Un ouvrage important d'une philosophe importante en France. J'éprouve une fierté certaine à avoir été son élève et l'avoir eu pour directrice de recherche.
Lire ce livre alors qu'il se passe ce qu'il se passe en Australie induit nécessairement une sorte d'urgence à s'informer et une certaine atmosphère lors de la lecture.
Je ne suis pas écologiste au sens où on l'entend politiquement, avec un militantisme revendicatif forcené. J'essaye de m'informe du mieux possible notamment sur l'agriculture, sur la biodiversité d'un point de vue scientifique et j'avoue ne jamais m'être posé de question sur le sujets des feux de forêts jusqu'à la connaissance des méga-feux.
J'ai donc lu cet ouvrage pour deux raisons. La première est parce qu'il provient d'une personne qui a beaucoup compté dans mes études en philosophie et la seconde est par rapport à mon implication politique.
J'avoue avoir été très intéressé par cet ouvrage.
Tout d'abord parce que le style de
Joëlle Zask s'y prête. le propos est clair, le style est simple, sans fioriture et concis. Il n'y a pas de prétention ni de volonté de gloser, simplement de partager et d'avertir non dans un catastrophisme effréné mais avec la patience de la démonstration philosophique et des connaissances scientifiques.
Il ne sert à rien de s'attarder sur l'émotion sinon pour comprendre les causes de cette émotion et notre rapport singulier au feu constructeur et destructeurs d'environnements, d'espaces et de sociétés. Rappeler que le feu nous a permis de bâtir nos techniques et nos civilisations n'est pas une mince affaire à une époque où l'ultra préservationnisme et l'interventionnisme exagéré laissent peu de place à la nuance quant à notre rapport avec le monde et la Nature.
Nous rappeler à l'humilité également en remarquant que la technologie ne nous permet pas de lutter contre les méga feux et préciser aussi que la course à la vente de cette technologie au motif qu'il s'agit d'une guerre contre le feu (dont on peut également interroger la pertinence puisque le feu est le seul élément qui place notre relation dans le champ lexical de la guerre.) ne sert à rien contre les méga feux et que bien souvent les éléments naturels résolvent la situation.
Mentionner l'information selon laquelle nous nous servons du feu depuis des millénaires et depuis homo erectus pour aménager l'espace et que bien souvent cet aménagement lorsqu'il est équilibré renforce le développement des espaces naturels. Mais pour cela il convient d'être à nouveau capable d'interactions sociales avec la Nature afin d'en comprendre la temporalité. Et de prendre en compte le fait que la Nature vierge n'existe pas, qu'elle est déjà sujette depuis longtemps à nos volontés d'aménagement et aux évolutions successives.
Réaffirmer le rôle du réchauffement climatique et du cercle vicieux généré par les Méga feux producteurs immenses de CO2 et destructeur d'espaces végétaux producteurs eux d'oxygène.
Interroger notre culture du feu ainsi et notre rapport à lui, nos sentiments à son égard, le traumatisme vécu quand il est hors de contrôle, et réintroduire le concept de paysage comme point d'ancrage de notre relation à notre environnement.
C'est un retour aux sources social, politique, et finalement le principe premier de l'écologie que souhaite nous communiquer
Joëlle Zask et ce à travers l'archétype du méga feu véritable révélateur des tensions qui se jouent entre nos sociétés et la Nature. Confirmer la nécessité d'un retour aux paysages et du coup à la paysannerie qui n'est pas seulement l'agriculture mais un mode de vie équilibré entre la vie social et la vie au sein d'espaces naturels. Car la vie sociale est aussi aux champs, elle l'a d'abord été.
Un livre indispensable pour tout citoyen et toute formation politique qui dépasse les idéologies en demeurant factuel et en essayant de répondre à des problématiques complexes mais nécessaires.