Mémoires d'Outre-Haine

Je pensais naïvement que depuis plus d'un siècle, depuis le début de la Première Guerre Mondiale, les blancs avaient compris qu'être un nègre n'est ni une tare, ni une vertu et qu'ils avaient donc cessé de nous regarder comme les éternels attardés, voués à leur service toute la vie, sans aucun droit humain. Mon élection comme maire de Saint-Coulitz me révèle qu'il n'en est rien et que le" nèg-y-a-bon " de la publicité imprègne encore les cerveaux de certains petits et grands blancs français.
( p 59 )

Il est parfaitement scandaleux que des français ( Wauquiez, Zemmour, Le Pen et leurs affidés), pour parler des immigrés, chantent l'obsession de l'ultra-droite en utilisant des mots aussi définifs et outranciers que grand remplacement, peuplement, surpeuplement, invasion, occupation, colonisation ... etc, pour se faire applaudir par un public éclectique qui va du catho réac jusqu'à la famille bon chic bon genre en passant par l'ouvrier déboussolé ou le jeune nazillon de bonne famille.
Non les immigrés n'obéissent pas nécessairement aux même réflexes que ceux qui ont décidé et pratiqué la colonisation et l'exploitation de pays entiers. L'occupation, le peuplement ou l'exploitation des richesses des p.ays d'accueil n'ont jamais été l'objectif d'aucun immigré.
( p 217)

Et pourtant, les immigrés sont toujours là pour effectuer les travaux pénibles qu'aucun français ne veut plus faire : la cueillette des fruits dans la vallée du Rhône ou de la Loire, le nettoyage des villes au petit matin, les durs chantiers de travaux publics ou de du bâtiment sous la pluie ou sous la neige; la désormais sacro-sainte sécurité privée dans les lieux publics recevant du public etc...
(p 204)

Nul n'est propriétaire de la terre où le hasard l'a fait naître et où il vit, faute d'avoir vu d'autres terres... En Afrique, le voyage, le déplacement à la rencontre d'autres Hommes fait partie de l'éducation. Voici la dernière parole que m'a dite mon père au moment de le quitter et de monter dans l'avion pour Paris aux fins de mes études supérieures : "Va, mon fils ! Et plus tu rencontreras d'Hommes, plus tu seras humain."

L'Obamania ne surviendra qu'un quart de siècle plus tard ! Les Bretons de St Coulitz avaient pris une longueur d'avance sur les Américains. Et ils ne se sont pas privés pour le rappeler urbi et orbi lorsqu'advint l'élection du premier président d'origine africaine des États-Unis. "A nous autres ici, les Américains ne nous apprennent rien !" ont-ils entonné d'une seule voix.

Rien, ni la jeunesse ni l'âge ni le sexe ni l'origine ni la religion ni la maladie ni aucune condition sociale ne peuvent justifier de porter atteinte à la dignité d'un être humain. (p.240)

Au-delà des océans et par-dessus les montagnes, les races et les cultures, nonobstant les croyances et les coutumes, ce qui unit les hommes, ce sont les solidarités qu’ils sont capables de construire.

L'intégration vise à favoriser la vie en commun ; elle insiste sur l'équilibre des droits et des devoirs de chacun ; elle concerne aussi bien les immigrés que les citoyens d'origine, exclus ou en voie de l'être : les pauvres, les illettrés, les chômeurs de longue durée, les personnes handicapées ou âgées, dans la solitude... L'intégration est donc un devoir social, non seulement de l'Etat, mais aussi des associations, des familles et de tous les citoyens.

Ici en Bretagne, ni les gens ni la nature ne pardonnent la maladresse : pas plus l’imprudence ou la négligence et encore moins l’insolence ou la provocation. ici la nature est franche et les gens aussi, d’abord avec eux-mêmes et ensuite avec leurs semblables, y compris ceux venus de lointaine contrées. Il faut la mériter, la Bretagne!