On suit dans ce petit livre les derniers instants de Kochuk, calligraphe doué et renommé. Alors qu'il est sur le point de mourir il se remémore ce qu'a été sa vie : son abandon par sa mère, sa quasi adoption par maître Soktam, calligraphe lui aussi, qui ne semble pas reconnaitre ses dons pour la calligraphie, sa fuite pour essayer de montrer son talent, jusqu'à ses derniers instants. Mais ce livre raconte surtout sa quête pour découvrir ce qu'est l'Art et la calligraphie et par là-même il réfléchit sur la façon dont il a mené sa vie.
C'est un roman très court (88 pages exactement), mais il se suffit à lui même. On n'a même pas l'impression qu'il est si court, tant on est plongé immédiatement au coeur d'un récit dense où tout ce qui est écrit a sa raison d'être, sans partir dans d'interminables digressions.
J'ai bien aimé cette plongée dans les souvenirs de Kochuk ainsi que le style d'écriture (même si en traduction c'est toujours différent du texte original...) : il y a des passages vraiment magnifiques.
Une belle découverte !
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Un roman très court et sympathique. le thème de la calligraphie en opposition/complément/soeur de la peinture touche moins un lecteur européen, mais le thème de l'art, de l'artiste examinant son oeuvre à la fin de sa vie, des relations maitre/disciple, tout cela est universel et fort bien rendu! Pour une première plongée dans la littérature coréenne, dont j'ignore tout, je suis ravie d'avoir choisi ce petit livre!
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A ce moment même où il se tenait devant cette peinture délabrée, cet oiseau avait commencé à prendre vie dans son imagination. L’espace d'un instant, il avait vu l'immense oiseau agitant ses ailes d'or, tournoyer dans le ciel d'azur profond de quatre-vingt-dix-mille li, fendant avec force la mer pour y saisir un dragon.
Quand son maitre, assis devant son bureau, avec un sourire imperceptible comme s'il sommeillait, était plongé dans un univers tranquille où son âme n'était plus que la lueur crépusculaire de sa gloire d'antan, ou bien qu'avec un regard brillant d'une lueur étrange il faisait danser son grand pinceau comme un typhon, ou encore quand il dessinait des iris ou caressait sa harpe komun'go dans l'ombre du rosier sauvage de l'arrière-cour, avec toute la noblesse d'un ermite, sa vie paraissait à Kojuk exemplaire et vénérable.
Calligraphier avec le mouvement de l'oiseau aux ailes d'or qui fend la mer d'azur pour soulever le dragon et la sûreté de l'éléphant qui embaume, ouvrant les eaux du fleuve qu'il traverse...
Ce qui le poussait dans la débauche et le gaspillage, c'était ce curieux cercle vicieux qui le menait de la prise de conscience au sentiment du vide. Le plaisir vulgaire entrainait l'impression de vide, puis ce vide provoquait une nouvelle recherche du plaisir.
La peinture est celle de l'âme. On peint son âme en empruntant l'objet. Il n'est pas nécessaire de s'attacher à la réalité formelle de cet objet.