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Sur un sujet casse-gueule, un roman presque baroque d'une singulière beauté. Par la poésie des paysages et la description d'une nature vivante, l'auteur nous offre un univers extrêmement riche, qui fourmille de détails signifiants, le tout porté par une écriture éminemment poétique. Chapeau !
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C'est une histoire singulière que celle d'Annabel. Un bébé naît un jour de l'année 1968 dans le Labrador, ni fille ni garçon, ou plutôt, les deux à la fois. "En ajustant le lange, elle soulève tranquillement le petit testicule et constate que le bébé possède aussi des lèvres et un vagin." de son hermaphrodisme, l'enfant prénommé Wayne n'en saura rien jusqu'à l'adolescence. A la naissance, il a été opéré, on a choisi pour lui son sexe. Quotidiennement, il prend des médicaments qu'il ne sait pas être des hormones.



C'est un premier roman incroyable qui ne verse jamais ni dans le voyeurisme ni dans le mélo ou le pathos. Il est tout en subtilité, remarquablement écrit, dans un style assez classique, certes, mais qui n'est jamais insistant, qui ne cherche pas à démontrer, mais plutôt à suggérer. Les ellipses permettent de ne pas s'appesantir et invitent le lecteur à passer à autre chose ou à réfléchir quant aux conséquences de certaines paroles ou de certains actes.



" Chacun de nous est un serpent qui mue, dit-elle. Nous changeons sans cesse au cours de notre vie."



Les personnages ont une vraie consistance.

Le père, Treadway, qui pourrait être seulement présenté comme un homme bourru et fruste (en opposition à son fils-fille) cache en réalité une sensibilité dont on en devine les contours et qui se développe tout au long du roman pour éclater à la fin. C'est peut-être le personnage le plus authentique et le plus émouvant du roman, parce qu'il n'est pas figé.

La mère, Jacinta, pense, tout au long de l'enfance de Wayne, à cette fille qu'il aurait pu être… La complexité de ce personnage est parfaitement dépeinte.

Les personnages féminins qui entourent Wayne (Thomasina et Wally Michelin) et qui vont l'aider tout au long de sa vie ont aussi une personnalité bien affirmée et on va les suivre dans leur parcours de vie avec autant d'intérêt que le personnage principal.

L'auteur évoque tout en profondeur et en finesse ce que ressent Wayne dans son corps, dans son esprit, ses doutes, ses envies, ses craintes…



Et que dire aussi des magnifiques descriptions de la nature, des comportements nuancés des personnages, de la beauté d'être soi-même… Plus qu'un roman sur la différence, sur la tolérance, c'est un roman sur la difficulté d'être tout simplement.



Et, cerise sur le gâteau, la toute dernière phrase clôt le roman de manière sublime.


Lien : http://krolfranca.wordpress...
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J'étais terriblement méfiante. le consensus, le sujet casse-gueule, étaient autant d'éléments qui m'ont fait aborder "Annabel" avec un a priori.

Il a vite été balayé.

Je vous épargnerai le résumé d'une intrigue que vous pourrez trouver sans peine sur les multitudes de blogs qui ont, avant moi, évoqué le roman de Kathleen Winter.

Je viens de réaliser qu'elle porte bien son nom, la Kathleen.

Parce qu'Annabel, c'est une atmosphère qui tire ses caractéristiques d'un climat hivernal, celui du Labrador, terre d'isolement et de rudesse, de trappeurs laconiques et solitaires, de femmes indépendantes, habituées qu'elles sont à faire sans les hommes, qui pendant les périodes de chasse, s'absentent de longs mois durant.

Et parce que le grand talent de Kathleen Winter, c'est de savoir raconter, comme on peut le faire, l'hiver, au coin du feu, des histoires.

Elle a su déjouer tous les écueils auxquels se prêtait son sujet. Elle ne tombe ni dans le scientisme, ni dans un voyeurisme déplacé. C'est avec beaucoup de pudeur qu'elle aborde les problématiques que font nécessairement naître son histoire, sans que cela passe pour une démonstration : qui sommes-nous et qui pourrions-nous être ? Quel est l'élément qui détermine principalement la façon dont un être se construit : l'instinct naturel, l'environnement culturel, familial ? Dans quelle mesure la frontière dressée entre les genres impacte-t-elle la psychologie des individus ?

Mais ces questions se posent presque mine de rien, induites spontanément par l'intrigue, et c'est réellement l'aspect romanesque "d'Annabel" qui emporte le lecteur, l'attache d'emblée aux personnages, lui donne tout de suite envie de suivre leurs destins. Tout est question, finalement, de dosage : c'est rythmé sans être bâclé, émouvant sans être larmoyant, intelligent sans être pompeux...

Bref, une jolie réussite !
Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
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Rien à redire au sujet de ce magnifique roman, cette ode à la tolérance, ce manifeste de la différence. On naît tous différents, mais certains plus différents que d'autres... Qu'importe? Au fond on est aussi tous pareils : un coeur, deux poumons, l'envie de vivre et de s'épanouir.

Savoir s'il on est homme ou femme, c'est une de nos plus profondes certitudes, c'est ancré en nous. Je n'ose imaginer ce que je ressentirais si je découvrais que je n'étais ni l'un ni l'autre. Je comprends les parents qui veulent élever leur enfant hermaphrodite comme l'un ou l'autre sexe, et pas comme un mélange des deux comme la nature l'a décidé : ils ont sans doute pensé que c'était le mieux pour lui/elle. Mais la chirurgie et les traitements hormonaux ne peuvent pas complètement annihiler ce que dame nature a produit : il est normal qu'un jour l'autre sexe refasse surfasse... Pourquoi choisir à la place de l'enfant? Pourquoi avoir à choisir tout court? Pour pouvoir inscrire un F ou un M sur la carte d'identité?

Un très bon roman, donc, et très bien écrit, qui nous plonge véritablement dans les terres reculées du Labrador dans les années 70 et 80.
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L'histoire de Wayne/ Annabel apparaît telle une pièce de dentelle… rare, délicate et fragile. C'est un roman à part.
L'écriture de Kathleen Winter est sensible et poétique. le thème de l'hermaphrodisme est abordé avec beaucoup de pudeur et de tolérance Ce qui apparaît au début comme étant une anomalie sexuelle se transforme au fil des pages en une richesse humaine.
Le cadre de cette histoire n'est pas commun, la province du Labrador au Canada. La grandeur de la nature est omniprésente et nous sommes transportés dans un autre monde.
Les personnages sont bien campés et très attachants. Treadway et Jacinta les parents de Wayne, Thomasina l'amie de toujours, Wally, Steeve et les autres font de ce roman est un petit bijou !
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Wayne et Annabel sont une seule et même personne. Ni garçon. Ni fille. Les deux. le hasard aidé de son père, ont dirigé leur vers une identité masculine. Comment devenir soi-même lorsqu'on ne connait pas toute son histoire?

Dans les années 60, au Canada, dans la région du Labrador, que Jacinta donna naissance à son premier enfant. Une joie pour les nouveaux parents jusqu'à la découverte de la particularité. L'enfant est hermaphrodite. La mère rêve d'une petite fille qu'elle voit en regardant son enfant et Treadway y voit son héritier, donc un garçon. Uniquement Thomasina est au courant de ce secret. En grandissant, la part de féminité de Wayne va doucement se révéler confrontant la famille au poids du secret. Comment l'élever pour qu'il puisse vivre en harmonie avec lui-même sans risquer de se faire moquer par les autres?

Il peine à s'intégrer à l'école. Petit, il rêve de mettre des maillots de bain et faire de la danse synchronisée. Il aime partager ces rêves avec sa voisine, Wally Michelin, qui veut devenir chanteuse lyrique. Cela inquiète son père qui veut qu'il fasse des activités plus masculines entourées de garçons. La puberté va amener son lot de bouleversement et de révélations. le monde est-il toujours dans le jugement et est-il fermé à la différence? Pas forcément, il faut parfois faire les bonnes rencontres et être entouré de gens qui vous aime comme vous êtes.

Kathleen Winter dans son premier roman parle de la construction de l'identité de la différence. Un choix étonnant de sujet raconté avec une intensité surprenante dans un paysage sauvage et magnifique. La vie ne se résume à une question de chromosomes. Elle se vit et se ressent par rapport à la cruauté et à la méchanceté humaine présente chaque jour. C'est alors que l'auteur y met des personnages touchants comme Thomasina, une amie de la mère de Wayne qui lui envoie des cartes postales du monde entier des ponts qu'elle découvre et qui va l'aider à accepter sa double identité. de même pour se père qui a bien des difficultés avec les mots mais qui refuse que l'on puisse faire du mal à son fils. L'amour des proches même si jamais dit avec des mots mais se montre avec des attentions qui vous permettent d'avancer et de croire en vous. Et si votre différence n'est était pas un problème, mais juste un atout à être une personne entière.

Un roman saisissant qui m'a prise au coeur plus d'une fois. Annabel est une lecture unique qui va laisser une emprunte dans ma mémoire encore pendant longtemps. Alors si vous voulez vous surprendre et partir à la rencontre d'une famille aimante, allez saluer Wayne et Annabel. Attention, vous risquez de les aimer.

Lien : https://22h05ruedesdames.wor..
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En 1968, dans la région du Labrador, naît un bébé avec un pénis, un testicule et un vagin. Après mesure du pénis, le médecin décrète que le bébé est un peu plus garçon que fille : il sera opéré, nommé et élevé en conséquence. La fille qui est en lui est alors empêchée de s'exprimer par les canons de la société et les médicaments…
Wayne grandit, mais pas tout à fait comme les autres garçons : il est fasciné par la natation synchronisée et pas par le hockey, a une meilleure amie au lieu d'une bande de potes... Son père fait tout pour l'intéresser à des activités « masculines », mais est vite troublé face à la différence de son fils. Quant à sa mère, elle ne peut s'empêcher de penser à la fille qui faisait partie de son enfant...

J'ai été complètement happée par cette histoire d'identité et de famille. Ce roman traite de la différence avec beaucoup de sensibilité. Mais n'est pas que l'histoire de Wayne et ses efforts pour s'accepter ou se faire accepter. C'est aussi celle de ses parents, qui ont dû prendre une décision qu'ils ont peut-être regrettée. Car après tout, leur enfant était ce qu'il était : forcer son corps à être différent, n'est-ce pas cela qui est contre-nature ?

On parle de « nature » et ça n'est pas anodin, car l'auteure a installé son roman dans le Labrador sauvage, où les hommes sont trappeurs et la Nature est reine. Comme pour montrer que Mère Nature ne fait rien au hasard, que tout a une place dans le monde. Dans la nature, Wayne n'aurait jamais eu à choisir entre sa part masculine et sa part féminine ; qui donc s'en serait soucié ?
Mais dans le monde « civilisé », avoir une pomme d'Adam et des seins choque, perturbe. Au mieux un regard intrigué. Au pire la perte d'un travail ou une agression physique.

Kathleen Winter nous offre un regard sensible sur l'acceptation du mélange féminin/masculin. Quand on sait à quel point les emprunts intellectuels à ce qui est traditionnellement dévolu à l'autre sexe peuvent être difficiles à admettre (c'est l'enjeu du féminisme), on peut imaginer comme une personne ayant des traits physiques des deux sexes peut perturber. Je le sais bien, je suis la première à me triturer la tête quand je vois une personne androgyne - et pourtant, rationnellement, qu'est-ce qu'on en a à faire que la personne en face soit un homme ou une femme ? Qu'est-ce que ça peut bien changer ?

J'ai lu ce roman presque d'une traite. J'ai adoré sa poésie, son ton détaché et que Wayne ne soit pas seul au centre du roman, que d'autres personnes aient leur vie et leurs propres problèmes à surmonter.
La fin peut-être m'a un peu déçue. Que l'on en sache pas plus sur ce que devient la maman et qu'elle soit un peu trop rapide, par rapport au reste du roman.
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1968. Labrador. Naissance d'un humain intersexué. Il sera nommé Wayne par son père, Treadway, un trappeur qui trouve une solitude infinie et indescriptible dans ses escapades en forêt.
Cependant, secrètement, cet enfant sera baptisé Annabel par la voisine, Thomasina. Et la mère, Jacinta, se verra retirer la fille qu'elle voulait avoir...
Que fallait-il garder ? Laisser ? Choisir ? Fille ou garçon ? Ce sera à Wayne-Annabel d'en décider. Mais plus tard...

Ce livre m'a plongé dans un univers captivant, tant qu'en y sortant, je me sentais étranger à mon environnement extérieur. Il m'a dés les premières pages pris de court, et j'en garderai un mémorable souvenir.
Ce livre aborde le thème de l'hermaphrodisme, certes; mais aussi celui de la VIE : les joies, les peines, les idées, les pensées, la nature, les passions, les jeux, les interrogations, les déceptions, le temps, qui passe...
Ce livre n'a pas de sujet clairement défini, il dérive, il vogue, au gré des courants des mots...
Ce livre est empli d'une poésie rare, qui fait vibrer l'être entier, qui le désarçonne, le surprend, le comprend, lui apprend...
Ce livre est unique ; je promets de lui conserver à jamais une place dans mon simple Coeur.
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Je me demande pourquoi, avant chaque lecture d'un titre du catalogue Bourgois, je m'inquiète et je me demande si je vais vraiment aimer. Parce que franchement, à chaque fois, ça fait mouche. À chaque fois, le texte est beau et fort, à chaque fois la langue est superbe, à chaque fois je suis happée et j'ai du mal à en ressortir. Ici, en plus, c'est un thème souvent délicat : l'intersexualité. J'avais en mémoire le roman de Jeffrey Eugenides Middlesex que j'ai lu il y a quelques années et qui m'avait énormément touchée. Bon, je n'ai pas vraiment fait de billet, c'était à l'époque où je n'avais pas encore le blog et où je faisais des résumés par mail de mes lectures mensuelles (vous voyez, ceux qui se plaignent de ne pas avoir leur dose quotidienne (je vous adoooore) il n'y a pas si longtemps c'était une dose mensuelle!) mais je disais déjà que ça m'avait beaucoup plu.

Bon, pour de vrai, ça m'avait plus que plu, ça m'avait franchement bouleversée, et depuis j'ai lu ses autres romans. du coup quand j'ai pris Annabel, j'étais un peu inquiète du traitement que Kathleen Winter allait en faire. Bon, rassurez-vous avec moi, c'est un roman superbe, pour l'instant l'un des vrais beaux romans de mon été (et ça augure mal pour la rentrée littéraire, laissez-moi vous le dire). Les personnages sont superbes, le cadre imprévu (un village de trappeur au Labrador) et, du coup, les intrigues qui s'emmêlent sont assez imprévues et apportent un éclairage supplémentaire sur l'impossibilité des parents d'enfants hermaphrodites à en parler, encore aujourd'hui.

Un beau roman, quelques baffes dans la figure et un souvenir de lecture qui restera.
Lien : http://www.readingintherain...
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Wayne est né hermaphrodite. Il grandit au Labrador au Nord-Est du Canada, son père est trappeur. Ses parents choisissent de l'élever comme un garçon, mais Annabel, la fille qui sommeille en lui, va se réveiller un jour...
Un livre que j'ai lu avec délice tant l'écriture de l'auteur est belle. Kathleen décrit avec simplicité, sensibilité et poésie, l'enfance et l'adolescence de Wayne, mais aussi la vie parfois rude et sauvage que l'on mène au Labrador.
Un grand coup de coeur, comme je n'en avais pas eu depuis longtemps.
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