La Petite Collection des Editions du Sonneur a
été créée pour que puissent exister des textes trop courts pour être publiés dans un grand format, mais trop grands pour ne pas être édités, nous prévient l'éditeur. Car effectivement il s'agit non pas d'un « livre » (une trentaine de pages) mais d'un article paru en 1903 dans la North American Review pour la première fois et aujourd'hui exhumé de l'oubli.
Edith Wharton (1862-1938) vient de la haute bourgeoisie New Yorkaise,
voyage en Franceet en Angleterre où elle rencontre
Gide,
Cocteau,
Henry James et d'autres artistes. En 1920 elle est la première femme à obtenir le prix Pulitzer avec
le Temps de l'Innocence. Son oeuvre s'étale sur une quarantaine de
romans, des poèmes, des critiques et des ouvrages sur la décoration des jardins.
En c
e temps de rentrée littéraire, selon la formule consacrée à l'avalanche de livres qui déboulent sur les étals des librairies, la lecture de ce Vice de la lecture ne pouvait pas mieux tomber. Il s'agit donc comme je l'ai dit, d'un article critique consacré à la lecture et surtout aux lecteurs.
Edith Wharton estime qu'il y a deux sortes de lecteurs, le « lecteur mécanique » et le « lecteur né ». le premier lit ce que nous nommerions aujourd'hui les best-sellers, les livres dont on parle, bref les livres qu'il faut avoir lus pour ensuite pouvoir en parler en soci
été, alors que le second serait un vrai lecteur, réellement intéressé par l
e texte et seul à même de le comprendre. de cette catégorisation il en découle selon elle, que le « lecteur mécanique » est une des causes de la mauvaise littérature, puisque c'est lui qui lit les écrivains médiocres ; les lire c'est les faire vivre, les faire vivre c'est les pousser à « commettre » de nouveaux livres de piètre qualité que le « lecteur mécanique » s'empressera de lire, etc. la boucle est bouclée.
On voit que l'auteur a une vision assez élitiste de la lecture et qu'elle ne manque pas de l'écrire « Lire n'est pas une vertu, mais bien lire est un art que seul le lecteur-né peut acquérir ». Un texte qui fait grincer des dents, qui peut lancer un débat mais qui ne s'engage pas sur de bonnes voies.