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Citations les plus appréciées
Dès le printemps, Johannette venait encore plus souvent que de coutume à l'ermitage, et c'était, quelque jour avant Pâques, quand les mésanges crient à tue-tête, ivre de bonheur, de soleil et d'air tiède, et que l'Infini leur monte à la tête, et que l'alouette, sans perdre haleine, sans s'époumoner et cesser d'émettre son babil, monte le plus haut possible dans le ciel, son cœur minuscule, bien accroché dans sa petite poitrine, battant à peine plus fort, à peine inquiet de monter tant haut, mais c'est, il est vrai, vers frère soleil, quand les bourgeons ne se sont pas encore déployés, et quand le paysage semble avoir été teint d'un très léger vert par un peintre négligent, ou plutôt de complexion timide et discrète, et que l'azur est très clair, et que seules les aubépines sont en fleur, sans que celles-ci aient véritablement et largement éclos, les arbres comme peinturés en céruse, et que Johannette s'arrêtait devant l'une d'elles, transportée par le mélodieux chant d'une fauvette qui la hantait, celle à tête noire (...)
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Au fond, les mots sont semblables aux bêtes. Ils mènent leur propre vie, suivent leur propre fil. D’eux ne me restent que des coquilles creuses, mues desséchées, gangue trop étroite que ce sens dans lequel je voulais les enfermer. N’ai-je pourtant pas appris enfant que posséder était tuer ? Vouloir leur insuffler ma vie, les ranger dans un ordre qui serait le mien, n’est-ce pas déjà me les approprier ? Les mots ne sont que des mots, passagers, volatils, fluctuants, semblables aux marées, puissants comme le tonnerre parfois. Rien ne peut les retenir captifs. Seul reste leur chant, le bruit de leurs ailes lorsqu’ils rejoignent le vent, dans ce grand pays plat qui pourrait s’appeler solitudes ou silences.
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Eviter les emmerdes, ça faisait aussi partie du métier… Mais avec l’âge on devient moins complaisant avec les abrutis.
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Tantôt rivaux et tantôt compères, le gros Juste Ligre et le fluet Martin Fugger, le marcassin des Flandres et la belette rhénane,s'étaient surveillés, conseillés de loin, soutenus ou nui depuis plus de trente ans. Ils se prisaient à leur vraie valeur, ce que n'eussent pu faire ni les badauds ébaubis par leur fortune ; ni les princes qu'ils servaient et dont ils se servaient.



(P.109)
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L’inscription sur une pierre tombale constitue le résumé le plus lapidaire de l’existence de quelqu’un. Puissant ou misérable, lors du jour dernier, l’unique différence n’est plus qu’arithmétique : la durée du passage.
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Mimosa est certes sobre – ce qui est, en soi, une sacrée performance –, mais il garde ses réflexes de soûlard. Il retient son pantalon trop grand pour lui d’une main fiévreuse et s’essuie machinalement le nez sur le revers de l’autre. Son tricot déchiqueté et crasseux flotte sur son torse famélique telle une vieille serpillière. Il est pieds nus, avec une épaisse croûte craquelée sur les talons, et ses yeux rongés rappellent deux incisions maladroites dans sa face de spectre.
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En suivant un groupe de tueurs, on a des chances d’avoir beaucoup de travail, en suivant les militaires aussi. Et puis, parfois, on suit des portes-guignes. Les poisseux entraînent beaucoup de morts sur leur chemin avant de trépasser eux-mêmes…
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Le but utile que je me propose est d'éteindre une flamme cruelle et d'affranchir les coeurs d'un honteux esclavage.

Amour,but du poète.
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Mon très cher Max, ma dernière volonté : tout ce qui se trouve dans ce que je laisse derrière moi (donc dans la bibliothèque, l'armoire à linge, la table de travail, chez moi et au bureau ou bien dans quelque lieu où cela aurait été transporté et tomberait sous tes yeux, tout, qu'il s'agisse de journaux intimes, de manuscrits, de lettres, écrites par moi ou par d'autres, de dessins, etc.) doit être totalement brûlé sans être lu, de même tous les textes et tous les dessins que toi ou toute autre personne, à qui tu devras les demander en mon nom, pouvez détenir. S'il est des lettres qu'on refuse de te remettre, il faudra au moins qu'on s'engage à les brûler.

Ton Franz Kafka
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Puis je fourrai tout cela sous les vêtements de mon oncle étendu dans son cercueil, le coiffai de sa casquette de cheminot encore suspendue à son clou et lui glissai entre les doigts ce si beau texte d'Emmanuel Kant, ce texte qui m'émouvait toujours... "Deux objets emplissent ma pensée d'une admiration sans cesse nouvelle et croissante... le firmament étoilé au-dessus de moi et la loi morale qui est en moi..." Mais, changeant d'avis, je feuilletai le livre du jeune Kant pour y trouver des phrases encore plus belles ... "Quand la lueur frémissante d'une nuit d'été est pleine d'étoiles clignotantes, quand la lune est à son apogée, je suis lentement projeté dans un état de haute sensibilité, faite d'amitié et de mépris du monde, et de l'éternité..."
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,c'est l'Italie que les oracles de Lycie m'ont ordonné de chercher à atteindre :voilà mon amour, voilà ma patrie.



Livre IV
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[Gisèle Halimi a eu un entretien avec le Général de Gaulle, le 12 mai 1959, pour demander la grâce de deux condamnés à mort lors du grand procès d’El Halia, en Algérie] p.51



Quand nous nous sommes présentés à l’Élisée et que le Général m’est soudain apparu, il m’a semblé gigantesque. Il m’a tendu la main en me toisant. Et de sa voix rocailleuse, il a lancé : « Bonjour madame » Il a marqué un temps. « Madame ou mademoiselle ? » Je n’ai pas aimé. Mais alors pas du tout. Ma vie personnelle ne le regardait pas. J’ai répondu en le regardant bien droit : « Appelez-moi maître, monsieur le Président ! ».
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Ils s’arrêtaient dans les clairières des étangs marécageux. Ils cueillaient des nénuphars, des lianes et de jeunes pousses de lys dans les luxuriants jardins des marais qu’un jeu bizarre de la nature avait créés. Ils étaient seuls, pas un autre souffle humain dans le silence solennel de ce désert.

Ils s’embourbaient dans un monde à part, sans aucun lien avec le reste de l’humanité, au milieu de la nature primitive et mystérieuse du delta.



(p. 129)
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J'ai si grand deuil que je voudrais ne plus vivre.
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Toutes les vraies commodités qu'ont les Princes leur sont communes avec les hommes de moyenne fortune. (...) Ils n'ont point d'autre sommeil et d'autre appetit que le nostre, leur acier n'est pas de meilleure trempe que celui dequoy nous nous armons; leur couronne ne les couvre ny du soleil ny de la pluie.



(P.258)
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LE GOLEM



Dans « Cratyle », le Grec - et se tromperait-il - ?

Dit que le mot est l’archétype de la chose :

Dans les lettres de « rose » embaume la fleur rose,

Et le Nil entre en crue aux lettres du mot « Nil ».
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Les hommes ressemblent plus à leur temps qu'à leurs pères (proverbe arabe).
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Maintenant ce sont eux qui possèdent ton visage,

les mots; et pas seulement le visage :

le sexe et la tremblante joie

qu'il y avait toujours à le sentir en éveil.

Sans mots nous ne sommes plus rien;

ils sont maintenant de profil, observe

comme ils reflètent ce que de jeune

toujours il y eut en toi, le même sourire

seulement un peu moins fatigué

et la démarche à peine moins lente.
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Vous pouvez monter. Tout est sécurisé. Heureusement que nous avions notre bouclier, parce qu'ils se sont bien lâchés, fit le lieutenant Foury, apparaissant en haut de l’escalier.



Rhino et son équipier rangèrent leurs armes et gravirent les étages pour rejoindre les cibles. Julien en profita pour décrocher les deux mini caméras installées par Romuald. Sous l’effet du souffle, des morceaux de la porte s'étaient fichés dans les murs en placoplâtre. De l'eau était répandue au sol.



Les deux hommes étaient immobilisés, joues contre le carrelage, complètement nus. Deux beaux bébés... Plus de 100 kilos de muscles. L'un d'entre eux avait le dos entièrement tatoué. On pouvait y déceler la tête de Poutine, un sous-marin lanceur de missiles nucléaires, des hélicoptères d'attaque et la carte de la Crimée.



C'est fou, tout ce que l’on peut dessiner sur le dos d'un connard !
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Quand tu es entré dans ma vie, je t'ai donné toute la place en sachant que tu n'en demandais pas tant, tout le monde sait que trop donner est une déviance, que c'est de l'incoordination, qu'en donnant trop on donne des choses dont personne ne veut, comme des vêtements en tricot ou des photos de soi enfant. Souvent on donne pour rappeler aux autres qu'ils n'ont pas de cœur.
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