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sur 962 notes
Je ne vais pas ajouter une critique, ou une analyse aux autres. Juste dire que ce roman est un de mes préférés de la série. Oui, avec L'Argent et un ou deux autres.
J'en garde des images, des sensations, comme quoi Zola a bien réussi son affaire. Des scènes dont celle où après son éviction du gouvernement, Son Excellence fait ses paquets, vide les cartonniers dans son bureau, les papiers au sol, les croisées grandes ouvertes baignées de soleil, des amis viennent aux nouvelles, odeurs d'encre, de papiers, de lourds tapis et le parc du ministère ensoleillé avec ses parfums.
Ou ce coucher de soleil dans un appartement parisien donnant sur les boulevards, les lumières ne sont pas encore allumées, c'est la pénombre et Son Excellence parle, avec qui? Il faudrait que je rouvre le livre...
Ce qui me fait mettre ce tome de côté c'est mon goût pour l'époque du Second Empire (cette fois, c'est de l'intérieur du régime qu'on est témoin avec cette grande scène du conseil des ministres à Compiègne par exemple ou bien le somptueux reportage sur le baptême du Prince Impérial).
Enfin, ici il n'y a pas ce hiatus qu'une lecture attentive fait apparaître, le fait que plus la série avance, moins Zola décrit le Second Empire. En effet dans Au Bonheur des Dames, ce sont en fait les années 1880 qui sont décrites, dans Germinal aussi.
Son Excellence ne représente pas les plus gros tirages de l'auteur, mais il mérite une lecture.
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Le sixième volume des Rougon-Macquart est aussi le plus politique. Non pas dans le sens où l'auteur indique ses propres vues sur la question, il le fera dans d'autres ouvrages, comme « Germinal », par exemple ; mais politique parce qu'il décrypte avec un soin particulier les rouages et les coulisses de la vie politique sous le Second Empire.
Eugène Rougon, nous connaissons le personnage : il est le fils aîné de Pierre Rougon et Félicité Puech, le frère aîné de Pascal (le docteur Pascal), d'Aristide (dit Saccard), de Sidonie et de Marthe. Nous l'avons vu acquis à la cause bonapartiste dans « La Fortune des Rougon », député et ministre dans « La Curée », puis travailler en sous-main à la « Conquête de Plassans ». le voici à présent à Paris, à l'Assemblée Nationale, dans ses oeuvres.
Emile Zola fait le portrait d'un « homo politicus » : Eugène Rougon est un homme qui vit par le pouvoir et pour le pouvoir. Pas seulement le pouvoir politique qui peut varier selon ses convictions, mais son pouvoir personnel qui suit son ambition. Sans scrupules, comme son frère Aristide, il est un aventurier de la politique et même une sorte de conquérant égoïste et partial. Il est comme un poisson dans l'eau dans le marécage que représente l'Assemblée Nationale : le roman suit pas à pas sa carrière politique depuis sa démission de la présidence du Conseil d'Etat en 1856 jusqu'à son retour en grâce triomphal en 1861. Entretemps, que de compromissions, trahisons, désistements et coups fourrés (eh oui, les hommes politiques étaient comme ça, en ce temps-là).
En un sens, on peut dire que « Son Excellence Eugène Rougon » est un roman sur fond historique : des évènements réels y sont évoqués : le baptême du prince impérial, l'attentat d'Orsini, l'inauguration du chemin de fer. Napoléon III devient un des personnages du roman et bien des personnages politiques de l'époque sont reconnaissables : Marsy est inspiré par le comte de Morny, Kahn par Achille Fould, Eugène Rougon lui-même tient beaucoup d'Eugène Rouher.
Eugène Rougon, s'il a donné son nom au titre du roman, n'est pas le seul personnage principal : il a son alter ego, une femme, Clorinde Balbi, une aventurière italienne (fortement inspirée par la Castiglione). Même ambition, même désir de parvenir au sommet par tous les moyens, même absence de scrupules, même aisance à utiliser tous les moyens pour arriver à leurs fins, ils ont le même credo : se servir des autres pour arriver à leurs fins, y compris de se servir l'un de l'autre. Ce qui, quand la trahison arrive, car elle arrive fatalement, se traduit par un désir de vengeance, et chez des gens comme eux, elle est impitoyable.
Emile Zola décortique le système de la représentation politique avec un soin minutieux. Et en même temps il dénonce avec force les déviances de ce microcosme : la porosité entre le monde politique et celui des affaires, la servilité des différents organismes officiels, et même non-officiels (une certaine presse, par exemple), les sphères d'influences dans tous les milieux… Il dénonce aussi l'absolutisme, le régime autoritaire, la mainmise sur une police toute puissante. Enfin il met en parallèle les fastes insolents du Second Empire avec la misère telle qu'elle apparaîtra dans d'autres romans (à commencer par le suivant : « L'Assommoir »).
Dans les Rougon-Macquart, Zola s'ingénie (avec génie) à dépeindre les milieux : celui décrit ici est criant de vérité. C'est un témoignage sur une certaine façon de concevoir la politique à une certaine époque. Mais, est-elle vraiment révolue ?
« Son Excellence Eugène Rougon » n'a pas dans l'esprit des gens la réputation de « L'Assommoir » ou de « Germinal », mais il reste un des très grands romans de la série, par cette peinture corrosive d'une classe sociale gangrenée (et pourtant censée représenter les citoyens) et insolente, surtout quand on mesure le décalage avec les classes inférieures…
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Avouons-le, les 6, 7 premiers chapitres ont été un peu dur à avaler. J'ai tout de même besoin d'un peu d'empathie pour au moins un personnage, même secondaire, et là, tout le monde est vraiment détestable! C'est l'ambition dans ce qu'elle a de plus vil, la cupidité, la bassesse, et au bout d'un moment, pour qui veut croire en l'Homme, ça commence à faire tout de même un peu beaucoup...Après la tentative de viol, j'ai lu le reste comme la vengeance de Clorinde, donc c'est passé un peu mieux. Je me dois cependant d'avouer que de tous les romans de la série, pour l'instant Son Excellence Eugène Rougon est celui que j'ai le moins aimé.
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Un tome sur la montée puis la descente d'Eugène, amoureux du pouvoir. L'intrigue se déroule de 1856 à 1861.
Nous sommes en plein dans les arcanes de la vie politique. Eugène après avoir aidé Napoléon III dans son coup d'état est devenu président du Conseil d'État créé par le premier empereur et dont il démissionne au début du récit. C'est ensuite le travail de ses « amis » politiques qui s'efforcent de le faire revenir aux affaires sans oublier leurs propres intérêts. Surtout sans oublier leurs intérêts. Et n'hésitant pas à lâcher voire se retourner contre Eugène si nécessaire. Voir la scène où Eugène vide son bureau et celle où un nouveau ministre ayant pris sa place, chacun le flatte et renie Rougon
Il faut dire que le grand homme a eu le tort de se mettre à dos une intrigante italienne la comtesse Balbi, devenue la maîtresse de Napoléon III.
Finalement les deux scènes que je retiendrais sont celles j'ai parlé plus haut, où les « amis » de Rougon viennent encore voir ce qu'ils peuvent espérer alors qu'il trie ses dossiers, et celle de la fête de charité où Clorinde Balbi porte le collier donné par son illustre amant « J'appartiens à mon maitre » .
Je pense que cet ouvrage n'a rien perdu de son actualité quant aux rapports entre un homme politique et ceux qui ont aidé à le faire. Leur volonté d'être récompensés et leur défection lorsqu'il n'y a plus rien à espérer.
Ce livre commence et finit par une séance de l'assemblée, mais entre les deux que de manoeuvres.
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Un titre De Balzac aurait très bien collé à ce roman: Splendeur et misère d'un homme politique, ou encore pourquoi pas heurs et malheurs d'un homme de pouvoir au temps de l'empire. Car c'est bien ce qu'est Eugène Rougon. Un homme de pouvoir, qui n'a d'influence que parce que des amis parlent pour lui. Et pour que cela soit, il lui faut satisfaire leurs désirs de promotion. S'il les décoit, les ragots se mettent à pleuvoir, et le succès s'enfuit.
"Lorsqu'il parut, rajeuni, comme allégé, ayant démenti en une heure toute sa vie politique, prêt à satisfaire, sous la fiction du parlementarisme, son furieux appétit d'autorité(...)". cette phrase résume bien cette volonté de Rougon, celle qui lui donne la force de rebndir, le pouvoir...
Nous sommes sous Napoléon III, nous approchons les arcanes du pouvoir, avec en filigrane la société de l'empire: l'absence de liberté de la presse, une opposition muselée, une politique de grands travaux qui a fait le Paris d'aujourd'hui, ce roman est une lecture politique et sociale de la France de la deuxième moitié du XXe siècle.
J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce roman, et même si le personnage de Rougon est par moment attachant, il est aussi énervant. Toute cette hypocrisie, tout ce clientélisme qui affleure ne donne pas envie de s'attarder dans les couloirs de l'hémicycle ou dans les bureaux des ministères. Et alors qu'on s'attend à combattre des opposants politiques, on affronte une jeune italienne qui se lance dans des intrigues sans queue ni tête. L'attentat contre Napoléon III, qui aboutit à placer Rougon à la tête du ministère de l'intérieur, serait-il une manipulation uniquement destinée à placer leur favori? C'est elle-même qui ouvre les yeux à cet homme, dont la force n'est qu'une carapace. Il apprend à ses dépends qu'une carrière se noue et se dénoue dans des intrigues obscures, qui se jouent dans les alcôves et les chambres mal aérées des demi-mondaines faisant la pluie et le beau temps de la diplomatie.
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Un tome 6 qui revient à Paris pour conclure une autre lignée Rougon.
Le tome sur l'enfant prodige de la deuxième génération monté jusqu'au plus haut du gouvernement !

Et ce tome est très intéressant, mais pas mon préféré haha. S'il bouge beaucoup plus que le précédant sur l'abbé Mouret, il est assez difficile à suivre pour deux raisons : la thématique politique qui n'est pas expliquée et qui, remise dans son contexte, peut être dure à appréhender, et les personnages qui sont tous absolument détestables ! Dur de se rattacher à une histoire lorsqu'on en aime aucun protagonistes...
Et lisant ça, vous comprenez que Zola a parfaitement rempli son pari de montrer les milieux politiques gangrenés par l'hypocrisie, l'envie, l'intéressement amical et l'insatisfaction ! À vrai dire, on suit toute cette histoire plutôt par fascination de ce qu'il va se passer.

Ce que j'ai beaucoup aimé d'ailleurs, c'est le point de départ. Rougon était au gouvernement mais est déchu dans le premier chapitre, et le roman va montrer comment ses «« amis »» vont le faire remonter au pouvoir. Ça rend d'autant plus intriguant le roman pour moi et on sent qu'on avance dans la lignée, on suit des vies déjà établies.

En bref, les longues descriptions politiques et les personnages n'étaient pas ma tasse de thé, c'était peut-être un peu caricaturé pour du Zola, mais ça reste un tome intéressant !
Le prochain se concentre plus sur le peuple provincial monté sur Paris, puisqu'on va suivre la fameuse Gervaise Macquart dans « L'assommoir ».
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Eugène Rougon, un être frustre, rusé comme sa mère, intelligent qui accède au plus sommet du pouvoir, mais reste cependant le digne descendant de ses aïeux.

Un bonheur de lecture, comme d'habitude. Zola et son ineffable connaissance de la nature humaine analyse parfaitement les états d'âmes perfides de l'être humain. Il décrit à haute voix la face cachée des « hommes ».
Le combat entre Clotilde et Rougon est d'une puissance, d'une cruauté, d'une intelligence incomparable.

Rougon orgueilleux chute, se relève bientôt avide de pouvoir. On ne peut s'empêcher de le plaindre face à la mêlée de ses familiers qui le suce comme des sangsues, il est dévoré par ses proches. Il en est à la fois le roi et l'esclave.
J'ai un peu moins aimé ce volume, parce qu'il se réfère beaucoup à la politique de l'époque, mais c'est toujours très finement observé et analysé.
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Beaucoup, beaucoup de politique dans ce roman qui est sans contexte celui que j'ai le moins aimé jusqu'à présent. L'intrigue amoureuse avec Clorinde vient, pendant un temps, apporter un peu de légèreté et de fraîcheur au récit, mais globalement il est surtout question de magouilles diverses pour accéder au pouvoir (et y rester).

Ce qui m'a le plus marquée, ce sont les "amis" de Rougon qui gravitent autour de lui, le poussant sans cesse à tel ou tel poste afin de pouvoir ensuite bénéficier de sa position pour obtenir des avantages ("Vous avez trop d'amis, monsieur Rougon. Tous ces gens vous font du tort"). Et lui, en "taureau assoupi", force de la nature mais bonne pâte, se laisse (mal)mener. C'est un personnage étrange, "morne et hésitant", qui semble plein d'ennui. D'ailleurs il cherche à plusieurs reprises à démissionner, mais soit sa bande parasite le ramène sur la scène politique, soit elle le délaisse et il s'ennuie encore plus ("La santé lui était revenu avec le pouvoir"). Finalement Rougon trouve "le pouvoir trop désirable, trop nécessaire à ses appétits de domination, pour ne pas l'accepter, sous quelque condition qu'il se présentât".

J'ai apprécié le personnage de Clorinde, femme perspicace et (elle aussi) manipulatrice qui oeuvre dans l'ombre à défaut de pouvoir exercer un pouvoir politique effectif ("Son continuel frottement aux personnages politiques dans l'intimité desquels elle se glissait, avait fini par aboutir à une influence indiscutable"). Clorinde est peut-être la seule rivale réelle de Rougon, s'évertuant à contrecarrer ses plans en tirant les ficelles d'hommes marionnettes qu'elle met en travers du chemin de ce "grand homme" qui, au fil du temps et de sa notoriété, deviendra un "gros homme" ("Il tombait, miné, rongé, dévoré par sa bande").

D'ailleurs au bout d'un moment on s'y perd, on ne sait plus trop qui est dans quel clan tant les uns et les autres retournent leur veste dans leur propre intérêt ("Tout le monde vous a poussé, les événements eux-mêmes vous ont servi"). J'ai aussi été marquée par le personnage de l'empereur, qui semble sans consistance et très influençable. J'ai trouvé qu'il n'avait aucun charisme ni aucune prestance, sorte de pantin mou également manipulé par ses "serviteurs dévoués".
C'est assez consternant au bout du compte... Mais le pire est peut-être d'avoir le sentiment que, au fond, rien n'a vraiment changé depuis cette époque.
Lien : https://www.takalirsa.fr/son..
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Emile Zola, avec son écriture incisive et précise, nous accompagne dans les coulisses de la politique du Second Empire.

Eugène Rougon est notre guide. Vieux briscard, il maîtrise la manière de discourir, ce qui lui permet d'occuper des postes de ministre ou de président de chambre. C'est un homme entier, qui alterne la reconnaissance de ses pairs et surtout de l'empereur Napoléon III et des traversées du désert politique.

C'est surtout un homme dévoué à sa petite cour d'amis, personnes pas toujours sincères mais très intéressées par les gains qu'ils peuvent récupérer en leur faveur. Pourtant, avec eux, Eugène Rougon aime y voir le reflet de la bonté de ses actions et de la fidélité à ses engagements. Car Rougon est un homme de promesses tenues. Ce qui l'amènera parfois à chuter en raison de l'importance qu'il accorde à ses obligations amicales. Amitié qui sera donc sa faiblesse : « Lui, si fort, était lié à ces imbéciles par le long travail de leur fortune commune. Ils empruntaient chacun un peu de lui , en se retirant » [p.404].

La lecture de ce roman fut, pour moi, difficile. J'ai trouvé l'intrigue plate bien que parfois Zola donne à certains passages un air de vaudeville qui n'est pas déplaisant.
Lire Son Excellence Eugène Rougon a été comme regarder la chaîne parlementaire. On s'y ennuie fortement.
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Sixième volet avec Eugène Rougon. Ce roman aborde les coulisses du pouvoir sous Napoléon III entre 1856 et 1861. Président du Conseil d'Etat, perdant de son influence, il démissionne. Clorinde, fille de la comtesse de Balbi fait craquer Rougon mais lui refuse l'essentiel sauf s'il l'épouse. Mais Rougon est un solitaire et s'arrange pour qu'elle épouse Delesang, un de ses proches. Clorinde s'en satisfait, l'utilise pour son influence. Rougon, sans pouvoir, promet d'obtenir tout ce que ses fidèles lui réclament. Informé en secret de l'attentat contre l'empereur, Rougon (ne révélant rien) se voit confier le ministère de l'intérieur. Il profite de sa situation pour placer au mieux ses proches et amis.
Cet excès de pouvoir finit par nuire à Rougon, des scandales commencent à éclater, sa "bande" commence à prendre ses distances pour préserver ses propres intérêts et Clorinde devenue maîtresse de l'empereur, met tout son poids pour provoquer la chute de Rougon, vengeance d'une femme rejetée. Il démissionne. Délestang reprend son ministère. Trois ans plus tard, Rougon revient au gouvernement comme ministre sans portefeuille, défenseur de la politique libérale de l'empereur.
Ici, Zola nous décrit l'avidité du pouvoir. Malgré les ors des décors et les belles manières des acteurs, se trament les magouilles incroyables. Trafic d'influences, revirements d'amitié en fonction d'intérêts personnels, liens entre presse et pouvoir. Rien à changer dans les hautes sphères du pouvoir...
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