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Pour un rêve d'amour » n'est clairement pas le pire des Harlequin vintage à être passés entre mes mains depuis début Février. Pas de héros ultra toxique à déplorer. Presque pas de héros tout court, en fait, tant on voit peu celui-ci ! C'est un peu le souci de tout le bouquin : absolument rien n'y est développé. Il y avait pourtant de quoi faire, mais
Violet Winspear a survolé un par un les moindres aspects de son histoire. le thème de la musique ? Deux scènes de piano, quelques noms d'oeuvres jetés ici et là, et c'est tout. le décor portugais ? Hormis une poignée de lieux bien spécifiques décrits exclusivement pour contextualiser les actions des personnages, on n'en voit pour ainsi dire rien. Les personnages en question ? Aussi profonds qu'un verre d'eau, même si Gisela et Dacio se révèlent attachants à leur manière. En parlant de Dacio, alors qu'il ne l'intéresse à aucun moment, il y a bien plus d'alchimie et de complicité entre Rosary et lui qu'avec Dom Duarte.
On n'a pas franchement l'impression de lire une romance. On nous parle de l'éducation de Gisela, de féminisme (pour l'époque, hein...), du côté ultra-conservateur des portugais (avec un tel souci de répétition que l'on se demande si l'autrice n'exagère pas, même pour un livre écrit au début des années 70), du précédent mariage du maître des lieux... Mais à aucun moment, dans le peu d'interactions entre le patron et son employée, on ne ressent la moindre étincelle. Il faut attendre un bon moment pour que celle-ci ne commence à s'enticher de lui, et l'affaire en reste au stade de béguin à sens unique jusqu'à... l'avant-dernière page. Non, vraiment, ça sort complètement de nulle part.
Et à côté de ça, il ne se passe... pas grand-chose. le fait que Rosary aille nager de nuit avec Dacio en tout bien tout honneur cause plus de remous que l'accident de voiture de Dom Duarte, qui n'a pour ainsi dire aucune conséquence sur l'intrigue.
Néanmoins, ça se lit, principalement parce que c'est fluide. C'est à dire que
Violet Winspear parvient à conserver notre attention avec du rien-du-tout, grâce aux interactions entre les personnages d'une part, et aux nombreuses sous-intrigues secondaires, aussi superficielles soient-elles. Sans parler du plot twist final, que l'on devine certes (quelle autre fin pouvait-il y avoir ?), mais rudement bien amené. Tout ça, c'est ce qui fait la différence entre un bouquin riche mais ennuyeux, et un bouquin creux mais accrocheur. Vous l'aurez compris, «
Pour un rêve d'amour » tombe complètement dans cette seconde catégorie. de là à le recommander chaudement, quand même pas, mais le déconseiller, non plus.