des sentiments et l'ombre de l'amok, autre nom de la folie."

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