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EAN : 9782368333204
256 pages
Locus Solus Editions (19/03/2021)
4/5   6 notes
Résumé :
L'ancien élu franco-togolais Kofi Yamgnane revient dans ce livre sur son « musée de horreurs » : ces lettres souvent d'insultes et menaces, anonymes ou non, reçues dès son élection dans un petit village breton. Toutes conservées, il ose aujourd?hui les publier au grand jour pour mieux alimenter sa réflexion sur l?intégration.
Kofi Yamgnane a été le secrétaire d?Etat chargé de ces questions complexes et peut, d?après son vécu, esquisser un bilan du racisme en ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
D'abord un chaleureux merci aux Editions Locus Solus et à Masse Critique Juin pour cette lecture vivifiante, remuante et ô combien nécessaire.

En tant que Belge, je connaissais Kofi Yamgnane suite à son mandat de sécrétaire d'Etat à l'intégration. Je dois bien avouer qu'au-delà de la sympathie naturelle qu'il dégage, je n'étais pas familier ni de son action ni de sa personnalité. Mon ressenti est qu'il a "fait le job", ni plus ni moins. J'ai aussi découvert qu'il avait été élu et réélu quelques fois, preuve que son action locale (pour le moins) a été appréciée. Ce n'est pas rien en politique.

Ici, Kofi Yamgnane nous livre son parcours. Il part de son élection dans un petit bled breton, jusqu'au présent, retraité mais très en verve, toujours. Il se transforme en griot pour nous conter, à la manière du Togolais qu'il est resté, cette incroyable histoire de haine. Je dis "incroyable", car personnellement il me semble inconcevable de haïr quelqu'un juste pour sa couleur de peau, son sexe, ses origines... Déjà, haïr quelqu'un m'est étranger. Mais quand on n'aime pas quelqu'un, c'est par ses actes qu'on le juge (si tant est qu'on puisse juger quelqu'un). Ce n'est pas sur un critère d'appartenance. Et pourtant Kofi Yamgnane nous montre, lettres à l'appui, que la haine (surtout celle qui reste anonyme) est une mode qui se porte plutôt bien au pays des Droits de l'Homme.

Le Griot Yamgnane endosse 3 profils: le témoin privilégié de cette haine quand il nous commente les lettres auxquelles il a été confronté, le moralisateur quand il nous dit ce que nous devrions faire et en quoi nous agissons mal, et le militant quand -malgré ses 76 ans ans- il relève la tête et lance ses idées, ses visions, ses projets. Autant le dire... je n'ai jamais aimé les moralisateurs, fussent-ils de cette gauche que j'aime. Par contre, le temoin Yamgnane et Kofi le militant m'ont scotché, m'ont fait vibrer.

Je m'attendais à un long déroulé des lettres de haine, ce livre n'est pas cela, il est mieux. Il est humain, rassembleur, compréhensif, intégrant, fraternel. Oui, Kofi Yamgnane n'aime pas les racistes, mais il souhaite leur parler. Et quand il le fait, le résultat est jouissif. Je pense à cette petite vieille de Saint-Coulitz qui lui a téléphoné pour l'insulter chaque jour à partir de son élection au poste de maire... Il a suffi qu'il se pointe chez elle pour qu'elle se dégonfle comme une baudruche. Car le sourire de Kofi Yamgnane, je ne l'ai pas oublié, je le trouvais communicatif et engageant.

Un tout grand big up à Locus Solus, une maison d'édition bretonnante, détonnante et détonante à tous les égards. Un sacré catalogue qu'ils ont. Ils nous livrent ici une identité bretonne à la sauce togolaise, mais leur catalogue révèle de sacrées perles... J'adore. Ils sont courageux, inventifs, engagés. Je leur souhaite longue vie.
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Mémoire D outre-haine ce sont celles d'un maire qui avait la seule particularité d'être noir et sans doute un pionner pour les français bas de plafond. Dans ce livre épais il nous raconte en 52 chapitres, qu'il appelle veillées, son arrivée en France, un peu de sa vie d'écolier Bassar au Togo, son ascension sociale - mal perçue aussi par certains de ces chefs ou collaborateurs et enfin le fait qu'il soit propulsé - il n'avait rien demandé - maire de sa commune d'adoption. Un petit village avec peu d'habitant mais tout de même. Maire ! il y en a à qui cela n'a pas plu. Et ce village breton s'est retrouvé à recevoir des courriers haineux, racistes, menaçants.... Un vrai musée des horreurs, tellement inimaginables ces phrases bien évidement anonymes. La cellule FN du Finistère n'était pas en reste non plus, juste moins ordurier.
Kofi Yamgnane en a souffert visiblement, même s'il a eu de nombreuses marques de sympathie et d'encouragement. J'ai commencé par lire ces lettres avant de me plonger dans l'histoire. Il m'aura fallu une bonne semaine pour terminer ce livre tant il est riche d'histoires, d'anecdotes, de faits. L'auteur fait de nombreux aller et retour dans l'histoire coloniale, parle immigration, assimilation, politique et racisme abject. Tout y passe dans ces pages
" Tout est dit...Ce qui n'est pas dit est dit aussi et.... "
On ne peut pas résumer ce livre, il faut le lire pour la richesse de ces pages. Une analyse précise de ce que fut notre pays et de ce qu'il est encore.
L'auteur, éphémère "Secrétaire d'état aux affaires sociales et à l'intégration"
pour un poste qui a été crée pour lui, mais vite disparu, avait gravi tous les échelons en politique. Je ne me rappelais que son mandat de maire à Saint-Coulitz tant il avait fait couler d'encre. C'était une première.
Kofi Yangnane n' a rien oublié. Il nous fait part de tout le sordide qui a accompagné ses mandats. Et nous parle du continent africain et de ses habitants, bien maltraités par des blancs qui se sentaient tout-puissants..
Un livre nécessaire, dont on sort légèrement écoeuré et assez admiratif du combat mené par cet homme. Riche d'enseignement aussi pour mieux comprendre la dérive des hommes et que le mot fraternité a peut-être un sens malgré tout. En tout cas dans un petit coin de Bretagne il y avait un village d'irréductibles bretons. Et ceux-là on ne peut que les aimer.

Merci à Masse critique et aux éditions Locus Solus pour cet envoi.
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Locus Solus via Masse critique (double merci) m'a mis dans les mains pile le bouquin dont j'étais curieuse après être tombée peu auparavant sur quelques minutes d'interview de Kofi Yamgnane invité à une émission radio.
Un éditeur bien de Bretagne pour des sujets bien plus généraux : le racisme, la politique, la colonisation, le rejet, etc., à travers le parcours hors norme d'un monsieur qui a suffisamment d'heures de vol pour les maitriser tous, bien que sa couleur de peau lui ait malheureusement accéléré très tôt l'apprentissage...
Un livre que j'ai mis plus de temps à lire que La Pensée blanche de Lilian Thuram, à cause de passages qui m'ont semblé enfoncer le clou, voire reprendre des termes et thématiques qu'on retrouverait aisément dans des professions de foi pré-électorales, déformation professionnelle oblige. Mais Kofi Yamgnan en a bavé de tous ces haineux lâches qui ont voulu le faire taire, et c'est assez logique de prendre son juste tour de parole, d'autant que Black lives matters, et pour cela Black speeches matter tambien.
Je ne suis pas sûre qu'ajouter des analyses personnelles ne soit pas contreproductif quand on voit la richesse des apports historiques, biographiques, factuels dont l'éloquence me semble la plus à même de combattre les idées, opinions et autres jugements racistes qui parasitent depuis tant de temps tant d'esprits blancs, avec lesquels il reste pourtant indispensable de discuter... mais comment ? Ce livre a ce mérite, discuter, informer, constater, remettre les pendules à l'heure.
J'ai toujours eu beaucoup d'admiration pour les David contre les Goliath. Indépendamment de la non-violence aussi sage qu'admirable qui irrigue les propos de Kofi Yamgnane, force est de constater que l'époque nous invite à ressortir, ne serait-ce que symboliquement, la fronde contre l'héritage empoisonné de ces siècles de colonisation des corps et des esprits : cet essai peut faire office de caillou bien poli.

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Kofi Yamgnane a découpé ses mémoires en 52 "veillées", mais il traite d'un seul thème : le racisme, dans une démonstration lucide et implacable. Il analyse le racisme systémique d'une partie de la société française à travers l'histoire des colonisations, puis des (prétendues) indépendances. Surtout, il apporte son témoignage, en tant qu'étudiant togolais fraîchement débarqué, en tant qu'amoureux d'une Bretonne, puis comme maire de son village finistérien. Les messages reçus à la mairie de St Coulitz illustrent chaque veillée de leurs flots de haine. Kofi Yamgnane, pourtant, garde foi en l'humanité et témoigne également de la confiance de ses administrés, ainsi que des lettres de soutien qu'il a reçues. Il termine avec un plaidoyer en faveur de la jeunesse française issue de l'immigration. Son projet de société est de ceux auxquels on a très envie d'adhérer.
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Récit de vie poignant d'élu de la République française. Les pensées, les réactions, les réflexions sur la France d'aujourd'hui nous montrent un aspect détestable de notre société : une partie de la population française demeure raciste même si l'école de la République a tenté de les éduquer, de développer leur sens critique ; ceci est un constat accablant que livre Monsieur Kofi Yamgnane à travers les nombreux courriers anonymes qu'il a reçus, les expériences vécues (propos et comportements indignes de personnes "éduquées et civilisées").
J'ai apprécié, dans ces veillées successives, le discours de paix et la recherche de la vérité ou tout au moins d'explications.
Le vivre ensemble demande toujours plus de pédagogie à l'échelle nationale pour espérer un réel apaisement dans l'esprit de chaque citoyen conséquent d'une meilleure connaissance des uns vis à vis des autres et inversement.
Quelques lueurs d'espoir subsistent malgré la mauvaise influence sur les citoyens de certains partis politiques, de certains médias, de certains intellectuels...
Merci pour ces témoignages sincères, courageux et suscitant des questionnements auprès de chaque citoyen.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Il est parfaitement scandaleux que des français ( Wauquiez, Zemmour, Le Pen et leurs affidés), pour parler des immigrés, chantent l'obsession de l'ultra-droite en utilisant des mots aussi définifs et outranciers que grand remplacement, peuplement, surpeuplement, invasion, occupation, colonisation ... etc, pour se faire applaudir par un public éclectique qui va du catho réac jusqu'à la famille bon chic bon genre en passant par l'ouvrier déboussolé ou le jeune nazillon de bonne famille.
Non les immigrés n'obéissent pas nécessairement aux même réflexes que ceux qui ont décidé et pratiqué la colonisation et l'exploitation de pays entiers. L'occupation, le peuplement ou l'exploitation des richesses des p.ays d'accueil n'ont jamais été l'objectif d'aucun immigré.
( p 217)
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Je pensais naïvement que depuis plus d'un siècle, depuis le début de la Première Guerre Mondiale, les blancs avaient compris qu'être un nègre n'est ni une tare, ni une vertu et qu'ils avaient donc cessé de nous regarder comme les éternels attardés, voués à leur service toute la vie, sans aucun droit humain. Mon élection comme maire de Saint-Coulitz me révèle qu'il n'en est rien et que le" nèg-y-a-bon " de la publicité imprègne encore les cerveaux de certains petits et grands blancs français.
( p 59 )
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Et pourtant, les immigrés sont toujours là pour effectuer les travaux pénibles qu'aucun français ne veut plus faire : la cueillette des fruits dans la vallée du Rhône ou de la Loire, le nettoyage des villes au petit matin, les durs chantiers de travaux publics ou de du bâtiment sous la pluie ou sous la neige; la désormais sacro-sainte sécurité privée dans les lieux publics recevant du public etc...
(p 204)
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Nul n'est propriétaire de la terre où le hasard l'a fait naître et où il vit, faute d'avoir vu d'autres terres... En Afrique, le voyage, le déplacement à la rencontre d'autres Hommes fait partie de l'éducation. Voici la dernière parole que m'a dite mon père au moment de le quitter et de monter dans l'avion pour Paris aux fins de mes études supérieures : "Va, mon fils ! Et plus tu rencontreras d'Hommes, plus tu seras humain."
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L'Obamania ne surviendra qu'un quart de siècle plus tard ! Les Bretons de St Coulitz avaient pris une longueur d'avance sur les Américains. Et ils ne se sont pas privés pour le rappeler urbi et orbi lorsqu'advint l'élection du premier président d'origine africaine des États-Unis. "A nous autres ici, les Américains ne nous apprennent rien !" ont-ils entonné d'une seule voix.
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Videos de Kofi Yamgnane (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kofi Yamgnane

Kofi Yamgnane, Dialogues littéraires
http://www.librairiedialogues.fr/livre/2357335-afrique-introuvable-democratie-kofi-yamgnane-edts-dialogues Kofi Yamgnane nous parle de son livre Afrique intr...
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