AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,62

sur 223 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Une loi américaine à venir, interdisant l'avortement à toutes les femmes et l'adoption et la PMA aux femmes célibataires, met en difficulté quatre femmes. Euh... c'est de la science-fiction ? Oui et non, nous sommes dans un futur proche aux États-Unis, avec son nouveau Président — c'est dire le désagrément de ces femmes qui chacune à leur manière vont devoir se battre pour leur liberté.

Après cette lecture, au début un peu laborieuse, puis de plus en plus agréable, les premiers mots qui me viennent à l'esprit sont : déconcertant, poétique et militant. Déconcertant, je vous laisse découvrir pourquoi, militant : puisqu'il s'agit, avec humour et ironie, de défendre la liberté des femmes à disposer de leur corps ; de les inciter à ne plus subir les diktats d'une société patriarcale ; de tenter d'empêcher des illuminés d'imposer leur folie liberticide et pire encore.

Pour ça, pour l'originalité de l'écriture de Leni Zulma, pour la façon dont elle met en scène la souffrance, le courage et les ressources des femmes, pour la portée de son message à une époque où la Cour suprême américaine pourrait bientôt restreindre, voire éliminer le droit à l'IVG dans plusieurs États, Donald Trump ayant promis de nommer un juge anti-avortement à la cour, lire Les heures rouges me paraît une excellente idée.

Merci à Babelio et aux Presses de la Cité pour leur confiance
Commenter  J’apprécie          944
Newville, Oregon, bientôt. Les heures tournent, pour Roberta, Susan, Mattie et Gin, quatre femmes qui symbolisent chacune un combat contre les hommes et la société.
Roberta, "la biographe", est professeure d'histoire au lycée. 42 ans, célibataire, elle veut faire un bébé toute seule. Mais le 15 janvier, dans quelques semaines, dans quelques jours, la loi qui interdit la procréation médicalement assistée pour les femmes seules entrera en vigueur. Roberta espère de toutes ses tripes que sa dernière fécondation in vitro réussira.
Pour Susan, "l'épouse", les heures tournent tellement vite qu'elle peine à dégager du temps pour elle, entre ses deux enfants, son mari et la maison, pour lesquels elle a renoncé à une prometteuse carrière d'avocate. Face au temps qui passe, pendant lequel rien ne se passe, elle pense souvent à divorcer, ou à se jeter en voiture du haut de la falaise.
Mattie, "la fille", même pas 15 ans, une des meilleures élèves du lycée, rêve d'un avenir de grande scientifique. Qui pourrait bien être compromis par une grossesse accidentelle. Elle veut avorter. Mais le 15 janvier, dans quelques semaines, dans quelques jours, la loi qui interdit l'avortement entrera en vigueur. Même le Canada, qui a érigé un "mur rose" à sa frontière, refoule déjà les candidates américaines à l'IVG. Restent les cliniques clandestines. Le temps presse, Mattie est à plus de 12 semaines.
Et puis Gin, "la guérisseuse". A 32 ans, elle vit depuis toujours en marge de la communauté, en véritable "femme des bois", que d'autres femmes viennent consulter discrètement pour soulager leurs maux. Dans ce village de pêcheurs à la mentalité superstitieuse et bornée, ce n'est qu'une question de temps avant qu'un procès pour sorcellerie soit ouvert contre Gin, dans cette bourgade proche de Salem (Oregon), cela ne s'invente pas...

"Les heures rouges" est une dystopie qui se déroule dans un avenir tellement proche que cela pourrait bien déjà être demain, et c'est très inquiétant. Au nom d'une loi proclamant que "chaque enfant a besoin d'un père et d'une mère", on interdit d'une part l'avortement, et d'autre part, la procréation assistée et l'adoption pour les femmes célibataires : "une fois l'avortement déclaré illégal, avaient annoncé les membres du Congrès, il y aurait plus de bébés susceptibles d'être adoptés. Interdire l'IVG ne causait de mal à personne, avaient-ils affirmé, parce que les gens qui avaient un utérus défectueux ou un sperme anormal pourraient simplement adopter tous ces bébés supplémentaires".
Sous les auspices d'Eivor, exploratrice islandaise du 19ème siècle au destin tragique, les femmes de ce roman se débattent dans le carcan d'une société patriarcale et réactionnaire, dans laquelle les hommes brillent surtout par leur lâcheté et leur brutalité. On y trouve beaucoup de symboles, à commencer par la couleur et le dessin de la couverture. Du pourpre et du rouge, la couleur du sang et des violences faites à la liberté des femmes. Quant au dessin, pas besoin de vous en faire un...
Si les personnages de Roberta et Susan n'apparaissent pas toujours très sympathiques en raison de leurs frustrations qui virent à l'aigreur et à l'obsession, ceux de Mattie et de Gin sont beaucoup plus attachants. Mais les quatre sont désespérées, chacune à leur façon, et pour cela, touchantes. Leurs luttes qui s'entrecroisent et s'opposent les unes aux autres résonnent jusqu'à nous, remuant coeur, ventre et esprit.
Ce roman lucide, à la fois ironique et poétique, à l'écriture simple, cible clairement les dérives potentielles de l'Amérique de Trump. Pourvu que les heures des droits des femmes ne soient pas comptées...

En partenariat avec les éditions Presses de la Cité via Netgalley.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          654
Cinq femmes malmenées dans leur Féminité : une dystopie?
*
Je mets un point d'interrogation derrière ce mot. Est-ce un futur proche? Une prémonition? Ou juste une élucubration de l'auteure?
Ca fait froid dans le dos en tout cas.
Malheureusement, dans certains pays, les droits de la femme concernant leur liberté d'enfanter (ou non) est bafouée. le droit à l'avortement n'est pas acquis partout. Sans parler du mariage homosexuel ou de l'homoparentalité. Rien n'est figé dans le marbre. Tant de questions restées en suspens sont abordées ici dans ce roman.
*
Un roman polyphonique qui donne la voix à 5 femmes, toutes très différentes mais dont le destin est inextricablement lié par le sujet si brûlant actuellement aux USA : la loi anti-avortement.
Saviez-vous que dans 1 an, l'avortement sera illégal dans 20 états?
Effarant!
*
Une guérisseuse traitée de sorcière, une lycéenne enceinte mais voulant avorter, la biographe célibataire et désireuse d'enfant, une épouse/mère en burn out de la vie de famille et une exploratrice islandaise du 19eme siècle.
Toutes ces femmes très déterminées vont devoir régler leurs problèmes, se battre à chaque moment.
Car rien n'est acquis, tout peut bouger. Elles sont toutes les victimes du fonctionnement de leur société.
*
Je dois dire que le début de cette histoire a été laborieux. Surtout par les écrits de l'exploratrice, ne voyant pas où cela nous mènerait. Mais ensuite, tout s'éclaire. On se rend compte avec effroi que ces dérives sont peut-être à l'ordre du jour en Amérique.
Avec un ton militant, l'auteure nous met en garde, nous les femmes, contre ce patriarcat, carcan virtuel (même si nous ne portons plus le corset :).
Malgré une loi ratifiée, cette même loi peut immédiatement s'annuler quelques temps après. Restons vigilants!
Leni Zumas , sous forme de fiction, a levé les tabous, déversé sa colère et son amertume. Avec de l'humour et un peu d'ironie. Une lecture intéressante et éclairante .
Libre à chacun de se faire une idée.
Et je rajoute que les hommes peuvent également le lire.
*
Merci à Netgalley.
Commenter  J’apprécie          502
Une n'arrive pas à avoir d'enfant, une autre rêve d'être autre chose qu'une mère, une autre encore ne veut pas l'être aussi tôt, une dernière a eu une fille qui ne connaît pas son existence...

Dans un futur proche aux ETATS UNIS, l'avortement est interdit, les femmes seules sont menacées à court terme de ne plus pouvoir avoir recours à la procréation médicalement assistée ni à l'adoption.

4 destins de femmes vont se croiser dans les Heures rouges dans une Amérique du futur où encore une fois des hommes décident ce qu'il convient de faire du corps des femmes.

Dans ce récit visionnaire et assez terrifiant la romancière Leni ZUMAS nous invite dans la vie de ces 4 femmes avec humour parfois, poésie souvent et revendique, à travers elles, le droit pour chacune de disposer de son corps.

Dur mais Terriblement actuel.
Commenter  J’apprécie          420
Nous sommes le 16 août (déjà...) et les Presses de la Cité font paraître ce roman aujourd'hui pour la rentrée littéraire de 2018 !

J'ai eu le privilège de le découvrir en avant première grâce à une Masse Critique particulière de mon cher Babelio ♥♥♥

Il est l'heure ( rouge...) de vous dévoiler mon avis et de vous inciter à le lire.

Tout d'abord je tiens à vous signaler que ce livre est un bel objet, avec une belle couverture rouge au graphisme suggestif et aux rabats intérieurs.

On suit dans cette histoire 5 femmes, 4 dans le présent et une dans le passé.

Les chapitres sont nominatifs et suivent alternativement ces différentes femmes. Ainsi Leni Zumas en dresse les portraits et nous donne une vision plus généraliste des femmes.

Il y a l'exploratrice au XIX ème siècle, il y a la biographe, la fille, l'épouse et la guérisseuse.

Un élément est au centre du destin de ces femmes, l'avortement sera interdit très bientôt.

Les répercussions sont immenses sur leurs destins et la vie de ses 5 femmes font se croiser, se mêler, se lier

Leni Zumas a réussi à m'intéresser à toutes ses femmes. Qu'elles soient mère ou pas, qu'elles exercent une profession ou pas, qu'elles soient reconnues ou pas ... Elle met leurs forces en avant et pointe aussi leurs fragilités.

Le message de l'auteur sur la liberté de disposer de son corps est distillé de façon intelligente.

L'auteure nous démontre aussi qu'il 'y a pas qu'un modèle de vie à prôner. Qu'une femme peut ne pas se qualifier uniquement par sa condition de mère.

Les hommes par contre ici ne sont pas tellement mis en avant, non ils sont même un peu effacé... Trop peut-être ... Je serais d'ailleurs curieuse d'un avis masculin sur ce livre. Messieurs n'hésitez pas à le lire.

Les Presses de la Cité nous parle de la naissance d'une grande auteure féministe. Je ne sais pas qu'en penser...

J'ai lu et apprécié ce livre que j'ai lu rapidement, le rythme de ces petits paragraphes nous entraînant à tourner les pages facilement.

Toutes les fragilités de ces femmes et toutes leurs forces m'ont séduites. J'ai eu tout de même un faible pour la guérisseuse, un personnage "différent" très touchant.

Un livre à découvrir et à vous procurer
dès aujourd'hui 16 août 2018 dans votre librairie.

Faites connaissances avec ces femmes,
et par leurs intermédiaires avec les femmes !

Et gardons en tête de sauvegarder nos acquis précieux,
merci Madame Simone Veil
et de veiller à nos droits fondamentaux en tant que femme.

Lien : https://imagimots.blogspot.c..
Commenter  J’apprécie          354
« Nous ne sommes pas là pour retirer des vies », a déclaré récemment Bertrand de Rochambeau à propos de l'avortement (reportage diffusé le 11/09/2018 sur TMC).
Propos inquiétants de la part de ce médecin, puisqu'il est président du Syndicat national des Gynécologues et Obstétriciens de France (Syngof). Qui l'a promu à ce titre, au fait ?

Si on regarde l'actu récente, on constate que ce n'est pas le seul exemple de remise en cause de la pratique de l'IVG.
Le droit à l'avortement n'est donc pas définitivement acquis. Il faut par conséquent rester vigilants, comme pour d'autres sujets qui furent au centre des 'Manifs pour tous' en France en 2013 : opposition au mariage homosexuel et à l'homoparentalité (adoption, PMA, GPA), défense de la « famille traditionnelle ».

Ces thèmes sont au coeur du roman de Leni Zulmas.
Elle imagine les Etats-Unis ‘demain' : avortement interdit et lourdement sanctionné ; adoption et PMA pour femmes seules, en voie de l'être également. Et, pour blinder le truc : accord entre Canada et Etats-Unis pour refouler à la frontière et dénoncer les petites malines qui essaieraient d'aller faire ‘ça' ailleurs.

Tout cela m'intéresse, l'intrigue se découvre avec plaisir, et les personnages mis en scène ne manquent pas de piquant : une guérisseuse (donc, aux yeux de beaucoup, une ‘sorcière' responsable de tous les maux), une épouse mère de deux jeunes enfants qui a des envies d'ailleurs, une femme battue, une jeune fille pleine d'ambitions. Et puis Ro, cette prof célibataire quadra qui veut faire et élever un bébé seule, sans trop savoir pourquoi : horloge biologique ? peur de la solitude en vieillissant ?

Malgré tous les bons côtés de ce livre, la lecture fut longue et je rechignais parfois à m'y remettre. A cause des extraits énigmatiques de la biographie sur l'exploratrice islandaise Eivør ? des façons elliptiques de désigner les uns et les autres (la fille, l'épouse, la biographe) ? des redondances ?
Il faut dire que je pensais à des auteurs plus 'accessibles' qui abordent aussi ces thématiques, avec ce style d'ambiance féminine (Silvia Avallone, Auður Ava Olafsdottir, Liane Moriarty...).

En bref : le genre de livre sur lequel j'aurai peiné mais que je suis contente d'avoir découvert, et dont je relirai des extraits. Comme celui-ci :

■ « Dépensons l'argent du contribuable pour pénaliser les femmes vulnérables » a dit [la prof d'Histoire] en classe, et un élève s'est exclamé : « Mais si elles enfreignent la loi, ce sont des criminelles ! »
« Les lois ne sont pas des phénomènes naturels, a répondu [la prof]. Elles ont des histoires particulières et horribles. Vous avez déjà entendu parler des lois de Nuremberg ? Ou de Jim Crow ? »
Commenter  J’apprécie          343
****

Newville, dans l'Oregon, est une petite ville proche de Salem. Dans un futur proche, quatre femmes sont touchées par la nouvelle loi fédérale, dénommée UPUM, qui proclame que chaque enfant a besoin d'un père et d'une mère. Désormais, l'avortement est un crime et l'adoption par une femme célibataire totalement impossible. C'est ainsi que Roberta la biographe, Suzan l'épouse, Mattie la fille et Gin la guérisseuse vont être impliquées dans la marche d'un peuple vers une catastrophe...

Voici un roman étonnant, puissant et totalement addictif !! Léni Zumas signe ici un roman très prometteur. Avec une écriture rythmée, sans détail inutile, dotée d'une fluidité dévouée à l'histoire, l'auteur nous pousse dans un monde glaçant. Les femmes ne sont plus libres de leur corps, elles subissent la loi rigide d'une maternité imposée.
Avec des regards croisés, les 4 personnages sont meurtries par une vie qu'elles n'ont pas choisies et elles tentent chacune à leur façon de garder la tête haute. Malgré leur lien, elles sont seules face à leur choix et il leur est parfois simplement difficile d'espérer...

Un immense merci à NetGalley et aux éditions Presse de la Cité pour leur confiance.
Commenter  J’apprécie          293
Je dois dire que la quatrième de couverture donne extrêmement envie de découvrir ce livre. Même en la relisant juste avant de commencer la lecture, je me suis faite cette même réflexion.
Cela dit, étant donné la moyenne et les critiques Babelio, ce roman n'a pas été un coup de coeur pour tout le monde. Je ne savais donc pas si j'allais accrocher ou pas, mais j'avais vraiment envie d'aimer ce livre !…

Tout compte fait, mon avis est assez partagé sur certains points. J'ai d'ailleurs eu bien du mal à noter cette lecture. :')

Commençons par ce qui justifie ma note 4/5, qui équivaut quand même à une très bonne découverte :
J'ai aimé ma lecture. Aussi simple que cela. Dès le début, j'ai apprécié la plume ; je l'ai trouvée agréable, jolie, même, par moments. le changement de pdv est fluide, les personnages sont intéressants. J'ai rapidement aimé suivre nos quatre protagonistes. J'ai trouvé ce livre prenant, bref j'ai accroché au récit.

Puis concernant l'histoire, il est important de préciser que j'ai lu ce roman (qui date de 2018) en 2023. Et que de manière assez ironique (pas certaine que ce mot-là soit approprié, mais je pense que vous aurez compris…), le lire à l'heure d'aujourd'hui n'a donc rien de surprenant en ce qui concerne le scénario (et c'est bien sinistre que de réaliser la situation actuelle aux US…). Bien sûr… Interdiction de l'avortement aux États Unis, annulation de l'arrêt Roe vs Wade… Comme une sensation de déjà vu avec ce qu'il s'est passé en 2022…

Ce roman est catégorisé comme une dystopie. Pour moi, il n'a rien de dystopique.

Ensuite… venons-en aux points sur lesquels je suis davantage partagée.
Disons que je ne m'attendais pas à cela en lisant le roman. Après avoir lu la quatrième, je m'attendais à davantage d'action, davantage de moments ‘percutants'. (Encore plus parce qu'on nous cite Virginia Woolf et Margaret Atwood quand même !) Une part de moi n'a pas été dérangée par le changement comparé aux attentes que j'avais et a quand même beaucoup apprécié cette lecture. L'autre part de moi a été un peu désappointée, je l'admets. Cette description de cette société qui régresse et réduit les libertés des femmes… je voulais en voir plus. Me sentir davantage choquée, révoltée, ressentir plus de compassion pour nos héroïnes…
J'aurais voulu voir davantage de moments durs, et davantage mouvements peut-être, davantage de rébellion. Même si en soi on le voit un peu (il y en a dans l'ombre, comme on peut le voir avec les quelques personnes qui pratiquent encore l'avortement de manière très secrète), disons qu'il m'a manquée un petit quelque chose. Un petit truc vraiment marquant qui aurait fait que cette lecture soit un vrai coup de coeur. En lisant le résumé, je m'attendais à quelque chose de grand, de remarquable, de ‘waouh', que je n'ai pas eu.
Cette lecture n'est pas un regret ceci dit, mais je finis simplement avec un petit goût d'inachevé, satisfaite et insatisfaite à la fois… ^^'

Conclusion : j'ai du mal à savoir si j'ai vraiment aimé cette lecture ou si j'en ai été déçue. :') Un peu des deux je pense, mais globalement j'en retirerai quand même du positif, alors ça va !
J'ai hésité pour ma note, entre 3,5 et 4/5… Je me suis finalement décidée pour le 4/5. Quelque part, c'est vraiment intéressant de lire ce livre aujourd'hui car il nous fait prendre conscience de la réalité de ce roman, ce contre quoi il alerte s'étant bel et bien produit… (même si dans l'histoire, c'est au niveau fédéral et qu'il y a des différences avec aujourd'hui, en soi la volonté de restreindre voire interdire l'IVG est bien semblable).
La plupart des critiques que j'ai lues dataient de 2018/2019. L'ayant lu en 2023, cette lecture prend une dimension bien différente désormais… On peut dire que c'est un roman totalement actuel.
Commenter  J’apprécie          240
Rentrée littéraire, quand tu nous tiens ! Qui dit rentrée, dit découverte, et en voici une bien intéressante placée sous le signe de la politique et du féminisme. Je vous vois déjà lever les yeux au ciel, mais rassurez-vous Leni Zumas, loin d'être moralisatrice, utilise avec pertinence sa plume pour dépeindre un pays victime d'une vague conservatrice dans lequel quatre portraits de femmes se font écho. Légèrement d'anticipation, ce récit pourrait être celui de demain et c'est bien cela qui le rend aussi convaincant. Car imaginez un seul instant que l'avortement soit absolument interdit. Que les célibataires n'ai plus droit ni à la procréation in vitro ni à l'adoption, uniquement réservée  aux couples. Que l'image de la femme célibataire soit associée à un caprice ou à la marginalité. C'est ainsi que la romancière à travers la voix de Ro, Susan, Mattie et Gin, quatre femmes au parcours et aspirations différentes, tente de nous alarmer sur la remise en cause des acquis de droits fondamentaux. Il y a du Margaret Atwood dans ce roman, mais il y a surtout une furieuse envie de pointer du doigt les oppresseurs d'hier, surtout d'aujourd'hui et peut-être de demain... 

Dans les Etats-Unis de demain, l'avortement est depuis maintenant deux ans strictement interdit. L'adoption et la PMA en passe de l'être également pour les femmes célibataires. A Newville, dans l'Oregon, le destin de quatre femmes vont être intrinsèquement lié face à l'oppression publique. Il y a tout d'abord Ro, quarante-deux ans, prof d'histoire "aux ovaires déficients", qui tente d'écrire la biographie d'Eivor, une exploratrice islandaise du XIXe s. éprise de liberté. Puis il y a Susan, femme de Didier et femme au foyer, reléguée au rang de mère, épouse et femme de ménage, n'aspirant qu'a profiter d'un peu de solitude. Mattie, meilleure élève de Ro, promise à un brillant avenir dans le domaine scientifique qui se laisse dépuceler à l'arrière d'une voiture. Et enfin Gin, guérisseuse et herboriste, marginalisée et accusée de sorcellerie pour venir en aide aux femmes. Celles-ci vont se croiser, s'entraider et parfois se juger, mais toujours faire preuve de détermination.

Avec un style intimiste qui peut parfois étonner, Leni Zumas met les pieds dans le plat ! En ne désignant pas le gouvernement actuel, elle ne fait que renforcer l'image qu'elle a de lui. Au bord du gouffre social, elle dénonce l'utilisation et la non-disposition des corps féminins dans un monde de plus en plus conservateur.  

Sans détour, la romancière montre l'impact de cette mentalité régressive sur le quotidien de ces femmes dont le courage est égal à leur détermination. Avec subtilité, elle suggère, propose, donne des pistes de réflexions au travers de ces quatre personnages, plus un avec Eivor, non seulement par l'écriture, mais aussi le visuel qui couvre la couverture du roman. de celle-ci, aux différentes nuances de rouge qui évoquent le sang, mais aussi l'anatomie féminine, j'y vois aussi le combat. le combat d'une génération passée et future pour des droits ignorés et bafoués.

J'ai aimé les protagonistes, leurs différences, leur évolution comme leurs relations contradictoires. de l'amertume des unes, d'autres trouvent la force, la force de dire non, de prendre leur destin en main. Chacune définit sa propre féminité et chacune en est la victime.

Des mots jutes, il m'a fallu un petit temps d'adaptation face à la prose parfois déconcertante de l'auteure. Alors que rien n'est laissé au hasard, on se surprend à espérer, trembler et suffoquer auprès d'elles. Ro, va-t-elle réussir à procréer ? Susan arrivera-t-elle à s'imposer ? La vie de Mattie sera-t-elle réduite à une erreur, et Gin sera-t-elle jugé coupable de sorcellerie ? Autant de questions que de réponses, et plus dans ce très bon roman écrit dans l'urgence d'une situation problématique.
Lien : http://bookncook.over-blog.c..
Commenter  J’apprécie          160
Les heures rouges était un roman qui tentait énormément par son sujet très actuel, un contexte où le droit des femmes, la place des femmes dans la société moderne est de plus en plus sujet à débat. Je remercie donc Babelio et les éditions 10/18 pour cet envoi.


Si j'ai trouvé Mattie et Gin très intéressantes et posant de véritables questions sur le droit des femmes à disposer de leurs corps que se soit pour refuser de devenir mère ou pour le devenir. J'ai eu plus de mal avec Roberta et Susan car je n'ai pas réussi à accrocher à ces deux personnages ce qui rendait difficile mon envie de prendre part à leurs problèmes. Bien que je trouve très intéressante leur incapacité de se comprendre mutuellement et qu'elles restent figées sur leurs idées concernant l'autre, et même si elles évoluent dans leur cheminement personnels il est dommage qu'elles ne parviennent pas ou ne veulent pas comprendre ce que chacune vit.

Ainsi, si Les heures rouges posent de très bonnes questions sur la place, le rôle des femmes dans la société, je trouve que certains aspects ne sont pas suffisamment bien traités ou mal abordés.

C'est donc un bon roman sur un sujet brulant mais pas assez poussé mais qui apparait comme une bonne entrée en matière. Ce n'est pas un coup de coeur mais une découverte que je suis ravie d'avoir fait.
Lien : https://autempsdeslivres.wor..
Commenter  J’apprécie          120



Autres livres de Leni Zumas (1) Voir plus

Lecteurs (604) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1837 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}